Burundi news, le 29/11/2009

Refuser le Mandat de Président de l’East African Community, c’est  mordre une fois de plus à notre fierté d’être Burundais Monsieur le Président !!!!

Par Dieudonné HABARUGIRA

 

«Les deuxièmes élections générales post-conflit de 2010 vont coïncider avec une intense activité de la CEA que nous ne pourrons pas concilier facilement avec le travail de préparation des consultations populaires qui commencent dès le mois de mai prochain chez nous», a déclaré le président Nkurunziza selon la livraison Internet de Burundi Tribune du 22.11.2009.Le site burundibwiza.com quant à lui, glisse, sans détails, cette phrase: « enfin le refus de donner la Présidence de l’EAC à Nkurunziza par son incapacité notoire de gérer les dossiers lourds», dans ce qu’il appelle: Scénarios qui ont caractérisé le mois de novembre 2009 dans sa livraison du 26 novembre 2009.

 

Et pourtant, la présidence rotative de la CEA rentre désormais dans les attributions normales des Chefs d’Etat de cette région tant qu’ils sont encore au pouvoir, me semble-t-il.

 

Les arguments avancés seraient-ils proportionnés par rapport aux enjeux de cette responsabilité à la plus haute fonction de cette communauté?

 

Le marché commun qui, dès l’année prochaine, devient une réalité, est l’un des principaux objectifs de l’intégration cet espace géographique qu’est désormais « La Communauté Est Africaine».

L’EAC sera notamment un espace de libre circulation de marchandises, des personnes, des services et des capitaux assortis de règles ou de politiques communes assurant la réalité et l’équité de la concurrence, un développement équilibré des régions et une protection appropriée des acteurs économiques.

 

Son existence  requiert bien évidemment un effort constant des responsables politiques visant à l’élimination des mesures d’intégrations négatives pouvant porter atteinte à la libre circulation des biens et des personnes pour mettre en place alors des lois et règlements visant un système de fonctionnement correct du marché: mesures dites d’intégration positive.

 

Ces lois et règlements devront avoir un ordre supérieur sur les lois et règlements nationaux voire s’y substituer via des mécanismes de transposition de ces derniers dans l’arsenal juridique national, surtout par le principe de la hiérarchie des normes qui consacre la suprématie des engagements internationaux sous réserve naturellement de l’article 168 de la constitution pour ce qui est du Burundi.

 

Quand nous observons ce qui s’est passé en Europe, l’intégration des marchés est un phénomène qui dépasse la dimension économique. Pour qu’elle ait lieu, les Etats membres doivent coordonner leurs politiques dans plusieurs domaines, tels que fiscal et social.

 

En 1957, lors de la mise en place du Marché Commun, par exemple, il y avait énormément d’intérêts contradictoires entres les 6 premiers Etats de la communauté Economique Européenne qu’il se serait avéré périlleux de confier un mandat d’un pays à un chef d'Etat  d'un pays tiers: l’Allemagne et le BENELUX souhaitaient la création d’une union douanière avec un tarif extérieur bas. La France et l’Italie, moins compétitives à l’époque et à l’instar du Burundi d’aujourd’hui dans le contexte du marché de l’EAC, voulaient des mécanismes de régulation  de cet espace commercial commun et une certaine protection extérieure. L’Italie ajoutait un accent sur la libre circulation des travailleurs.

 

Si ces pays se battaient pour faire passer chacun son avantage pourquoi à plus fortes raisons, un pays comme le Burundi ne ferait-il pas de même!!

 

Rien que de ce qui précède, il me semble que l’heureux élu, en l’occurrence  son Excellence le Président Pierre Nkurunnziza, devrait prendre cette opportunité à bras le corps pour plusieurs raisons :

 

D’abord du point de vue individuel, il s’agit d’une occasion pour lui de s’approprier la paternité de la mise en place de ce marché qui sera inscrit dans les annales de l’histoire de la région et à l’actif de ses réalisations majeures.

 

Deuxièmement, la course au pouvoir prévue en 2010, se fera à titre individuel ou tout au plus pour le compte d’un parti.

 

L’actuel président sera, au moment des élections, mis aux mêmes pieds d’égalité que ces challengers dont ceux qui sont déjà connus sont Monsieur Domitien NDAYIZEYE  pour le FRODEBU et  Monsieur RWASA Agathon.  

NKURUNZIZA ira donc aux élections comme tout citoyen burundais tandis que cette offre de  présider la Communauté Est Africaine tient à sa position de chef d’Etat du Burundi. Cette faveur ne lui est pas donnée à titre individuel ou pour compétences particulières mais bel et bien en tant qu’institution. Mais du point de vue individuel, cette position, s'il ne l’avait pas déclinée, lui aurait donné un avantage comparatif par rapport aux autres candidats. Il se verrait offert gratuitement une occasion de marquer des points sur un terrain auquel ils n’ont pas accès en mettant à son compte les résultats de son mandat régional d’ici 2010 ou atténuant ainsi les erreurs accumulées pendant les quatre dernières années.

 

Il remet son mandat de l’EAC en 2011. Mais d’ici là beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts, que ce soit au niveau national ou régional.

Les élections ne devraient pas le paralyser car de toute façon, c’est un Burundais qui les gagnera!!! Cet exercice électoral n’est pas une nouveauté, encore moins une particularité pour le Burundi. Ce qui fait peur, ce ne sont pas les élections mais bien cette peur agressive, cette peur qui s’attaque aux partis d’opposition, cette peur qui entre dans le fonctionnement interne des partis et qui les torpille, cette peur qui paralyse les activités de la société civile, cette peur qui prend en otage l'appareil judicaire à la grande désolation de cet électorat qui devrait en être le premier bénéficiaire. C’est cette peur qui préfère l’esprit courtisan à la compétence, c’est cette peur qui ne respecte pas les accords et la parole donnée, cette peur qui annule d’un trait de plume 146 associations civiles animées d’un esprit de vérité et qui vit essentiellement des actes de charité, des associations qui ne cherchent ni lucre ni pouvoir. Eh bien c’est cette peur qui a peur du libre choix du citoyen et qui fonce dans les règles du jeu démocratique comme un buffle dans un magasin de porcelaine, entretenant ainsi une campagne fondée sur la haine .C’est cette peur qui franchit nos frontières et qui va alimenter et entretenir l’insécurité contre nos voisins au grand mépris du nouveau contexte géopolitique. C’est bien cette peur qui nous fait un peu de douleur, qui nous frappe de stupeur et nous laisse couler une avalanche de sueur, même si on est à l’abri du soleil .Oui, ce soleil que Dieu lève pour les bons et les méchants en attendant leur repentance.

 

Mais ne vous y méprenez pas, ce n’était qu’une parenthèse qui m’a traversé l’esprit et c’est sans rancœur, chose normale pour tout patriote qui a encore du cœur!!!

 

Restons en donc à ce mandat de l’EAC qui a fait couler de l’encre ces derniers jours dont nous persistons à contester les raisons de refus au grand jour.

 

Permettez moi de passer pour cela à un  troisième et dernier point  de mon propos concernant les éléments qui plaident pour la nécessité de dire oui à la présidence de la communauté Est africaine.

 

Il est avantageux pour le Burundi, qui est le maillon faible cette communauté, de transcender les peurs  que je viens d’énumérer et prendre cette opportunité à bras le corps. Elle met en effet le chef d’Etat burundais dans une position favorable pour proposer des mesures transitoires ou discriminatoires dans le processus de mise en place de ce marché afin d’atténuer des effets négatifs de l’intégration étant donné notre faible niveau de compétitivité.

 

L’attractivité de notre marché, j’allais même dire la taille de notre zone de chalandise, dépendra entre autres, qu’on le veuille ou pas, de notre positionnement fiscal sur ce dernier. C’est ce positionnement stratégique qui, à défaut d’avoir une taille critique de tissus industriel, d’offre de services ou de facilités d’accès à l’océan , nous donnera une place dans ce nouvel espace vital.

 

Quand le premier ministre belge, le très respectable Premier Ministre Belge sortant Herman Van Rompuy s’est vu offert la proposition de président de Conseil Permanent de l’Union Européenne, il n’a pas hésité un seul instant. C’est pourtant une perle rare dans la conduite des affaires. Des dossiers importants de négociations communautaires étaient sur la table, des élections fédérales l’attendaient pour 2010 comme chez nous. Mais ses compétences étaient aussi nécessaires dans cette haute fonction qui fait sa fierté et celle des Belges et résidants en Belgique qui l’ont , comme un seul homme l'ont spontanément soutenu  alors qu’on avait encore cruellement besoin de lui dans les affaires internes du pays.

 

C’est cette sorte de fierté qui me fait dire que nous sommes nés Burundais de sang et de sol, non par décret présidentiel, mais par destin. Nous en sommes fiers et nous voulons le rester. Le refus de nos autorités d’assumer de telles responsabilités dans la région, et tout autre genre de décisions politiques similaires, ne fait que mordre à ce capital immatériel qui nous restait: la fierté.

 

C’est cette fierté qui a été à l’origine de la prospérité des pays comme le Japon: Les japonais savaient que leur place dans le concert des nations se trouvait à la tête du train pour le développement et non à l’arrière. Le leadership prenait des décisions, concevait des projets et faisait des choix pas taillés à la durée d’un mandat présidentiel mais qui s’inscrivaient dans une vision et une perspective de long terme, dont les bénéficiaires étaient des petits-fils et des arrière-petits-fils de la nation. Et c’est comme ça qu’un Burundi, ancien Suisse d’Afrique déchirée par des guerres fratricides, devrait envisager les choses par cette opportunité qui nous est offerte dans le cadre de l’EAC à la veille des élections qui se préparent dans un contexte particulièrement opaque.

 

Tout lecteur avisé comprendra dès lors que prendre la commande de cette communauté  en ces moments, c’est prendre la commande de l’avenir économique de notre pays et pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups: redonner une nouvelle image du Burundi.

 

A mon avis que ce soit du point de vue personnel ou étatique, il s’agit d’un autre rendez-vous manqué avec l’histoire pour notre pays .En 2011, il y aura d’autres priorités, surtout dans un monde économique et politique régionalisé, mondialisé  et très dynamique. A moins que pour des raisons soit linguistiques, stratégiques ou d'affinités personnelles poussent à boycotter cette communauté au profit de l’Afrique Centrale ou une autre région virtuelle, mais la aussi on aurait déjà les mains dans le pétrin qu’il faut absolument faire le pain en attendant les nouvelles alliances. Je rejette d'ailleurs cette possibilité même pour un aveugle.

 

Laissez moi la liberté de dire que je reste personnellement convaincu que la meilleure façon de conserver un pouvoir déjà acquis, par vocation ou par opportunité,par les armes ou par démocratie, c’est de l’assumer pleinement, la paix et l’assurance dans l’âme , de l’exercer le plus naturellement et le plus sereinement du monde, en toute humilité, dans un esprit d’amour pour sa patrie et pour son peuple. L’exercer non dans la crainte du lendemain pour sa gloire mais dans la crainte de Dieu, dans la crainte et le respect des Institutions et des lois qui les régissent. Ainsi on pourra personnellement marcher de gloire en gloire et redonner encore un peu d’espoir à ce brave peuple que nous sommes supposés servir.

 

Seulement voilà, nous ne sommes que de pauvres citoyens. Nous donnons nos humbles opinions, mais nous savons que nous pouvons juste tirer une corde mais que jamais nous ne pourrons la pousser!!!!Mais rien ne résiste à l'épreuve du temps!!!

 

Dieudonné HABARUGIRA

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