Burundi news, le 02/07/2010

Tribune libre:

Qui peut démontrer la « victoire du  CNDD-FDD au scrutin du 24/05/2010 » ?

 

Par BIRIHANYUMA Grégoire

 

Une certaine opinion tant nationale qu'internationale (sans oser le dire publiquement) met en cause la véracité invraisemblable de la victoire supposée du CNDD-FDD lors du scrutin qui ouvrait le bal de ce qui aurait dû constituer les  festivités électorales au Burundi en 2010.

 

D'un côté, la CENI a brandi (et persiste à vouloir encore brandir) des résultats chiffrés « fantaisistes » prétendument issus du dit scrutin, mais n'a toujours pas rendu publics les procès verbaux des 6961 bureaux de vote, de manière à dissiper tout soupçon de fraude. Puisqu'elle a refusé de les afficher, à chaud, c'est forcément qu'elle a délibérément enfreint le code électoral, et que, partant, elle a perdu toute crédibilité. Le spectacle auquel elle persiste à se prêter constitue une honte face aux nations qui avaient admiré l'exemple démocratique burundais initié en 1993, grâce à feu le Président NDADAYE qui avait élevé Monsieur  NDAYICARIYE au rang d'Ambassadeur!

 

Imaginons, un instant, que l'ADC-IKIBIRI est aux affaires et le CNDD-FDD dans l'opposition. Imaginons, ensuite, que le gouvernement de l'ADC-IKIBIRI organise une élection pluraliste, avec le concours d'une CENI vraiment indépendante. Imaginons encore  que cette dernière proclame la victoire de l'Alliance au pouvoir, mais sans en apporter la moindre preuve incontestable, notamment, par l'affichage  réglementaire de la totalité des procès verbaux régulièrement signés conformément au code électoral. Le CNDD-FDD accepterait-il une aussi grosse énormité ? Surtout si, de surcroît, le type d'isoloir utilisé ne garantissait nullement le secret du vote ? Pourquoi le CNDD-FDD refuse-t-il de faire ce qu'il n'aimerait pas se voir refuser ?

 

Quittons la science-fiction et revenons à la réalité actuelle pour respecter notre culture nationale qui est basée essentiellement sur la tradition séculaire du dialogue, la recherche de la vérité, dans la tolérance, comme le préconisaient nos regrettés héros dont MWEZI GISABO, Louis RWAGASORE, Gilles BIMAZUBUTE, Melchior NDADAYE et d'autres connus ou anonymes.

 

Se cramponner à une victoire non validée par un électorat politiquement mature équivaut à un coup d'état électoral et ne peut que mener à la catastrophe qui, pourtant, pourrait être évitée. Aucun régime ne peut plus s'imposer aux Burundais par la terreur. Les exemples du Nicaragua (Somoza), de l'Iran (le Shah), de la Roumanie (Ceaucescu) devraient dissuader les « mal élus » du CNDD-FDD de toute tentative de gouverner le pays en violant massivement les droits de l'homme, comme c'est le cas actuellement.

 

Les filles et fils de notre nation ont, tout le monde en est conscient aujourd'hui, un très mauvais souvenir des affrontements fratricides qui ont découlé de l'intolérance couplé de refus de la démocratie  initiée le 01/06/1993, puis décapitée lors du putsch sanglant du 21/10/1993. Même si, contrairement à ses promesses électorales de 2005, le régime CNDD-FDD, n'a pas eu le courage de traduire en justice les putshistes de 1993, ceux-ci  répondront un jour, de leur forfait qui a fait tant de mal aux Burundais! Et si le régime CNDD-FDD se mue en régime dictatorial, les responsables seront un jour identifiés et jugés!

 

Il n' y a pas 36 solutions!

 

Une médiation neutre s'impose. La médiation de « vrais bashingantahe » (composée de femmes et d'hommes d'honneur), à dominance féminine, que je préconise, aurait pour mission essentielle de calmer les esprits et rappeler que le peuple est souverain pour se choisir librement ses dirigeants, dans la transparence la plus absolue. Et le parti CNDD-FDD s'honorerait en cherchant à obtenir une victoire exempte de tout soupçon de fraude, puisque, à ma connaissance, c'est un parti démocratique qui ne devrait  pas chercher à s'imposer au pouvoir  autrement que par voie démocratique. Son intérêt est de démontrer qu'il n'a bénéficié d'une faveur quelconque de la CENI.

 

Puisque le camp du CNDD-FDD semble tenir mordicus à  « sa victoire du 24/05/2010 » que lui conteste l'ADC-IKIBIRI, il ne peut pas non plus s'engager dans un bras de fer persistant, sous peine d'attirer des suspicions de toutes natures.

 

Au nom de  la paix, pour laquelle, le CNDD-FDD avait initialement pris les armes en 1993, il ne peut pas faire l'économie d'une médiation dont le rôle  sera  de s'assurer que le code électoral, la constitution et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ont été scrupuleusement respectés pour départager tous les protagonistes. Rien ne l'empêche de mettre « sa victoire » en veilleuse, au nom de la paix, avant sa validation ou son invalidation, en toute transparence!

 

En attendant la réclamation  de vraies élections équitables, honnêtes, transparentes formulée par l'ADC-IKIBIRI,  une équipe de  médiateurs, au nom du peuple burundais  d'où elle doit émaner (selon les modalités à trouver), pourrait mettre en place un système de désignation d'un gouvernement intérimaire afin d'éviter un vide de pouvoir et superviser l'exercice du pouvoir et, surtout,  ramener la sécurité pour tous les citoyens, en mettant un terme aux assassinats, arrestations et autres actes d'intimidation en cours actuellement.

 

Chaque citoyen qui meurt pour des raisons politiques est un mort de trop; chaque citoyen qui fuit le Burundi est un réfugié de trop; chaque victime de l'intolérance politique est une victime de trop!

 

Seul un régime démocratique peut mettre fin à toute forme d'injustice. Enfin, seul un régime vraiment démocratique peut mettre fin à l'impunité, source de tous nos maux!

 

Ma proposition pourrait faire sourire certains. Peu importe. L'urgence est de chercher à trouver toutes les voies et tous les moyens possibles d'éviter que nos compatriotes continuent à mourir pour satisfaire je ne sais quels intérêts égoïstes au détriment de ceux de la majorité silencieuse.

 

Je ne cesse de le répéter, quiconque accepte de cautionner les résultats présumés frauduleux du scrutin du 24/05/2010 et qui refuse au peuple burundais souverain d'exercer son droit de regard et celui d'élire librement ses dirigeants selon les standards internationaux est, en réalité, l'ennemi du peuple burundais que celui-ci a le droit de combattre par tous les moyens pacifiques et légaux selon le droit tant national qu'international.

 

« Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression... » (Préambule de la DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME proclamée le 10 décembre 1948, à rappeler à quiconque valide (sans preuves) les résultats litigieux du scrutin du 24/05/2010!

 

Le peuple burundais n'a pas à se contenter d'une démocratie bradée ou au rabais. Il a droit à la même démocratie que ceux qui tentent désespérément de la lui refuser. Mais si le peuple burundais veut rester uni derrière et autour de ses leaders démocrates, le triomphe de la démocratie est assuré et les militants comme l'électorat du CNDD-FDD en profiteront aussi. Mais c'est un combat pacifique au quotidien! Il n' y a rien de plus rassembleur qu'un tel combat......, contrairement à la dictature qui ne porte que des germes divisionnistes!

 

Les membres des forces de sécurité  sont au service de tous leurs concitoyens sans distinction aucune. Le pouvoir en place, quel qu'il soit, aurait tort de l'oublier en les manipulant: la révolution des oeillets au Portugal est un bel exemple d'une armée qui a choisi de protéger son peuple plutôt que d'obéir à une dictature militaire.