Une raison de plus de garder l’anonymat…

Par The Leadership Institute

Nous nous réjouissons enfin de voir Jean Charles NKANGANYI réagir au défi que nous lui avons lancé de nous prouver « chiffres à l’appui » les fameuses réalisations qui vaudront au Président NKURUNZIZA d’être réélu en 2010.

Nous lui reconnaissons le droit de faire de la propagande pour le Président NKURUNZIZA, car pour ceux qui ne connaissent pas Jean Charles NKANGANYI, c’est l’un des membres de la Cellule Communication du système CNDD FDD, avec Willy NYAMITWE, Hafsa MOSSI, Steve DECLIFF, KABUTO etc.

Nous espérons que le site www.abarundi.org  aura le courage de publier le présent document, comme droit de réponse, si vraiment c’est un site d’information et non une machine de propagande du pouvoir. C’est une question de déontologie et ce sera une chance de prouver cette ouverture à la critique et au débat contradictoire dans la construction du Burundi.

Notre réponse nous aura pris trois jours pour essayer de trouver les mots exacts de répondre afin de ne pas tomber dans le piège tendu par Monsieur NKANGANYI, qui s’est voulu un brin accusateur, critique et donneur de leçons à l’intention des membres du Leadership Institute. Cependant, nous lui reconnaissons le courage d’avoir essayé de répondre à notre défi.

Comme cela s’impose, voici les éléments de notre réponse :

1.     Une situation de post-conflit est une situation qui n’est pas uniquement propre au Burundi. Des stratégies et priorités ont été élaborées, dans le cas du Burundi,  et l’Etat y a souscrit. La présence du BINUB est l’une de ces stratégies, avec ses priorités d’action, et nous invitons Monsieur NKANGANYI à faire un petit effort pour se documenter dessus.  Le cadre politique de reconstruction post-conflit élaboré par le NEPAD est une autre référence en la matière.

 

Personne n’attend du Président NKURUNZIZA de faire des miracles en deux ou trois ans. Par contre, nous attendons de lui de mettre le Burundi sur la voie de la reconstruction et d’une paix durable par le biais de programmes et politiques à court, moyen et long terme. Certains aspects sont impérativement pris en compte en matière de reconstruction post-conflit : le retour de la sécurité et de la paix, la bonne gouvernance politique et économique, le développement socio-économique, les droits de l’homme, justice et réconciliation, les réformes institutionnelles et politiques et bien sûr le règlement de la question de la mise en place des institutions sécuritaires légitimes et stables etc.. Voilà les facteurs qui doivent mener à une paix durable.

 

Sur ces questions, que Monsieur NKANGANYI nous dise ce que le Président NKURUNZIZA a fait : Le Burundi est encore en guerre avec le PALIPEHUTU FNL, la corruption est rampante, l’insécurité généralisée, les droits de l’homme bafoués tous les jours par les forces de l’ordre et les services de renseignement, la justice est devenue un outil du pouvoir, la confiance des bailleurs de fonds est entamée et la gestion du programme DDR est une vraie catastrophe.

 

Nous demandons à Monsieur NKANGANYI de lire les rapports hebdomadaires du BINUB sur les droits de l’homme et la sécurité, de lire les rapports des organisations de défense des droits de l’homme locales et internationales, les bulletins du FAO sur la sécurité alimentaire etc., et non les publications de l’ABP s’il veut savoir la VERITE. Mais il sait pourquoi il nous a suggéré l’ABP, qui est un organe d’information de l’Etat. Et c’est là qu’il veut que l’on trouve une quelconque matière objective ? Qui trompe qui ? Il trouvera sur les sites de l’UNICEF, de la Banque Mondiale et du PNUD, les chiffres relatifs au taux d’alphabétisation des burundais, au taux de mortalité infantile et autres indicateurs de développement humain sur lesquels nous attendons des initiatives réelles et réalistes pour les endiguer et non la plantation des arbres fruitiers.

 

Nous ne voulons pas nous attarder sur cette question de savoir ce que le gouvernement a comme agenda spécifiquement en cette période post-conflit. Ce n’est nullement une situation où le gouvernement doit s’asseoir et se cacher derrière pour expliquer ses échecs, sinon les choses sont plus graves : les gens au pouvoir ne savent pas ce que l’on attend d’eux en situation post-conflit.

 

Votre lecture de la situation au Kenya est erronée, car la vraie leçon est qu’une distribution inéquitable des ressources nationales, une entorse aux droits et libertés du peuple sont les vrais ennemis de la stabilité économique et sociale. Tout le reste est éphémère sans ETAT DE DROIT.

 

 

2.    Votre position par rapport au Leadership Institute et les autres acteurs sur Internet :

 

a.     Premièrement, laissez moi vous rappeler que vous avez été le premier à mentionner les chances « assurées » du CNDD FDD aux élections de 2010. C’est donc vous qui avez commencé une campagne précoce et c’est par ailleurs votre droit absolu. Cependant, on ne vous laissera pas MENTIR et citer des réalisations non prouvées de manière triomphaliste. C’est agacer l’intellect des honnêtes citoyens qui vous lisent et qui vivent l’insécurité, l’inflation des denrées alimentaires, les oppressions sans nom de vos services de sécurité et l’exclusion ethnique de votre parti, tous les jours. Chaque jour, des burundais perdent le premier des droits qui est le droit à la vie et vous voulez que l’on se réjouisse de l’absence de conflit ? La vie est devenue conflictuelle sous votre régime oppresseur grâce à la « force de frappe de la puissance étatique » comme le dit votre confrère alias Samson Kwizera sur www.abarundi.org.   Les burundais doivent connaître la vérité et nous nous sommes engagés à condamner toutes les dérives qui compromettent la paix et un développement durables.

 

b.    Notre choix de l’anonymat n’est pas de la couardise mais plutôt une stratégie de survie. Nous avons évalué l’adversaire en place qui est votre Etat sans foi ni loi et avons estimé que  notre sécurité et notre liberté étaient utiles pour nous permettre de travailler pour l’avènement d’un Etat de Droit au Burundi. Nous comprenons que vous vouliez connaître les noms de nos membres mais nous ne pensons pas que cela vous aidera pour défendre votre cathédrale. Heureusement, nos « tracts » ne vous ont pas empêché de répondre à notre défi et cela prouve que notre but d’informer est atteint. Pour votre information, nous publions beaucoup d’analyses auxquelles nous laissons les animateurs de divers sites sur le Burundi le soin décider de leur publication ou pas. C’est cela l’objectivité et l’honnêteté intellectuelle. Mais nous vous laissons libres d’apprécier. Nous comprenons que vous devez signer VOUS vos écrits sinon comment le système pour lequel vous travaillez, va reconnaître votre travail et vous récompenser ? Nous soulevons des questions, acceptons la critique et défendons nos positions, parmi lesquelles la lutte contre toute forme de dictature, d’injustice sociale, de mauvaise gouvernance dans lesquelles votre gouvernement semble se complaire. Quant aux solutions, nous en avons proposé certaines dans nos écrits et attendons plutôt de vous des critiques ou des appréciations.  Au risque de paraître ne pas comprendre le français, je ne vois pas comment publier la liste de nos membres aiderait à consolider la période post-conflit ou vous avez voulu dire consolider la paix ? Mais même dans ce cas, je ne vois pas en quoi nos noms seraient utiles à moins que ce ne soit pour nous intimider  et nous persécuter ? Nous avons vu les menaces proférées par le Président NKURUNZIZA à l’endroit de Gratien RUKINDIKIZA qui a la chance d’être en France alors que certains de nos membres sont au Burundi. Nous assumons nos « tracts » mais regrettons de devoir recourir à de tels stratagèmes pour défendre des nobles valeurs que sont : la liberté, la justice, les droits de l’homme et l’avènement d’un Etat de Droit, seuls garants d’une paix et d’un développement durables pour le Burundi. Quant à vos critiques sur une prétendue propagande électoraliste, nous laissons aux lecteurs le soin d’apprécier mais disons juste ceci : ce serait aussi notre droit absolu de prétendre nous présenter devant le peuple. Ce n’est pas le monopole du CNDD FDD. Nos arguments anti-CNDD FDD ne sont pas si minces que cela et vous le savez pertinemment sinon vous n’auriez pas répondu pour donner vos excuses sur les manquements du CNDD FDD, sans pour autant reconnaître clairement ces manquements.

 

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c.    Nous préférons donc vous poser quelques questions :

 

                                                             i.     Pouvez-vous rassurer le peuple burundais que les élections auront bel et bien eu lieu en 2010 ? C’est cela le vrai baromètre du « progrès démocratique » dont vous parlez.

                                                          ii.     Et, quelles sont les réformes institutionnelles et politiques que le pouvoir CNDD FDD compte enclencher pour permettre au pays d’aborder ces élections en toute démocratie et transparence ?

                                                     iii.     Ne trouvez-vous pas vraiment ridicule que le gouvernement prétende demander aujourd’hui aux pays de la sous-région d’aider à appréhender le Colonel BANGIRINAMA alors que le gouvernement a échoué à le faire pendant deux ans ? C’est vraiment se foutre de la gueule du monde entier.

Enfin, nous voudrions rappeler à Jean Charles NKANGANYI que le CNDD FDD est au pouvoir et que les burundais attendent des actions et des réalisations et NON des excuses sans fondement, sinon pourquoi il serait au pouvoir ?

A notre connaissance, le CNDD FDD s’est présenté aux élections avec un programme de société qui prend en compte la période post-conflit et les défis qui s’y rapportent. Faites ce que vous devez faire et si vous ne faites rien, notre critique vous est assurée, électoraliste ou pas.

Un mot pour la fin : la communauté du développement aimerait avoir de plus amples informations sur la plantation des arbres fruitiers, comme solution miracle pour le développement, et qui justifie que le Président s’y adonne pendant deux mois. Qui trompe qui ? Tout le monde sait qu’il est en campagne de manière « précoce ». Et c’est malhonnête de sa part de planifier une campagne électorale dans le contexte d’insécurité généralisée et de faillite de l’Etat.