LA REALITE DES  MILITAIRES BURUNDAIS  EN SOMALIE

 Burundi news, le 05/04/2016

Par Gratien Rukindikiza

Plusieurs pays ont répondu à l'appel de l'Union africaine pour aider la Somalie a retrouvé sa liberté, à se libérer des islamistes d'El Shebab. Le Burundi a répondu présent comme l'Ouganda dans un premier temps. Le Rwanda avait été sollicité mais il avait refusé, préférant intervenir au Soudan. L'Union européenne a accepté de financer les militaires en mission en Somalie et aussi l'équipement. L'Union européenne verse à chaque militaire 1000 $ par mois et rembourse à chaque Etat un montant en fonction du matériel en partant des armes individuelles jusqu'au char. Certains Etats en ont fat une affaire; soit pour enrichir les dirigeants, soit renflouer les caisses publiques pour les plus honnêtes. Le Burundi a conçu cette mission de l'Amisom sous l'angle de la corruption. La chèvre broûte là où elle est attachée, comme disait les Zaïrois du temps de Mobutu.

Payer pour maximiser les chances de retourner en Somalie

En Somalie, ce n'est pas un jeu d'enfants pour les militaires qui sont sur le terrain. Deux fois, El Shebab a décimé des compagnies de militaires burundais. Nous reviendrons sur les causes de cette "proie facile" burundaise.

Le service du personnel à l'Armée nommé G1 a une branche spécialisée pour l'envoi des troupes en Somalie. Pour un militaire sensé, ce sont des bataillons qui sont envoyés sans qu'il y ait d'autres problèmes. Au Burundi, on parle de bataillons qui partent en mission en Somalie mais la réalité est autre. Pour faire deux ou trois tours plus que les autres, les militaires paient au G1, service d'envoi à l'Amisom 100 ou 200 $ en fonction des demandes. Le responsable de ce service qui perçoit cet argent est appelé Kassy Malan, un major.  Pour les officiers, le montant peut aller jusqu'à trois millions de francs bu. Le chef d'Etat major Prime Niyongabo est au courant et reçoit sa part.

Payer pour éviter les embuscades en Somalie

Arrivés en Somalie, les militaires paient aussi pour être affectés au Headquarter de l'Amisom (Quartier général) près de l'aéroport. C'est un lieu presque sûr par rapport aux autres qui vont combattre dans le sable de la Somalie.  Pour le 8 è contingent présent aujourd'hui en Somalie, c'est le colonel  Ntezimana Albert, G1 du contingent qui perçoit cet argent.

Ce colonel peut aussi affecter en service de logistique afin d'éviter à celui qui a payé d'aller aux positions proches du front.

En général, chaque militaire qui part en congé a droit 100 kg de bagages. Le colonel Ntezimana n'accepte que 45 kg. Pour le reste il faut payer. Il ne perçoit pas directement cet argent et a des intermédiaires ex- FDD. Si un militaire en partance en congé ne veut pas payer ou ne connaît pas les circuits, ce sont des officiers qui embarquent de la marchandise tout en payant à ce colonel.

Les cargaisons sont plutôt remplies de marchandises de quelques officiers. Une boîte Nido de 2.50 kg coûte 14 $ en Somalie et est vendue 60 000 frs bu; soit 35 $.

Des militaires sans munitions en opération en Somalie

On aura tout vu. Le système DD est capable des inventions. Au Burundi, un policier qui protège un administrateur a au moins 4 chargeurs sur lui. Un militaire en Somalie partait sur le front avec un seul chargeur, du jamais vu dans une armée. Ces derniers jours, après le carnage de 57 militaires tués par les El Shebab, le commandement a fait des efforts et chaque militaire a deux chargeurs; soit 60 cartouches. Cependant, les El shabab ont plus de 150 cartouches. C'est ainsi que lors de la dernière attaque, les militaires burundais qui sont restés en vie sont ceux qui savent courir en abandonnant tout sur place. Deux mortiers 120 mm ayant une portée de 21 km ont été saisis par les El Shabab en raison d'un manque de munitions pour les défendre.

Des véhicules blindés en mission manquent de munitions. D'autres sont en panne. Ce char ci-dessous à gauche rapporte environs  10 000 $ par mois au pouvoir burundais. Cependant, il est en panne et ne dispose pas de bombes. Les blindés Caspir ci-dessous à droite ont été achetés en Afrique du Sud et manquent aussi de munitions, souvent en panne. En plus, il y a des pièces qui manquent pour monter des mitrailleuses. Lorsqu'il y a des inspections, ils les montrent comme étant opérationnels alors qu'ils ne participent pas au combat pour les deux chars et les blindés ne sont pas utilisés comme ça devait se faire. Ce sont en réalité des jouets pour récolter de l'argent.

 

Char burundais  Blindés caspir

Les munitions manquent parce que les rapports donnés montrent bien que chaque militaire a 5 chargeurs. Les 3 qui manquent vont dans les poches de Nkurunziza et Bunyoni. Ils préfèrent la corruption et envoyer à l'abattoir nos militaires en Somalie. C'est un véritable scandale. Un blindé sur cinq porte une arme adéquate.

Des militaires en Somalie ont faim malgré l'argent de l'Union européenne

Tout est prévu. Rien ne doit manquer aux vaillants militaires en guerre en Somalie. Pauvres militaires. Il fallait penser qu'il y a Bunyoni et Nkurunziza qui détournent tout. Alors qu'un camion citerne devait rester auprès de chaque campement, il n' y a que deux camions qui doivent ravitailler 5 400 militaires. D'autres sont en panne mais payés par l'Union européenne. Un militaire sur des positions hors Mogadiscio a droit à un bidon de 20 litres pour boire, laver ses habits, se laver pendant un mois. Il est recommandé de boire au moins 2 litres par jour car on élimine autant. Avec 20 litres par jour, le militaire burundais se trouvant dans un pays chaud a droit à 10 litres pour boire, si on suppose qu'il utilise les autres 10 litres à se laver et laver ses habits. Il a droit alors à un verre d'eau par jour. Il cumule ainsi des carences du fait que son eau est bue par les criminels Nkurunziza et Bunyoni.

Pour manger, le militaire en Somalie a droit sur le papier de manger du poulet, viande, poisson en alternance, riz et haricots.  Il reçoit en fin de compte le riz et le haricot, rarement la viande. La viande, le poulet et le poisson sont livrés par bateau. Au déchargement, seuls les hommes de confiance de quelques officiers y assistent. Plus de la moitié du déchargement est détourné dans les quartiers du port. Des fois, selon un témoin, des cargaisons sont renvoyés directement aux ports kenyans, vendues par les généraux du contingent burundais. Il y a des Somaliens qui tiennent leurs boutiques avec les produits destinés à nourrir les militaires burundais. 

Des groupes électrogènes sont prévus en raison des problèmes d'électricité. Il est supposé que les groupes tournent 24/24 mais en réalité, ces groupes tournent 3 ou 4 heurs par jour. Le surplus du carburant est vendu sur le marché somalien.

Pour égayer la galérie DD, la musique du parti CNDD-FDD raisonne dans le contingent; une façon de rappeler que ceux qui ne sont pas membres du CNDD-FDD n'ont plus de place à l'Armée.