QUI SAUVERA L'ECONOMIE AFRICAINE?
Burundi news, le 13/05/2010
Du jamais vu, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l'Europe occidentale n'avait pas frôlé une catastrophe économique comme ces derniers jours. La crise des subprimes était un jeu d'enfants. Hier, ce sont les banques qui ont subi une leçon et ce sont les gouvernements qui les ont sauvées. Aujourd'hui, ce sont les Etats qui ont des problèmes de liquidités. La Grèce vient d'échapper de justesse. Elle a failli être en cessation de paiement. Les pays développés financent leurs déficits budgétaires chroniques par des emprunts sur le marché monétaire auprès des banques, des fonds et des autres Etats. Des agences de notation attribuent des notes à chaque pays en fonction du risque de non paiement ou de solidité de son budget. Si la note se dégrade, le taux de prêt pour le pays concerné augmente. C'est ainsi que la Grèce a vu son taux bondir au delà de 6 % alors qu'un citoyen français peut obtenir un prêt bancaire immobilier de 3, 5 %.
Sauver d'abord la Grèce pour sauver l'Europe
Pour sauver la Grèce, les tenants de la monnaie forte, les Allemands, s'opposaient aux moins rigoureux français pour accorder une aide à la Grèce. Les Allemands ont fait un effort budgétaire énorme au prix de plusieurs sacrifices au moment où la Grèce exposait son aisance budgétaire avec des chiffres trafiqués et une fonction publique budgétivore.
Les Européens ne pouvaient pas laisser la Grèce dans une situation d'insolvabilité. Elle fait partie de la zone euro. En plus, la Grèce a travaillé avec des institutions américaines pour truquer les comptes et ce sont ces dernières qui ont lancé la spéculation sur la dette grecque. En spéculant sur la dette grecque, la monnaie euro subissait aussi un coup de fouet.
Le FMI et l'Europe ont déjà injecté de l'argent frais dans les caisses de l'Etat grecque. Les échéances du mois de mai sont sauvées. Les Grecs ne comprennent pas pourquoi cet argent frais est assorti des conditions draconiennes de rigueur. Un Etat dépensier est sommé de faire une baisse budgétaire de plus de 13 %.
En sauvant la Grèce, les Etats européens ont sauvé aussi leurs économies. Parmi les créanciers de la Grèce, il y a les banques européennes et même certains Etats européens. Si la Grèce ne remboursait pas ses échéances, la France aurait eu une baisse de sa notation et les taux d'intérêt pour le financement du déficit budgétaire pourrait grimper.
Qui va sauver l'Afrique?
Dans les années 80, le FMI était pointé du doigt comme étant un affameur de l'Afrique. Les conditions posées pour recevoir les prêts étaient très draconiennes et certains peuples en ont souffert. Ce qui est étonnant, c'est l'Europe qui est quémandeur au FMI, naguère réservé au Tiers Monde. Aujourd'hui, les anciens riches sonnent à la porte du banquier des pauvres. Certains pays africains regorgent de liquidités qu'ils pourront prêter à la Grèce à 8 %. L'Angola, le Gabon en seraient capables.
Les économies africaines sont en grande difficulté. Quand on parle des économies, ce ne sont pas seulement les usines mais aussi des services, du niveau aussi de vie du citoyen. L'Afrique n'a pas de moyens pour payer les retraites. Que deviendront les futurs retraités qui ont commencé le travail après les indépendances? Si un pays africain n'est pas capable de payer sa dette, elle est mise aux enchères et celui qui l'achète à moitié prix se paye en minerai ou en terrain. Ce qui est grave car certains pays se retrouvent dans une situation où les terres fertiles sont dans les mains des Chinois ou les minerais déjà vendus à un prix dérisoire.
Et le Burundi?
Le cas de la Grèce interpelle le Burundi. La Grèce a vécu au dessus de ses moyens. En fin de compte, l'argent ne tombait pas du ciel, il faut payer.
L'Etat burundais augmente les salaires, crée l'inflation sans relancer l'économie. Le chômage augmente surtout chez les jeunes. Demain, la dette reprendra. Pour le moment, le Burundi finance son budget à hauteur de plus de 55 % par des aides internationales. Au lieu de faire des économies pour ramener le budget à l'équilibre, les salaires sont augmentés pour les mandataires politiques, certaines professions, et cela devient un appel d'air. Les autres professions réclament avec raison. Sous la pression, le gouvernement accepte. Une bonne chose pour les catégories concernées et les syndicats. Que fait le ministre des finances? Suivre le cours des évènements.
Le Burundi a besoin de relancer l'économie. Les aides devaient aller au secteur productif qui pourra embaucher, créer la demande à travers les salariés. C'est cette demande qui fera l'offre et la relance de la croissance. Progressivement, à travers les impôts, l'Etat burundais pourra retrouver l'équilibre budgétaire.
Les pays africains et particulièrement le Burundi devraient comprendre que la communauté internationale ne dispose plus de beaucoup de liquidités pour voler au secours des pauvres. Mieux vaut anticiper. Demain, il sera tard. L'Union européenne a du mal à réunir les centaines de milliards pour sauver les budgets de certains pays, elle ne fournira pas les mêmes efforts pour sauver l'Afrique.
La coopération Sud Sud ne marche pas encore. Chacun devra compter sur soi et Dieu pour tous.