Association
Burundaise “IZERE”
Almere, le 28 novembre 2006
Trasmolenstraat 22
1333 CX Almere, Pays-Bas
E-mail : a.nkeshimana@12move.nl
Communiqué
JOURNEE DE REFLEXION SUR LES THEMES :
" SITUATION SOCIALE ET POLITIQUE & RECONSTRUCTION DU BURUNDI "
RAPPORT GENERAL : CONCLUSIONS ET PROJETS RETENUS.
L'Association des Burundais vivant aux Pays-Bas "IZERE" en collaboration avec la Fondation « SamenWerk -Almere » a organisé une Journée de réflexion sur la situation sociale & politique actuelle et la reconstruction du Burundi, le samedi 28 octobre 2006, au Centre Culturel CKV et dans la Salle de Conférences de la Mairie d'Almere aux Pays-Bas.
Cette Journée fait suite à une série de rencontres qui ont eu lieu sur le processus de paix et la reconstruction du pays respectivement du 2 au 3 septembre 2004 à Almere, du 25 au 26 mars 2005 à Bujumbura/Burundi et du 22 au 23 juillet et 29 octobre 2005 à Almere / Pays-Bas.
Cette Journée a connu non seulement la participation des Burundais mais aussi celle des Amis du Burundi, des ressortissants des pays voisins du Burundi et des représentants d'ONG's étrangères.
Dans son discours d'ouverture, le président de l'Association Burundaise IZERE, Monsieur André Nkeshimana, après avoir souhaité la bienvenue aux participants, a souligné la différence entre cette Journée de Réflexion et les autres rencontres.
En effet, elle se tient au moment où le processus démocratique est suffisamment avancé, au moment où des accords de paix viennent d'être signés entre le dernier mouvement rebelle et le gouvernement Burundais, mais en même temps au moment où le pouvoir actuel est accusé de se comporter comme du temps du monopartisme, tolérant difficilement toute personne qui ne partage pas les mêmes points de vue que lui et s'interférant notamment dans les services de la magistrature. Ce qui constitue une menace sérieuse à la démocratie. En outre, on observe actuellement un malaise sociale au sein de la population, une méfiance et une absence du dialogue entre le pouvoir et les partis politiques d’une part ainsi qu’avec les médias Burundais d’autre part, etc.
Elle se tient également au moment où la pauvreté est à son plus haut niveau et pendant que le pays a besoin des bonnes volontés pour sa reconstruction. C'est pour toutes ces raisons que nos échanges porteront uniquement sur deux points: « la situation socio-politique et la Reconstruction du Burundi ».
«Quelle sont les actions concrètes à entreprendre en vue d'aider au rétablissement du dialogue entre les différents partenaires d'une part, et d'autre part pour contribuer à la réconciliation et la reconstruction progressive du pays ? Quelles sont nos propositions pour aider à entretenir notre démocratie ?
A qui est ce que profiterait le chaos aujourd'hui au Burundi ? Devons nous céder au pessimisme ? ».
« Telles sont Mesdames et Messieurs quelques-unes des questions auxquelles nous tenterons de répondre pendant nos discussions », a-t-il clôturé.
Avant de commencer les débats, le Père Néerlandais Timmermans a animé une messe en mémoire de toutes les victimes de la tragédie qui a secoué le pays depuis plusieurs années et en vue de prier pour une paix durable au Burundi. Père Timmermans a insisté surtout sur le rôle de chaque Burundais dans la réconciliation et la reconstruction du pays afin de sauvegarder les valeurs démocratiques.
Comme à l'accoutumée, des manifestations culturelles (danses et tambours burundais, exposition des objets d’art burundais) ont créé une ambiance de fête des retrouvailles de plus, entre les Burundais et les Amis du Burundi.
Notons que les enfants avaient un programme spécial sous la coordination de la fondation Kijken-Flevoland à partir de 13h.30 jusqu'à 19h.00.
Entrant dans le vif du sujet :
Avant de donner la parole au premier intervenant, Mr André Nkeshimana a invité les participants à s'exprimer librement, à faire des propositions constructives, à émettre des critiques sans sujets tabous mais dans le respect et la tolérance mutuelle: « Je n'accepterai pas que des gens se lancent dans la polémique ou échangent des propos peu courtois en dehors de l'ordre du jour prescrit », a-t-il dit.
Le premier intervenant, M. C. De Beule, analyste de la Région des Grands Lacs, a présenté la situation sociale et économique actuelle du Burundi appuyée par un commentaire des statistiques dans différents domaines.
Il est ressorti clairement de son exposé que nous avons aujourd'hui un pays qui a besoin d'être reconstruit dans les différents secteurs de la vie nationale.
Les principaux intervenants, Mme Elisa Nkerabirori, Représentant du gouvernement Burundais, l'Honorable Jean-Marie Sindayigaya, Mme Josta ten Broeke, Mme Marie Nzigamye, M. Gratien Rukindikiza et
M. Emmanuel Mosozi étaient tous unanimes pour dire que le bien-être de la population doit être la première préoccupation du gouvernement.
Parlant du volet économique,
les orateurs du jour ont vivement appelé à la protection de l'agriculteur eu égard à son importance dans la vie du peuple Burundais notamment par le soutien des producteurs du café ou par un projet d'agriculture élargie.
Mme Josta ten Broeke qui avait représenté l'ONG Cordaid-Nederland a encouragé les initiatives visant l'amélioration des conditions de vie de la population locales en insistant sur le développement de l'intérieur du pays à commencer par les communautés de base. Elle a terminé son intervention en exprimant le soutien de Cordaid aux activités de développement qui seront initiée en vue de participer à la reconstruction du pays.
Les différents intervenants sont d'avis que des bases solides pour la reconstruction et la réconciliation du pays sont là comme l'a si bien dit un sage Hollandais : « il n y'a pas meilleure aide que de créer les conditions favorable et l'environnement favorable au développement ». C'est à nous tous de les entretenir par des actions concrètes, aidés par les autres partenaires internationales qui ont toujours exprimé la volonté de nous assister.
De façon générale, il faut renforcer l'économie burundaise en injectant de l'argent dans les micros crédits, en créant des entreprises de production, de nouvelles sociétés et de nouveaux emplois, de grands chantiers qui permettront de lutter contre le désœuvrement, des investissements dans le tourisme, etc.
Parlant du domaine sanitaire, on a salué les dernières mesures prises par le Gouvernement et les réformes intervenues au niveau de l'Inspection de pharmacies après avoir déploré les spéculations et la corruption qui s'observent dans ce domaine. Les spécialistes en la matière ont recommandé 3 axes d'orientation dans la politique de santé pour améliorer davantage l'état de santé de la population burundaise : Informations (l'état de santé de la population en général, des épidémies et pandémies, des moyens élémentaires d'hygiène, la diffusion des spots radio-tv.) ; Education (la formation de la masse paysanne, encadrement des sages femmes, la formation des aides soignants, des infirmiers, techniciens, des aides pharmaciens, des pharmaciens et les médecins) ; Participation dans la recherche et collecte de dons de médicaments, équipements et matériels médicaux. Notons qu’à ce sujet, le public a été informé que la France compte aujourd'hui « environ 100 médecins spécialistes Burundais », plus que le Burundi n'en dispose!
On a exprimé le souhait de collaborer avec le Ministère de la santé publique en vue d'analyser ensemble avec les médecins Burundais vivant à l'extérieur comment contribuer dans ce domaine, avec l'appui des autres partenaires de la santé. Les participants ont recommandé notamment la collecte et l'envoi de médicaments sur demande des Hôpitaux du Burundi avec le soutien de l'Ambassade du Burundi au Benelux.
En collaboration avec l'Association IZERE, l'hôpital centrale d'Almere « Flevoziekenhuis » est entrain d'analyser les possibilités de coopération avec l'Hôpital de Gitega qui dessert les Centres de santé des provinces environnantes.
En marge des travaux de cette Journée, il a été souligné que l'Association IZERE vient de remettre une aide à cet Hôpital par le biais du Ministère de la Santé Publique en vue de contribuer au paiement des factures de soins de santé en faveur des malades insolvables qui sont contraints de rester sur le lit de l’hôpital, même s’ils n’ont plus besoin de traitement médical.
L'autre handicap actuel qui devrait avoir une place de choix dans les dossiers urgents de l'agenda du gouvernement est le dossier « Energie » : il est plus qu’urgent en effet de penser à la fourniture d'électricité en suffisance pour pouvoir faire face à la demande incessante de la population. Ce qui pourrait également favoriser l'usage des techniques modernes de communication.
S'exprimant sur le volet Réconciliation, Mme Nzigamye qui défend la « Communauté des Sans Ethnies » a insisté sur l'appui aux organisations ayant la promotion et la protection des droits de la personne humaine dans leurs attributions à travers le soutien des initiatives visant la bonne cohabitation et le renforcement du dialogue entre tous les Burundais.
Après avoir parlé longuement de la hausse des salaires qui aurait privilégié certaines classes des élus et autres dignitaires au détriment de la masse productrice ou du fonctionnaire moyen, selon quelques intervenants (pendant que d'autres parlent d'un redressement de la situation en commençant par les secteurs sensibles -et cela malgré les injonctions du FMI-), les participants ont débattu énergiquement sur la question du Coup d'Etat présumé.
Beaucoup de gens attendaient apparemment ce sujet avec impatience. En effet, des interventions ponctuées par des moments de tension mêlée à un peu d'énervements ont été observées dans la salle autour de ce « sujet sensible ». Les points de vue étaient diamétralement opposés: les uns accusant le gouvernement pendant que les autres tentaient de le défendre malgré l'absence des preuves.
Avocate de profession, Mme le représentant du Gouvernement a parlé du dossier Coup d'Etat en se basant sur son expérience dans le domaine judiciaire confirmant que la justice ne peut pas emprisonner quelqu'un sans détenir des preuves de sa culpabilité. Elle a alors expliqué à l'assemblée le déroulement des faits et comment fonctionnent les différentes instances conformément à la loi et le droit pénal en fonction du crime commis.
Elle a terminé en concluant qu'il faut « laisser la justice faire son travail ».
Certains participants qui n'étaient pas d'accord avec les explications fournies, ont rappelé également les faits
en insistant sur le constat qui a été fait par la Cour Suprême, la réaction du Procureur Général en passant par le directeur de la prison, en rappelant que un des accusés dans cette affaire s’est lui même présenté pour réclamer sa condamnation, … ; et de conclure que « ce faux putsch est un coup monté ». Il y avait même des gens qui disaient que le pays va vers la dérive si rien n'est fait par le pouvoir en vue de redresser la situation.
Malgré les explications données par les uns et les autres, la magistrature ne doit pas se laisser manipuler par qui que ce soit. Ce qui risquerait de nuire très sensiblement au processus de paix en cours. Il a été retenu enfin que : « Tout le monde doit laisser la justice faire son travail dans le respect de la loi et dans les délais prescrits ».
Concernant les négociations entre le Gouvernement Burundais et le Palipehutu-Fnl qui se rejettent aujourd'hui le tort quant à la non-exécution des accords conclus, les intervenants sont catégoriques et unanimes: « S'entendre avec le Palipehutu-Fnl doit être une priorité parce que le peuple le veut ainsi ». On a déploré l'absence du représentant du Palipehutu-Fnl qui aurait pu répondre aux diverses interrogations.
En parlant de la bonne gouvernance et des principes démocratiques, on a rappelé le rôle du Parlement :
«Le parlement doit pouvoir exercer son droit de demander les comptes au gouvernement et non l'inverse ».
L'assemblée a enfin recommandé le dialogue (entre différents partenaires des partis politiques, de la société civile et des médias) qui est la seule voie de sortie et l'une des conditions pour une paix durable au Burundi.
En guise de contribution de la diaspora au développement socioéconomique du pays, il sera initié des projets axés sur le partenariat et les échanges d'expériences avec la diaspora, la réconciliation et les droits de l'homme, les coopératives populaires perçues comme centres de rayonnement régional, le domaine agricole, le domaine informatique, la santé et l'éducation.
Un appel a été lancé au Gouvernement d'encourager et stimuler l'apport de la diaspora par des mesures favorables dont l'exonération de certains frais d'investissement.
Une décente sur terrain sera organisée au Burundi pour discuter avec les différents partenaires dans la réalisation de ces projets dont la représentation de l'Association IZERE au Burundi.
Il a été recommandé d'entrer en contact le plus rapidement possible avec le Ministère des Relations Extérieurs en vue de discuter des modalités de collaboration avec les membres de la diaspora.
A la dernière question : optimisme oui ou non ?
Les invités n'ont pas mâché les mots : Oui l'espoir est aujourd'hui permis ! Oui, mais le trajet est encore long !
Optimisme non, si on observe ce qui se passe aujourd'hui au Burundi ! Optimisme oui, mais il faut que tout le monde y travaille par des actions concrètes ! Optimisme oui, mais prudence, vigilance! Optimisme oui, eu égard au pas déjà franchi ! Optimisme non, parce que les droits de l'homme sont bafoués chaque jour !
Optimisme oui, même si les défis liés à la situation de l'après-guerre sont nombreux !
Telles sont les réactions recueillies après les débats de ce 28-10-2006 à Almere aux Pays-Bas.
Le représentant du Gouvernement Burundais a promis de faire un rapport détaillé des travaux d'Almere au Ministre des Relations Extérieures qui l'a mandatée et de nous informer de la suite réservée aux diverses préoccupations.
Avant de remercier les participants pour avoir répondu favorablement à l'invitation de l'Association Burundaise IZERE et pour leur contribution, après avoir exprimé toute sa reconnaissance à tous ceux qui ont contribué dans la préparation et l’organisation de cette rencontre; Mr André Nkeshimana, a dans son mot de clôture promis de faire le suivi des projets qui seront présentés aux Bailleurs de fonds, aux Banques et aux ONG's dans le soucis de pouvoir contribuer effectivement à la reconstruction du Burundi.
Une séance d'évaluation du pas franchis et des résultats déjà atteints est prévue en 2007 à l'occasion du 10ième anniversaire de l'Association Burundaise IZERE.
La conférence s'est terminée par un repas burundais sur un fond de musique Burundaise et Africaine.
Pour l'Association IZERE,
Secrétariat, le rapporteur général