Burundi news, le 25/10/2008

La Question des 22 Parlementaires : une Question de Principe…

Par The Leadership Institute

L'heure est venue d'un partenariat stratégique entre les deux institutions (ndlr : UIP et Nations Unies). Nous appelons de nos vœux une interaction et une coordination plus fortes avec les Nations Unies et engageons l'Organisation mondiale à recourir plus fréquemment à l'expertise politique et technique que l'UIP peut dispenser avec ses parlements membres, notamment dans les domaines ayant trait au renforcement des institutions après conflit.
Déclaration de la Deuxième Conférence mondiale des Présidents de Parlement

L’exclusion illégale des 22 parlementaires de l’Assemblée Nationale vient encore une fois de faire l’actualité avec la résolution de l’Union Interparlementaire du 15 octobre 2008. L’UIP vient de prendre position sur ce que tout le monde savait depuis belle lurette :

1.     La Loi Fondamentale a été VIOLEE dans l’exclusion des 22 parlementaires.

2.     La Justice Burundaise a démontré son manque d’indépendance vis-à-vis de l’Exécutif et du Parti CNDD FDD dans la manière dont ce dossier a été traité.

3.     L’exclusion des 22 parlementaires est POLITIQUE puisque les raisons invoquées lors de leur exclusion ne visaient que les 22 parlementaires dissidents du CNDD FDD et non ceux du FRODEBU exclus de leur Parti.

4.     Les persécutions judiciaires dont font l’objet l’Honorable Hussein RADJABU et la plupart des autres parlementaires exclus sont tout aussi POLITIQUES.

Plus grave encore, la position officielle et avisée de l’UIP vient de donner toute sa dimension à l’état actuel de nos institutions : l’Assemblée Nationale qui siège aujourd’hui au Burundi et qui vote les lois est ILLEGALE ET ILLEGITIME. Le CNDD FDD, qui est en réalité l’artisan de cette exclusion, a fait un COUP DE FORCE contre une institution républicaine qui est le fondement même de notre DEMOCRATIE.

Ce COUP  DE FORCE porte un coup sérieux et mine les efforts de la classe politique burundaise, de la communauté internationale et du peuple burundais dans la consolidation d’un système politique démocratique et légitime. Si l’on reconnait que la légitimité vient du PEUPLE, on doit donner toute sa valeur aux ELUS DU PEUPLE, sinon ADIEU la démocratie.

Même dans les démocraties occidentales les plus anciennes, des partis d’extrême droite siègent au Parlement en toute légitimité. On a vu en France la classe politique de gauche et droite se coaliser pour barrer la route à Le Pen mais on ne les a pas vus VIOLER la Loi pour défendre leurs principes. On ne peut vouloir une chose et son contraire : la Démocratie et l’Anarchie.

Quelle logique que de prétendre que le Parlement fonctionne maintenant car les lois sont votées. La question n’est pas de faire voter les lois par des intrus mais par des ELUS DU PEUPLE ayant un mandat populaire légal et légitime.  C’est cela que le CNDD FDD doit comprendre : sa légitimité au pouvoir au Burundi tient de ces mêmes principes qu’il se permet de violer aujourd’hui.

Par ailleurs, le CNDD FDD est responsable du blocage de l’Assemblée Nationale. La dislocation de ce parti en deux ailes est la conséquence, encore une fois malheureusement d’un acte illégal, en l’occurrence le Congres de Ngozi du CNDD FDD, et le CNDD FDD devait en assumer les frais et prendre toutes les dispositions pour se forger une autre majorité parlementaire au lieu de continuer a enfreindre la Loi, cette fois-ci non pas la Loi sur les Partis Politiques mais la Constitution.

On peut se poser la question de savoir si les propos de l’Honorable Jérémie NGENDAKUMANA engagent l’Assemblée Nationale ou engagent uniquement le CNDD FDD. Dans tous les cas, ils confirment que c’est bel et bien le CNDD FDD qui DICTE ses positions au Président de l’Assemblée Nationale et a la Justice burundaise. Pour ceux qui rêvent d’un Etat de Droit, il faut déchanter. L’arrogance du CNDD FDD va couler ce pays et les leaders de ce parti porteront la responsabilité des souffrances du Peuple Burundais. Pour la petite histoire, l’Honorable Jérémie NGENDAKUMANA serait surpris d’apprendre que même la Libye dont il a parlé dans sa conférence de presse est bel et bien membre affilié de l’UIP, c’est de toutes les façons ce qui figure sur le site web de cette institution.

Les propos de l’Honorable NGENDAKUMANA, Président du CNDD FDD, constituent un véritable affront pour les 154 institutions membres de l’UIP, les 8 membres associés (dont le Parlement Européen et l’Assemblée Législative Est Africaine) et tous les démocrates du monde entier. Cet affront est encore plus grave quand on se demande s’il engage le Parlement dans son ensemble ou constitue uniquement la position du CNDD FDD. Le CNDD FDD n’est pas l’Assemblée Nationale ni le Sénat, car ce sont ces institutions qui sont membres de l’UIP, et non les partis politiques. C’est cela qu’il faut éclaircir : est-ce que le Burundi a des institutions démocratiques et des lois qui fonctionnent ou est-ce que le CNDD FDD  est devenu l’ALPHA et l’OMEGA de tout le système politique burundais. C’est cela la dérive dictatoriale et totalitaire dont nous avons toujours mis en garde l’opinion nationale et internationale dans nos analyses.  

Face à cette dérive totalitaire et cette arrogance du CNDD FDD, le Leadership Institute voudrait poser les questions suivantes :

1.     Quelles sont les positions officielles des partis CNDD, MRC, UPRONA et le FRODEBU suite à la résolution de l’UIP ? Peuvent-ils encore se targuer d’être des démocrates quand ils siègent dans un Parlement Illégal et Illégitime et votent des lois en compagnie de 22 INTRUS qui ne sont pas des membres LEGITIMES de l’Assemblée Nationale ? C’est une question de principe et on demande aux dirigeants de ces partis d’être conséquents avec leurs déclarations et positions respectives. Leur responsabilité politique est engagée s’ils continuent à siéger dans ce Parlement ! L’histoire les attend et les jugera.

 

2.     Quelle sera la portée des lois votées par un tel Parlement et quelle sera la valeur des ratifications des conventions internationales votées par un Parlement ILLEGITIME ?

 

3.     Quelle est la valeur de la DEMOCRATIE burundaise quand les institutions républicaines n’ont aucune crédibilité dans la défense de la Loi Fondamentale mais obéissent plutôt aux impératifs politiques d’un seul parti politique : le CNDD FDD ? Où est la différence avec l’époque révolue de Parti Unique - Parti Etat ?

 

4.     Quelle sera la position du Conseil de Sécurité des Nations Unies, du Parlement Européen, de l’Assemblée Législative Est Africaine ? Peuvent-ils passer outre la position neutre, démocratique et unanime de l’UIP et garder le Parlement Burundais comme partenaire ?

 

5.     Quelles seront les conséquences du point de vue de la coopération internationale avec le Burundi ? Les instances internationales et les Etats qui constituent la communauté des bailleurs peuvent-ils passer outre cette résolution de l’UIP, au risque de rendre caduques les efforts de cette illustre institution dans le renforcement des démocraties et des droits de l’homme des parlementaires dans les pays en situation post conflit ?

 

6.     Comment éviter que l’anarchie s’installe au Burundi, comment éviter que demain, même d’autres institutions républicaines soient remises en question (y compris celle du Président de la République) au nom d’autres principes aussi contestables et qui ne s’appuient en rien sur la souveraineté populaire ?

 

Pour conclure, disons ceci :

1.     La résolution de l’UIP constitue un éveil de la conscience démocratique de tout un chacun et soulève une question de principe autour de laquelle il ne devrait pas y avoir de compromissions. Le CNDD FDD a le droit de prendre ce principe à la légère mais ce sera à ses risques et périls. Cependant, le CNDD FDD ne devrait pas engager les autres partenaires politiques ou la société civile dans cette voie, encore moins la communauté internationale. Chacun portera sa propre responsabilité à entériner ou non l’anarchie, la dictature et l’ordre anti-démocratique.

2.     Les Partis Politiques qui siègent au Parlement (le FRODEBU, l’UPRONA, le MRC, le CNDD) doivent prendre leurs responsabilités et sauver la LEGITIMITE, LA DEMOCRATIE, L’HONNEUR DE L’ASSEMBLEE NATIONALE BURUNDAISE ET CELUI DE TOUS LES BURUNDAIS DEMOCRATES en refusant de siéger dans ce que l’on peut appeler aujourd’hui PARODIES DE SESSION PARLEMENTAIRE.

3.     La Communauté Internationale doit aussi se rendre compte que TROP C’EST TROP… : le CNDD FDD n’aura plus sa LEGITIMITE aussi longtemps que les principes démocratiques les plus élémentaires ne seront pas respectes, aussi longtemps que la souveraineté populaire sera remise en question et aussi longtemps que les institutions démocratiques seront à la solde d’un parti politique. Le Burundi dépend de l’aide internationale et cela constitue une arme qui devrait être utilisé pour défendre les droits de l’homme, la démocratie et l’Etat de Droit. Le Peuple burundais demande aux peuples amis de faire pression sur leurs Etats pour ne pas continuer a soutenir politiquement, économiquement un pouvoir qui fait fi de la volonté populaire, viole la Constitution et se met en marge de l’ordre démocratique international.