QUI EST ENCORE DERRIERE LE PRESIDENT NKURUNZIZA?

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 23/04/2009

La question mérite une réponse. Le Burundi connaît actuellement une situation inédite. Elle pourrait ressembler aux années 1973, 1974 du temps de Micombero. Des ressemblances existent aussi entre l'ancien Président Micombero et le Président Nkurunziza. La passion pour le football est le grand point commun comme la prière, la haine des dossiers, l'entourage menteur et intéressé.

Un Président qui exaspère son entourage

Le Président Nkurunziza n'a pas le temps pour les bureaux. Comme nous l'avons déjà critiqué, planter les avocats ou prier pendant les journées de travail ne sont pas les priorités pour les Burundais. Ce manque de temps pour étudier les dossiers a des conséquences graves pour le pays. Ce qu'il ne fait pas, d'autres le font sans son aval. Certains dossiers sont traités par des proches qui ont envie d'en découdre avec des personnes qui les bloquent. C'est ainsi que des limogeages s'observent ici et là pour satisfaire des appétits des uns et des autres sans que le Président ne sache pas réellement les enjeux des dossiers sur lesquels il appose sa signature.

Un conseiller à la Présidence, sous couvert par l'anonymat, a confié à Burundi News que des dossiers de nominations restent dans les tiroirs du directeur de cabinet du Président de la République sans que le Président soient au courant. Des dossiers lui sont remis pour signature en fonction de la volonté du groupe concurrent à celui du Président. Drôle de Président qui peut s'entourer des personnes qui le combattent. Tant qu'il aura l'argent, le pouvoir n'aura que le but de le protéger.

Porté surtout sur des avantages matériels, financiers, les détournements, ce Président a abandonné la direction des affaires du pays en les laissant aux conseillers et autres hommes forts du pouvoir. Les proches du Président de la République commencent à sortir de leur silence pour dire du mal de ce Président. Ils se sentent vulnérables par manque de protection. Les alliances étonnent surtout quand il y a de l'argent en l'air. Les plus intègres se rendent compte qu'ils se sont trompé de chemin, que l'homme était l'homme qu'il ne fallait pas.

Plusieurs cadres du CNDD-FDD affirment ouvertement que le Président Nkurunziza les déshonorent par rapport à la gestion du pays. Ils sont plus critiques que les opposants.

Eviter la victoire aux élections présidentielles de Nkurunziza et gagner les législatives

Des discussions sont bien nourries au CNDD-FDD. Certains cadres aimeraient torpiller les élections de Nkurunziza en tant que candidat présidentiel pour éviter qu'il préside aux destinées du pays pendant un autre mandat. Ils pensent que le parti libéré de son joug sera fort et pourra se démocratiser avec un petit détour dans l'opposition. Ce sont les plus malins qui survivront. Ils estiment que la tutelle des généraux prendra sa fin pour laisser libres les militants jouer leurs rôles.

Actuellement, la vraie question qui se pose est de savoir qui est encore derrière le Président Nkurunziza. Même les plus proches prennent des distances. Il ne fait plus confiance en personne lorsqu'il s'agit de récolter l'argent pour lui. Ils ont compris le système, celui qui récolte remet au plus 70 % et garde 30 % car il sait que cet argent provient de la corruption. Les militants qui ont tout compris refusent de cotiser pour le parti CNDD-FDD. Seuls les nommés par décret sont obligés de cotiser pour ne pas risquer leurs places.

Les patriotes du CNDD-FDD devraient comprendre que ce Président est un vrai problème pour le peuple burundais. En tant que patriotes, qu'ils présentent un autre candidat ou qu'ils refusent de faire sa campagne pour rejoindre une alliance pour le salut national, sans carte blanche.