UNE RENCONTRE INHABITUELLE ENTRE LE PRESIDENT BURUNDAIS ET LES BURUNDAIS DE FRANCE

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 12 novembre 2006

Une rencontre inhabituelle car elle est unique en son genre sur plusieurs points. Elle est différente des autres rencontres entre un président et les Burundais de France.

Mpozagara, la prière !

Ce samedi, 11 novembre 2006, le Président Nkurunziza a rencontré les Burundais de France. Le Président est entré dans la salle à 13 hrs 40. Comme d’habitude, les Burundais se sont mis debout pour accueillir le Président de la République. Une minute, deux, on peut s’asseoir ? Non ! Nous attendons ! Qu’est-ce qu’on attend ? Les regards se tournent vers le Président qui reste debout. Il prononce un nom et surprise la prière. « Mpozagara ». Mpozagara est le conseiller principal juridique, diplomatique et politique à la présidence.

Mpozagara a remercié Dieu d’avoir aidé le Burundi. Il a demandé à Dieu d’aider pour que la rencontre se passe bien. Il a prié pour  le Président de la République afin que tout se passe bien.

Jamais, les Burundais de France n’avaient eu une prière avant les discussions.

Tout va bien, les Burundais mangent du pain et prennent aussi du thé !

Le discours du Président était axé sur les progrès actuels du Burundi. Nous avons eu droit à un tableau optimiste, le Burundi qui augmente sa production, qui combat la corruption. Un Burundi paisible où règne la justice. Toutefois, le Président a signalé que le Burundi est dans une phase d’observation pour mériter la remise de la dette par la Banque mondiale et le FMI.

Nous connaissons un Burundi où les gens meurent de faim à Kirundo, où les pauvres se font emprisonnés à l’hôpital faute d’argent pour payer les factures de plus en plus lourdes. Les violations des droits de l’homme dénoncées par les ONG internationaux n’ont pas été abordées par le Président.

Les Burundais qui peuvent prendre du thé avec du pain  sont moins de 5% de la population.

Les assassins de Ndadaye, dehors !

Le Président a annoncé qu’il a libéré les assassins de Ndadaye pour des raisons de politiques internes. Il déplore que certains ne comprennent pas l’importance de cette mesure. Au Burundi,  les assassins d’un Président de la République sont mieux lotis que les voleurs.

Maudit soit internet !

Les journalistes ont compris leurs erreurs car ils ne connaissent pas la loi, selon le Président. Ils auront des formations. Les sites internet ont été montrés du doigt. Ils ont été enfoncés par deux intervenants dont un responsable du CNDD-FDD en France qui a demandé des mesures contre ces sites. Il paraît qu’il y avait un responsable d’un site visé sans le nommer, selon la question ou la suggestion d’un intervenant. Coupables, levez-vous ! Burundi news était présent.

A force de dire du mal d’internet, une Burundaise a même demandé au Président de leur conseiller un site.

Rukindikiza n’a pas droit au parole, parole d’un conseiller à l’ambassade !

Le coupable justement qui anime un site n’aura pas le micro pour poser ses questions. Questions qui dérangent ! Silence, il ne faut pas déranger le Président qui a dit maintes fois qu’il se met dans les mains de Dieu.

Un conseiller de l’ambassade passe par deux intermédiaires pour dire au directeur du protocole  aux affaires étrangères, Mr Masabo, de ne pas donner la parole à Rukindikiza ! Information bien vérifiée. Qu’est-ce qu’il a fait ce Rukindikiza ? Hier, on disait qu’il était  membre du CNDD-FDD. Aujourd’hui, persona non grata au  rendez-vous avec le Président !

J’ai l’habitude d’éviter les pièges- questions !

Le Président avait averti, toute question piège sera évitée. Non ! Elle a osé poser la question des faux putschistes ! Bon sang, elle a aussi enchaîné avec une question sur le pouvoir de Radjabu. Les questions qui fâchent. Le Président a esquivé la question sur le putsch en signalant que c’est à la justice de suivre le dossier et qu’il interviendra après le jugement si c’est nécessaire. «  Vous m’aviez tendu un piège, je l’ai évité ! », a –t-il dit. Il a dit que ceux qui tenteront un putsch, la guerre commencera chez eux et finira chez eux. Il n’y a plus de jeu, a-t-il dit avec un ton qui tranchait avec celui qu’il avait adopté depuis le début de la rencontre.

Radjabu, quel pouvoir ?

Le Président a été à l’aise quand il a abordé la question de Radjabu. Il n’est pas au pouvoir, il n’est pas membre du gouvernement. Dans l’ordre protocolaire, il est très loin, selon le Président. « Même si je disparaissais, la constitution est claire, ce n’est pas Radjabu qui aurait le pouvoir. Radjabu n’est pas un Monsieur important tel que vous le concevez » Il a dit que Radjabu ne représente pas le Burundi à l’étranger, c’est le Président  qui le représente ou les ministres.

Quelle tenue ?

Un Président en chaussures de sport, du jamais vu en France. Il était avec le Président Chirac en costume. Il s’est changé pour rencontrer les Burundais alors qu’ils étaient en costumes avec cravates et belles robes pour les femmes.

Je cherche la dent de Ntare Rushatsi !

Une question insolite. Une dame demande au Président de la République de pouvoir déterrer Ntare Rushatsi pour retirer sa dent ! Eh oui, la dent de Ntare Rushatsi ! Qu’est-ce qu’il a fauté ce pauvre Ntare Rushatsi, victime des doutes qui pèsent sur sa date de décès. La Burundaise fait un doctorat en Archéologie. Depuis 1994, elle demande une autorisation aux différents pouvoirs burundais pour arracher cette dent de Ntare Rushatsi, le pauvre ! La dent serait acheminée à Paris pour dater son ancienneté. Qui aurait cru que la dent de Ntare Rushatsi à Paris.

Le Président a donné l’autorisation sur place  en promettant aussi les moyens de déplacement. C’est un laboratoire français qui nous permettra de savoir s’il y avait une chronologie longue ou courte de la monarchie burundaise. 

Willy Nyamitwe oublié par le Président !

Le Président a présenté les invités qui l’ont accompagnés du ministre au militaire. Qui a été oublié ? Personne ? Willy Nymitwe n’a pas été présenté par le Président de la République. Oubli ?  Pourtant, beaucoup de Burundais voulaient le voir.