LE RAPPORT DES NATIONS UNIES, STUPEFACTION ET MAUVAISE COMMUNICATION DU POUVOIR BURUNDAIS 

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 27/11/2009

Le rapport des enquêteurs du conseil de sécurité des Nations Unies sur les bases arrières des FDLR au Congo est une douche froide pour le pouvoir burundais. Ce rapport détaille l'implication d'Adolphe Nshimirimana dans l'armement et le transit des combattants du FDLR venant du Rwanda. Il parle aussi des livraisons d'armes qui ont transité la nuit à l'aéroport de Bujumbura volatilisées vers le FDLR. Un certain Mutoka qui fait le commerce de l'or au Burundi est très impliqué dans le trafic de l'or extrait par les FDLR au Congo.

Les implications non citées

Le rapport n'a pas cité le général Bunyoni, ministre de la sécurité publique qui reçoit le chef d'Etat major des FDLR. Ce chef d'Etat major change de nom au Burundi. Alain Hirwa n'est pas son vrai nom. Ce que le rapport ne dit pas, c'est aussi que le chef des escadrons de la mort à Bujumbura est un Rwandais qui a été un officier de Havyarimana. Il a une couverture officielle qui fait qu'il puisse travailler à la Documentation et à la Police et a combattu aux côtés au sein du CNDD-FDD.

Stupéfaction?

La stupéfaction des dirigeants affichée est une façon de cacher l'évidence. Qui n'était pas au courant? Le Président Nkurunziza? Non. Il lit régulièrement Burundi News et a tenu des réunions avec des imprimés de Burundi News. Il a lu il y a un mois que Adolphe Nshimirimana et Bunyoni sont impliqués dans l'armement des FDLR moyennant gros sous. Le Président Nkurunziza qui croyait aux informations de Burundi News n'a-t-il pas cru  à la véracité de ces informations? Aurait-il banalisé en espérant que l'affaire s'arrêtera là? Ou a-t-il été complice dans une histoire de gros sous? Ce qui est sûr, c'est que certains membres de son cabinet ont été impliqués dans l'achat des armes des FDLR.

Mauvaise communication

Le général Adolphe Nshimirimana n'a pas osé affronter la presse. C'est un nouveau au nouveau poste de porte parole de la Documentation qui a démenti très timidement; presque un démenti qui sous entend le désolé.

La radio Rema FM sous la houlette d'Adolphe Nshimirimana est tombée dans un piège tendu par elle- même. Tout ce qui ne va pas au Burundi, c'est du ressort de l'oncle et le neveu. La radio Rema FM a accusé Rukindikiza d'avoir téléguidé le rapport des Nations Unies en collaboration avec le neveu Alexis Sinduhije! Jamais je n'ose croire que le CNDD-FDD pouvait manquer des gens capables de se dire que les deux Burundais ne sont pas capables d'influencer un organisme qui résiste même aux pays.

Burundi News avait publié l'information de ce soutien. Si le rapport est sorti dans la foulée, Burundi News n'était même pas au courant de ces enquêtes. Par ailleurs, certains officiers, anciens FDD, ont rencontré ces enquêteurs. Qu'est-ce qu'ils ont raconté? Ce n'est pas mon problème. Les gens au pouvoir n'ont pas compris que leur camp est divisé. Il y a des honnêtes gens qui vivent des fruits de leurs sueurs et d'autres qui vivent au détriment des autres en commettant des infractions graves. Les premiers condamnent les deuxièmes et se désolidarisent.

La radio Rema FM a commis une erreur de communication et c'est ce genre d'erreurs qu'il faut éviter. Elle aurait pu s'adresser à Onésime Nduwimana, porte parole du CNDD-FDD, qui à mon avis, n'aurait pas agi de la sorte.

Et le Rwanda?

Au sein du pouvoir, on affirme que le Rwanda les soutient. Quel mensonge! Le Rwanda est furieux, jamais les autorités rwandaises n'auraient pas pensé que le pouvoir burundais ne pouvait servir de base arrière au FDLR. Les mensonges entretenus par Adolphe Nshimirimana tombent dans l'eau. Le Rwanda risque de changer sa tactique et ses relations avec le Burundi. Ce que le Rwanda peut ignorer et non publié dans le rapport, c'est que les combattants blessés du FDLR viennent au Burundi se faire soigner dans un hôpital de la capitale.

Que faire Monsieur le Président Nkurunziza?

Il arrive des moments où la solution est unique. Le Président Nkurunziza n'a pas plusieurs choix. Il doit limoger Adolphe Nshimirimana pour se désolidariser, la politique oblige. S'il le maintient à sa place, il aura confirmé  la complicité et en assumer les conséquences. Certains disent que Nshimirimana s'est préparé pour partir car il a déjà vendu plusieurs de ses maisons.

Il n'est pas certain que le Président Nkurunziza, avec son pouvoir faible, soit capable de limoger Adolphe. Cette faiblesse lui sera fatale lors de la campagne électorale. Adolphe a plusieurs dossiers et son maintien à sa place est synonyme de mains liées et d'impuissance.