RADJABU VA POSER DES PROBLEMES AU POUVOIR  

 Burundi news, le 04 février 2007

Par Gratien Rukindikiza

Le pouvoir est comme l’opium. Ceux qui y sont veulent y rester, ceux qui sont dehors veulent y entrer. On ne quitte pas  le pouvoir de son plein gré. Ceux qui l’ont quitté rêvent de le récupérer. Il est aussi difficile de gérer ceux qui ont quitté le pouvoir. Bagaza a posé un vrai problème à Buyoya. Buyoya a fini par revenir en renversant Ntibantunganya.

Actuellement, le départ de Radjabu de la tête du parti sonne comme le changement véritable du pouvoir. Son immixtion dans les affaires de l’Etat avait fait de lui le décideur officieux au Burundi.

Le congrès prévu au 07 février 2007 à Ngozi ne fera que confirmer ce qui est déjà connu de tous.

Manipulation et intox

Beaucoup de bruits courent au Burundi sur un retournement de situation au profit de Radjabu. Certains se demandaient même si le Président de la République n’avait pas changé après le passage de la délégation rwandaise composée par des patrons des renseignements extérieurs. Cette délégation avait essayé de plaider pour le maintien de Radjabu au poste de la présidence du parti CNDD-FDD. Drôle d'alliances avec les Rwandais! Le Président Burundais a rejeté leur proposition. Des informations ont circulé en dehors du Burundi faisant état d’un maintien de Radjabu à la tête du parti par le Rwanda. Derrière ces informations, il y avait une manipulation orchestrée par des services d’un pays voisin du Burundi.

Heureusement, ces informations sont de pures manipulations et ces rumeurs ne sont pas fondées. Les seuls décideurs d’aujourd’hui sont les militants du CNDD-FDD.

Le jeu du chat et de la souris

La mission de mobilisation de ses soutiens est difficile pour Radjabu. A Gitega, il a été entouré par des policiers qui ont fait tout pour  que personne n’entre ou ne sort de la maison où était Radjabu. Il est parti le lendemain vendredi à Ngozi. Le grand homme Radjabu s’est retrouvé en homme bien « protégé ». De Gitega, son cortège a été escorté par le commandant de la police de Gitega qui a remis Radjabu dans les mains de celui de Muramvya, ensuite celui de Kayanza a pris le relais ainsi de suite jusqu’à Ngozi.

Il a été reçu à Ngozi par le Président de la République accompagné par le ministre de l’intérieur, le directeur général de la Police Nationale et l’Administrateur général du  Service National des renseignements, respectivement le Général major Evariste Ndayishimiye, le Général major Bunyoni et le Général major Adolphe Nshimirimana. Radjabu a continué à refuser de se plier à la volonté des militants du CNDD-FDD. Il persiste et veut organiser son congrès au 24 février 2007.

Ce dimanche 04 février 2007, Radjabu a voulu dérouter sa surveillance en quittant Muyinga à 4 heures du matin avec un véhicule d’un député, laissant son cortège à Muyinga. Arrivé à Ngozi, il a changé de véhicule.

Il était prévu à Kamenge une  manifestation pour accueil Radjabu. Cette manifestation a été dispersée par la Police et Radjabu  est rentré dans Bujumbura sans fanfare.

Qui a dit qu’il partira sans poser des problèmes ?

Les déplacements de Radjabu ont pour objet la mobilisation de ses hommes. Dans tous les cas, cette mobilisation ne concerne pas le congrès prévu. Il est fort à parier que Radjabu ne se laissera pas faire. Ses hommes se retrouvent spécialement dans des quartiers des musulmans comme Buyenzi, quartier swahili de Gitega, celui de Muyinga. Toutefois, la destitution de Radjabu n’a aucune relation avec sa religion. Mohammed Rukara, président du conseil des sages et grand musulman du Burundi, a bien précisé que le problème de Radjabu n’a  aucune relation avec les problèmes de Radjabu.

Le bateau contenant les mines et explosifs qui s’est renversé à Rumonge est un signe avant coureur. Quelqu’un prépare des attentats au Burundi. Trois personnes sont déjà arrêtées. Les conducteurs de ce bateau, tous Tanzaniens, n’ont pas encore livré le nom du destinataire. Deux pistes sont étudiées pour le moment.

Est-ce Rwasa veut relancer la guerre avec de nouveaux moyens de pression ?

Est-ce que Radjabu se prépare au pire, y compris retourner dans les maquis ?

Ces derniers mois, Radjabu avait envoyé des jeunes au Soudan pour faire un entraînement paramilitaire. Or, le maniement des explosifs fait partie de ce genre d’entraînement. D’autre part, Rwasa ne dispose pas assez de moyens pour s’acheter et acheminer des explosifs jusqu’au port de Rumonge. C’est le wait and see. Seules les enquêtes de la Police Nationale donneront des éclaircissements.

Certains analystes pensent que Radjabu peut récupérer des forces chez Gatayeri, faire  alliance avec Rwasa pour contraindre le pouvoir à négocier avec lui. Radjabu posera des problèmes au pouvoir qu’il soit dehors ou au Burundi. Il n’est pas du genre à se faire oublier. Il risque de rejoindre le quartier laissé par l’ancien Président Ndayizeye et son ancien vice-Président Kadege à Musaga.