Burundi news, le 30/06/2010

 

Que nous veut la « communauté internationale » ?

 

par BIRIHANYUMA Grégoire

 

Selon l'Agence Bujumbura news, le 2ème scrutin, celui de l'élection présidentielle, ou plutôt le référendum qui ne disait pas son nom, a été marqué par un taux de participation de 32% dont seulement 13% ont voté pour le candidat unique. Surprenant que celui-ci n'ait pas obtenu 100% des suffrages exprimés, en dépit du battage médiatique  intempestif de la CENI et du parti présidentiel!

 

Les Burundais de l'étranger qui avaient été, illégalement, privés par la CENI du droit de vote lors du  scrutin du 24/05/2010, ont été associés pour participer au plébiscite présidentiel du 28/06/2010,  avec un taux de participation plutôt faible. Le cas le plus éloquent, car emblématique, est celui de Bruxelles où, semble-t-il, moins d'un tiers des inscrits se sont rendus aux urnes. Le peuple burundais vient de donner une leçon à la CENI et au pouvoir en place. Il a écouté les leaders de l'ADC, même si la  MOE UE s'en émeut, à tort. Le peuple est souverain et n'est plus dupe!

 

Les diverses Missions internationales d'observation électorale qui, hypocritement, accordent leur satisfecit à la CENI (qui n'a pas encore prouvé son indépendance) et au gouvernement feignent d'ignorer que les procès verbaux susceptibles de prouver la crédibilité des résultats du scrutin du 24/05/2010 sont toujours introuvables, « jalousement » cachés par la CENI, de peur qu'ils ne mettent  au grand jour l'ampleur des fraudes!

 

Pourtant, même Madame Renate WEBER, Chef de délégation de la MOE UE, a avoué ne pas comprendre pourquoi Monsieur Pierre-Claver NDAYICARIYE n'a toujours pas fait afficher les précieux documents pour dissiper les graves accusations de fraudes massives qui sont à l'origine du boycott, par l'opposition, du plébiscite anticonstitutionnel du 28/06/2010.

 

Pour des raisons que nous découvrirons un jour, la « communauté internationale » a cautionné les fraudes électorales du 24/05/2010, portant ainsi un coup de poignard dans le dos du peuple burundais.  Mais le peuple burundais a déjà démontré qu'il est jaloux de son identité: en 1961, il s'est rangé derrière le Prince RWAGASORE pour demander et obtenir sa souveraineté nationale.

 

En 1993, le même peuple burundais s'est massivement mobilisé pour refuser le putsch du 21/10/1993. Aujourd'hui le peuple est en train de s'organiser  pour refuser de se faire spolier les acquis démocratiques de 1993.

 

D'où le camouflet cinglant du 28/06/2010. Le peuple, dans sa souveraineté, refuse un régime qu'il n'a que trop longtemps enduré pendant 5 ans de violations massives des droits de l'homme au cours desquels la démocratie a énormément reculé. Les exemples abondent.

 

Il est symptomatique que le candidat unique au plébiscite du 28/06/2010 n'ait même pas réussi à obtenir 100% des suffrages de ses propres sympathisants. Sa prétendue popularité a fondu comme peau de chagrin! Malgré ce cinglant désaveu, la CENI et le CNDD-FDD poussent à la roue pour que le processus électoral se poursuive, comme si de rien n'était. Contre l'avis du peuple privé, injustement, d'entendre les voix de tous les leaders politiques sans exclusive. Contre l'avis de plusieurs burundais sages et réfléchis. Pourquoi un tel entêtement ?

 

Si la « communauté internationale » a la même conception de la démocratie que nous démocrates burundais, elle doit se ressaisir, et se résoudre à  ramener le pouvoir NKURUNZIZA à la raison et au dialogue avec l'ADC-IKIBIRI, sous la supervision du peuple, au lieu de  considérer l'opposition comme quantité négligeable. C'est en effet le peuple souverain qui est détenteur et source de tout pouvoir légitime, du moins en démocratie. Ce n'est pas Madame Rénate WEBER qui me contredira! L'Union Européenne a une énorme responsabilité dans la crise burundaise actuelle: elle a les moyens de la dénouer. Et le peuple burundais ne se laissera pas voler son droit à se désigner lui-même, souverainement, ses dirigeants selon les mêmes standards qu'en Union Européenne!

 

Propositions de sortie de l'impasse: 2 solutions aussi simples qu'efficaces.

 

·      LIRE ET RESPECTER rigoureusement la constitution burundaise en vigueur, le code électoral et  la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme,  depuis le début de ce processus électoral de 2010. En effet, jusqu'à la preuve du contraire, aucun des 3 textes  n'a été respecté rigoureusement à ce jour, comme cela se fait en Union Européenne, par exemple. Le peuple burundais n'a pas à se contenter d'une démocratie au rabais pour satisfaire je ne sais quels intérêts particuliers au détriment de tout un peuple.

 

·       INSTAURER, en urgence et au nom du peuple souverain, un conseil de médiation (des vrais bashingantahe) à dominante féminine pour arbitrer un débat contradictoire entre le CNDD-FDD et l'ADC-IKIBIRI de manière à ce que toutes les  question de chaque camp soient débattues calmement et démocratiquement. Cette médiation déboucherait, forcément, sur l'organisation de nouvelles élections plus crédibles, transparentes, honnêtes, apaisées. D'autant plus que le CNDD-FDD affirme être sûr d'amplifier encore plus sa prétendue victoire du 24/05/2010. S'il en est si convaincu, pourquoi refuse-t-il le débat, sous prétexte qu'il ne voit pas sur quoi ? Serait-il frappé de cécité ou de surdité soudaines au point de ne pas sentir les inquiétudes, y compris dans ses rangs ? Si une seule composante de la société burundaise n'est pas en paix, aucune autre ne peut l'être, du moins pas pour longtemps!

 

Ceux qui ont cru intelligent de décapiter les institutions démocratiquement établies par le peuple souverain en 1993 ont échoué. Ils ont fini par passer à la case « Table des négociations », après la mort de centaines de milliers d'innocents!

 

Ceux qui tentent, aujourd'hui, d'assassiner la démocratie burundaise en fraudant ou en cautionnant les résultats des scrutins du 24/05/2010, ceux du 28/06/2010 et tous ceux  à venir échoueront tout autant, car le peuple burundais a déjà goûté aux délicieux fruits de la démocratie depuis le 01/06/1993. 

 

La preuve ? Les intimidations, les assassinats et arrestations des opposants ne découragent pas les démocrates burundais. Ils savent qu'ils sont leurs propres libérateurs. En restant unis derrière et autour des leaders de  l'ADC-IKIBIRI, ils savent que leur victoire est au bout de la résistance pacifique, malgré les tribulations actuelles. Les forces de sécurité et de défense, ainsi que les militants du CNDD-FDD doivent prendre  la mesure des enjeux pour se rappeler qu'elles font partie du peuple, se joindre au mouvement  pour défendre et protéger les acquis démocratiques conquis de haute lutte!

 

« Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression.... » (Préambule à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme proclamée le 10 décembre 1948)

 

Le débat contradictoire radiotélévisé  bien organisé et bien mené (sur tous les litiges électoraux issus du scrutin du 24/05/2010) devrait pouvoir désamorcer la tension actuelle. Faire l'économie d'un tel débat pourrait constituer un risque majeur aux  conséquences  incalculables.