UN RAPPORT D'EXPERTS DES NATIONS UNIES ERRONE

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 21/01/2012

 

Un groupe d' experts des Nations unies vient de sortir un rapport sur les groupes armés à l'Est du Congo.

Ce  rapport des experts du conseil de sécurité des Nations Unies sur l'Est du Congo  qui accuse l'ADC de participer à une rébellion contient des informations erronées et non fondées. Une photo montrant Alexis Sinduhije est en réalité une tromperie pour les lecteurs de ce rapport. Comment est-ce qu'un groupe d'experts de ce niveau n'arrive même pas à reconnaître un politicien burundais au moins sur une photo? Pire, le rapport dit que Sinduhije est en train de parler avec les gens du FNL au téléphone! Quelle preuve du non sérieux de ce fameux rapport! Si des gens ont pu donner cette photo au groupe d'experts en leur disant que c'est Alexis Sinduhije et l'accepter, on peut s'imaginer la légèreté de la teneur des  informations contenues dans ce rapport d'experts.

 

 

Une photo d'une personne prise pour Alexis Sinduhije                             Une photo d'Alexis Sinduhije

Des erreurs manifestes du groupe d'experts

Ce groupe d' experts a commis beaucoup d'erreurs et a publié beaucoup de mensonges, du moins sur la partie burundaise. Affirmer que Alexis Sinduhije est "un partisan particulièrement fervent des combattants des FNL", que Sinduhije est considéré comme un des dirigeants des combattants du FNL,  est une preuve évidente que ces experts ignorent tout de la réalité politique burundaise.

 Le groupe d' experts mentionne bien avoir eu des informations au sein des services de renseignements du Burundi et aussi d'anciens FNL. Ces anciens FNL devenus agents des services de renseignements ont eu la mission de désinformer ce groupe d'experts. Pour ceux qui connaissent Rwasa, ils savent bien qu' il ne peut pas confier les activités de son parti à  Sinduhije.

Parmi les autres erreurs du rapport, nous pouvons citer ceci : Pascaline Kampayano n'a jamais été présidente de l'UPD. Toute personne qui ferait des investigations sur les politiciens devaient savoir que la présidence de l'UPD est assurée aujourd'hui par Chauvineau  Mugwengezo après le limogeage de Zedi Feruzi. De même, Pancrace Cimpaye n'est plus porte parole du Frodebu depuis le dernier congrès du Frodebu tenu en juillet 2011. Comment se peut-il que ce groupe d'experts qui a ses entrées à la Documentation du Burundi n'a pas pu savoir les rôles de ces deux personnalités dans leurs partis.

Les déplacements d'Alexis Sinduhije

Ce rapport parle des déplacements de Sinduhije. La première chose étonnante, c'est que ce groupe affirme que Sinduhije s'est rendu en France alors qu'il réside déjà en France depuis août 2010. Il semble que ce groupe s'est fait dicté certaines informations. Alexis Sinduhije n' a jamais été ni en Afrique du Sud, ni au Sud Soudan, ni en Turquie après les élections burundaises. Il ne s'est pas non plus rendu en Tanzanie avant janvier 2012, à son arrestation à l'aéroport.

Une petite anecdote. Un Burundais qui informe souvent  les services de renseignements burundais a téléphoné un proche d'Alexis Sinduhije pour lui demander où  se trouvait Sinduhije à cet te époque là.  Ce proche de Sinduhije lui a sorti une réponse fantaisiste en lui disant qu'il est au Sud Soudan pour dérouter ce correspondant des services de renseignement. A ce moment, Sinduhije était en France. Le Burundais a transmis l'information au service des renseignements burundais. Voilà le mensonge qui se retrouve dans un rapport des experts des Nations Unies sur le Congo. Une preuve de plus que ces experts ont  pris comme argent comptant les informations transmises par ce service des renseignements pourtant  qualifié d'incompétent par un document interne au sein d'un petit cercle du pouvoir.

 Ce rapport a diffusé des informations des services de renseignements conçues dans le cadre de la manipulation de la vérité. Il y a une volonté manifeste d'ethniser l'opposition burundaise.

 Kampayano qui financerait Rwasa, Sinduhije et Baranyanka, une vraie pièce de théâtre

 Kampayano n'est pas une des plus riches au Burundi. Pour financer les trois personnes, encore faut-il qu'il y ait un cadre pour que les trois s'entendent sur un accord commun. Or, Kampayano n'a jamais rencontré Rwasa ou Sinduhije après les élections, encore moins parlé au téléphone avec Rwasa. Pascaline Kampayano ne pourrait pas financer les yeux fermés. Le groupe d'experts tient l'information des services de renseignements burundais. Est-ce que les membres de ce groupe ont exigé des preuves tangibles de ce financement? Pourquoi Kampayano financerait le FNL et le MSD sans financer son parti UPD?

Rwasa et Kampayano auraient confié la direction des rébellions à Sinduhije, un attrape nigaud pour le groupe

Aucun politicien  burundais n'a rencontré ou parlé au téléphone avec Rwasa depuis son départ de la capitale. En témoigne la façon dont il communique avec la presse:  par cassette audio préenregistrée. Il redoute son assassinat programmé par le pouvoir. Pour sa sécuité, il évite tout contact. En conséquence, il n' y a jamais eu de réunions en Tanzanie entre ces trois personnes. Les autorités tanzaniennes qui ont en main le passeport de Sinduhije savent bien qu'il n' a pas été en Tanzanie avant cette arrestation. Si Rwasa était un homme à faire alliance facilement, il l'aurait fait avec le CNDD-FDD avant 2005. Ce n'est pas en ce moment qu'il confierait sa structure à Sinduhije. En plus, en quelle qualité Pascaline Kampayano interviendrait dans une telle réunion? Elle n'est ni présidente de l'UPD, ni chef d'un mouvement quelconque. En quelle qualité pourrait-elle confier la direction des rébellions à Sinduhije?

Le rapport du groupe des experts manque de précisions. Il est très évasif et aucune date n'est donnée. Le rapport ne permet pas de présenter des faits ou vérifier par rapport à l'emploi du temps des personnes.

 La question qui se pose est de savoir si les services de renseignements burundais ont fait exprès d'induire en erreur ce groupe des experts. 

 La version de l'existence d'une branche armée de l'ADC est montée de toute pièce aux services de renseignements burundais. Ce n'est pas parce qu'un opposant est à l'extérieur qu'il prépare une rébellion.

Un groupe d'experts muets, sourds et aveugles devant le commerce illégal au Congo fait par le FDLR avec certains généraux burundais

 Ce groupe d'experts a choisi l'option des services de renseignements burundais. Tout le monde sait qu'il y a des combattants des  FDLR qui voyagent avec des passeports burundais, qui transitent à Bujumbura et qui font le commerce des minerais via l'aéroport de Bujumbura.

Il va de soi que dès lors que ce groupe accepte de prendre à la lettre les informations fournies par les services de renseignements burundais, il met un trait sur ces liens entre certains généraux burundais et les combattants des FDLR au Congo dans le commerce des minerais.

 Et le Congo?

Ce groupe d'experts a oublié sciemment de demander des informations sur le Burundi aux officiels congolais pour vérifier et effectuer un recoupement avec les informations de la Documentation. burundaise.

Le ministre de la communication congolaise vient de déclarer qu'il n' y a aucun politicien burundais à l'Est du Congo de l'opposition burundaise. Ce qui revient à remettre en doute ce rapport du groupe des experts des Nations Unies.

Il est rare qu'un groupe d' experts des Nations Unies ou des droits de l'homme s'appuie sur des informations recueillies auprès des services de renseignements sans les confronter avec d'autres sources. C'est une démarche inédite qui obéit à l'esprit de moindre effort. Les conclusions d'une telle démarche ne peuvent qu'être erronées.