UNE REGION OU UNE ETHNIE N’A JAMAIS DIRIGE LE BURUNDI

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 15 décembre 2005

La visite de la deuxième vice- Présidente à Rumonge a fait couler beaucoup d’encre. Certains ont pris cause pour ses déclarations alors que d’autres les ont critiquées. Jusqu’où un militant zélé à la recherche d’une reconnaissance peut-il aller pour que ses services soient reconnus ? Le ridicule ne tue pas. Les donneurs de leçons sont souvent arrosés alors qu’ils se croyaient arroseurs.

La globalisation génère le régionalisme, le tribalisme etc… Personne ne peut donner des leçons à toute une population d’une région sous prétexte que 3 anciens Présidents sont nés dans la province. Qu’est ce qu’il a gagné le paysan de Bururi de la présidence de Buyoya, de Micombero ou de Bagaza ? Pas grand-chose. Il est alors hors de question qu’il paie des pots cassés de ces régimes. Ce n’est pas un privilège qu’il y ait 2, 3 ou 4 ministres de Bururi. Par ailleurs, le gouvernement est composé théoriquement des gens honnêtes et intelligents. Si 3 ministres de Bururi sont plus intègres qu’un ministre de Ngozi, le paysan de Ngozi gagnerait à ce que le ministre de sa province soit limogé au profit de celui d’ailleurs plus honnête et plus compétent.

Les burundais doivent changer de mentalité. Une ethnie ou une région n’a jamais dirigé le Burundi. Seuls quelques individus, moins de dix ont saccagé le pays. Un Président hutu ne dirige pas nécessairement mieux le pays qu’un Président tutsi. Quelques soient les dérives autoritaires de Bagaza, force est de reconnaître qu’il a beaucoup contribué au développement  du  pays. La corruption était inférieure à celle qui a prévalu du temps de l’ancien Président Ndayizeye. 

Une personne est une et est différente d’une autre. Une région ne façonne pas ses habitants. Les clichés régionalistes ou ethnistes ne servent que les intérêts de ceux qui sont au pouvoir ou ceux qui veulent y arriver. Quant au simple citoyen de Bururi, de Kirundo ou Cibitoke, il a besoin qu’on le respecte sans qu’on lui rappelle chaque fois qu’il y a tant de ministres dans sa province alors qu’il les ignore complètement. Le conseil communal est un organe démocratique le plus proche des citoyens. Il est souverain, il peut suivre le pouvoir ou concevoir ses propres projets. Dans le cadre d’exercice du pouvoir, le gouvernement est tenu de le respecter.

Je ne suis pas l’avocat de telle ou telle région. Je suis un citoyen comme tous les autres. Justement, en tant que citoyen, je ne peux pas garder le silence face à des propos qui conduisent à une globalisation qui sonne comme une mise en garde adressée à une population ne sachant même pas comment ce pouvoir de Bujumbura est organisé. Les citoyens de Bururi, comme ceux d’ailleurs, ont les mêmes droits que les autres. Aucun citoyen ne peut prétendre en avoir ni moins, ni plus. Un membre du gouvernement est tenu de respecter chaque citoyen qu’il soit du sud, du nord , tutsi ou hutu. Personne ne peut payer à la place d’un autre.

Un soutien aveugle ne sert pas les intérêts de celui qu’on prétend soutenir. Ce soutien finit par exacerber ceux qui sont censés en  être les bénéficiaires. Hier, c’était un soutien aux corrompus et aujourd’hui aux propos déplacés qui méritaient des excuses. Celui qui a crié être victime de la globalisation, du régionalisme ou du tribalisme doit donner un bon exemple en dépassant ces tares du passé.