QUI VA PAYER LE BUDGET DU BURUNDI?

Burundi news, le 27/11/2010

Par Gratien Rukindikiza

Un pouvoir  qui ne peut pas émettre sa monnaie voit son pouvoir réduit. Un pouvoir qui n'est pas capable de financer son budget est un pouvoir qui hypothèque l'avenir de ses enfants. L'économie mondiale est en train de changer le cours de l'histoire. Le monde occidental ne parle plus de croissance mais des mesures pour limiter la récession. Le chômage augmente en Europe et en Amérique, la Chine manque de main d'oeuvre. Le trésor américain survit grâce aux achats de bons de trésor par les Chinois. La croissance dépasse 10 % dans plusieurs pays anciennement nommés du Tiers monde. La Chine, l'Inde et  le Brésil sont devenus les futurs géants. Cependant, ces pays ne financent pas les budgets des pays africains. Si la Chine aide certains pays africains, il est fort à parier que ces Etats n'ont pas encore fait une analyse des contreparties.

Un budget financé à plus de 60 %

Le Burundi est considéré par les institutions monétaires internationales comme n'étant pas solvable pour se présenter sur le marché de prêts bancaires internationaux. Il est obligé d'attendre les aides. Si le Burundi devait se présenter pour un prêt d'un fond quelconque, le taux d'intérêt serait tel que les intérêts  représenteraient deux ou trois fois la capital. Un pays classé 9 è au championnat de la corruption, presque la même place au niveau de la pauvreté, se permet de construire un budget dont plus de 60 % doit venir des aides a peu de chances de se développer.

Si pour une raison ou une autre, cette fameuse communauté internationale refusait de financer le budget de fonctionnement, une école primaire sur deux devrait fermer, des casernes de l'armée et de la police devraient labourer la terre pour manger, les ministères se réduiraient à 50 %. Pourtant, cette éventualité n'est pas dans les plans B du pouvoir.

L'Europe au bord des crises budgétaires, quel impact sur le Burundi?

La Grèce, un pays européen, a évité de justesse une faillite. Un Etat européen en situation d'insolvabilité, inimaginable depuis 1945. Pourtant, la Grèce a été sauvée par l'Union européenne. Ce pays s'est retrouvé dans une situation comme le Burundi, une corruption hors du commun, un manque d'un sens de responsabilité nationale, des tricheries au niveau du budget etc... La situation de la Grèce était le point de départ. Les pays du Sud de l'Europe se sont révélés plus fragiles que les autres européens ne le pensaient. L'Irlande, l'Espagne, le Portugal n'arrivent pas à trouver l'argent frais sur le marché mondial. Ceux qui acceptent de prêter imposent un taux d'intérêt trois fois plus que celui que mon banquier m'impose. Un citoyen est devenu plus solvable que les Etats, du jamais vu.

L'Union européenne peine à trouver des fonds pour éviter la faillite de ces Etats. Les autres Etats de l'Euro empruntent pour prêter aux pays du Sud européen.

Cette situation délicate des Européens devrait pousser les Burundais et les Africains à réfléchir. Est-ce que l'Espagne ou l'Irlande va financer la fonction publique burundaise au moment où ce pays est obligé de réduire sa fonction publique par manque d'argent? Qui peut aller nourrir les enfants des autres alors que les siens ont faim!

Les dirigeants burundais sont obligés à faire des séminaires de réflexion sur des questions cruciales de ce budget à la place des séminaires de prière pour implorer Dieu à guérir un chef malade.

Les conditions pour avoir les financements

Plusieurs pays occidentaux commencent à poser des conditions de négociation avec l'opposition avant le déblocage des fonds. D'autres pays conditionnent leurs aides aux mesures de lutte contre la corruption. Or, demander à un pouvoir bâti sur la corruption de lutter contre la corruption est une mission impossible.

La Banque mondiale a demandé aux Burundais d'harmoniser les salaires. Le problème qui se pose est savoir si le Burundi est capable d'harmoniser avec les salaires des magistrats ou les salaires des autres fonctionnaires. Si le Burundi harmonise avec les salaires des magistrats, le budget pourra doubler. Or, le budget actuel n'est même pas financé par des ressources internes. Harmoniser vers le bas serait un suicide du pouvoir. Les magistrats, les militaires et les policiers renverseraient le pouvoir.

Les salaires des fonctionnaires burundais, magistrats, policiers et militaires y compris relèvent de l'irresponsabilité politique. Les magistrats et les policiers ont été chouchoutés par le pouvoir afin de participer à la répression du petit peuple et de l'opposition. Les militaires en ont profité car le pouvoir avait besoin de sa complicité et de son silence.

Quand un général se prépare à devenir Président en tablant sur la disparition d'un Président!

A suivre