RENCONTRE DES BURUNDAIS DE FRANCE AVEC LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES

 Burundi news, le 02/01/2013

Par Gratien Rukindikiza

Une rencontre des Burundais de France et le ministre des affaires étrangères du Burundi a eu lieu le 27 décembre 2012 à 18 hrs. Les participants, hors le personnel de l'ambassade, étaient autour de 25 personnes.

Un film de propagande du Président Nkurunziza a débuté la rencontre

Un film de propagande du Président Nkurunziza a débuté la rencontre. Le film retraçait les réalisations des 50 ans après l'indépendance. A part quelques images du Prince Rwagasore, les autres politiciens burundais qui ont dirigé le pays ont été oubliés. Ne parlons pas des constructions du temps de Bagaza qui avait beaucoup contribué au développement économique du Burundi.

Le film montrait le Président Nkurunziza aux travaux communautaires. La mission était de faire en sorte que les Burundais présents se disent que Nkurunziza est le vrai bâtisseur du Burundi. Trop de propagande tue la propagande. Les fameuses réalisations étaient en grande partie des stades de football si on exclut les constructions privées et ses plantations d'ananas. A part le gaspillage, à quoi ça sert de construire un stade moderne dans une commune qui n'a même pas de clubs alors que la fédération de football de Bujumbura ne dispose que d'un seul stade Prince Louis Rwagasore en mauvais état? Est-ce que les Burundais vont faire du football en stades modernes pour oublier la faim?

Exposé du ministre

Le ministre Kavakure a expliqué les pas franchis par le Burundi au niveau du développement. Il a demandé aux Burundais présents de défendre une bonne image du Burundi et d'aider aussi au développement.

Il a noté qu'il existe une direction chargée de la diaspora au sein de son ministère. Il a aussi parlé  de la récente rencontre des quelques burundais de l'extérieur à Bujumbura lors de la fête de 50 ans d'indépendance du Burundi. Le ministre a expliqué aussi que le Burundi s'est engagé dans la lutte contre la corruption. Le Burundi est, selon le ministre, très apprécié en maintien de la paix surtout pour sa participation en Somalie. Il a dit que le pays a été contacté pour envoyer des troupes au Mali.

Le ministre a été bref pour laisser la parole aux Burundais présents

Questions et réponses :

Un premier intervenant a demandé des éclaircissements sur cette attribution de la concession du port de Bujumbura à une société non encore créée au moment de l'attribution de ce marché sans appel d'offres. L'intervenant insistait sur le  fait que l'Etat y perdra de l'argent. Une deuxième question concernait le dossier Manirumva. Le même intervenant demandait pourquoi l'Etat burundais a demandé aux Américains d'aider le Burundi à enquêter sur cet assassinat et refuser les suites de la même enquête notamment sur les responsables de la sécurité. Cet intervenant a aussi rappelé que cette direction de la diaspora est inconnue car les associations ont souvent des problèmes pour livrer des équipements au Burundi. Il est préférable que cette direction se fasse connaître et qu'elle puisse régler des problèmes liés à sa mission.

Une réflexion a été émise aussi concernant l'intervention du ministre. L'intervenant a rappelé que le pouvoir ne doit pas demander un soutien. La diaspora soutient le peuple et non le pouvoir burundais. Le pouvoir ne peut se défendre que par ses actions. Il a aussi émis un souhait pour que le pouvoir discute avec l'opposition et surtout les opposants qui sont en dehors du Burundi.

Le ministre a promis que la direction de la diaspora sera renforcée. Selon le ministre, l'ambassade peut aussi donner un document facilitant les démarches d'entrée au Burundi des colis des associations au Burundi. Concernant le dossier Manirumva, le ministre a émis son questionnement à savoir comment les chefs des services de sécurité pouvaient se trouver au lieu de l'assassinat de Manirumva, affirmant que c'est impossible. (Note de la rédaction : Pourtant les enquêtes  confirment la présence de ces responsables sur le lieu du crime).

Pour le dossier du port de Bujumbura, le ministre a expliqué que le dossier est passé en conseil des ministres et que compte tenu l'expérience de plusieurs ministres, habitués au conseil des ministres, s'il y avait des failles dans le dossier, il n'aurait pas été validé.

D'une parfaite franchise, le ministre a accepté que la corruption existe au Burundi et que tout n'est pas parfait. Il a rappelé que des listes des fonctionnaires et policiers fictifs ont été démantelées, que la corruption des policiers se fait rarement. Il va de soi que le ministre des affaires étrangères est souvent informé lors du conseil des ministres, la corruption nationale n'est pas son domaine. La corruption a beaucoup augmenté au Burundi. Le récent classement l'atteste. Un ministre ne peut pas dire que le pays s'enfonce dans la corruption.

Un autre intervenant a remercié le ministre pour sa disponibilité et a promis que les Burundais de France vont s'organiser en diaspora. Cette diaspora, selon l'intervenant, devra travailler avec le ministre pour négocier les avantages en faveur de cette diaspora. L'intervenant proposait même de constituer sur le champs un bureau chargé de la diaspora.

Un autre intervenant a récusé l'idée de constituer un bureau de la diaspora car c'est l'assemblée générale des Burundais de France qui pourra élire les représentants de cette diaspora.

Le ministre n'a pas voulu intervenir dans un débat de la constitution de cette diaspora. L'ambassadeur du Burundi en France est intervenu en signalant qu'il y a des Burundais en provinces qui doivent aussi faire partie de cette diaspora. D'une manière générale, les Burundais présents ont souhaité que l'ambassade ne fait que mettre à la disposition les locaux et laisse les Burundais eux-mêmes s'organiser.

Un intervenant a posé une question concernant le lien entre la commission des Terres et autres biens et la commission vérité et réconciliation. Le ministre a dit que les deux n'ont aucune relation car la deuxième pourra même commencer après la clôture de la première.

Un ancien caporal de l'armée burundaise, athlète, a exposé longuement son cas d'une injustice subie de la part de la fédération d'athlétisme qui a détourné un remboursement de son billet d'avion lors du 10 è d'athlétisme   à Helsinki. Le malheur de cet athlète est que les responsables de cette fédération étaient des officiers dont un général. Il a demandé au ministre des affaires étrangères d'intervenir dans ce dossier avant qu'il ne porte plainte dans les instances internationales de sport.

Franchise et ouverture d'esprit du ministre Kavakure

D'une simplicité légendaire, le ministre Kavakure a étonné par sa franchise. Il n'a pas voulu apparaître en donneur de leçons aux Burundais de l'extérieur comme certains le font. Il a reconnu certains problèmes au Burundi qui sont en cours de correction. Il ne pouvait pas dire autrement en tant que ministre. Il n'a pas hésité de faire comprendre qu'il ne maîtrise pas certains dossiers. La rencontre s'est déroulée dans une bonne ambiance sans polémique.