LE BURUNDI AU CHEVET DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Burundi news, le 05/01/2014
Par Gratien Rukindikiza
LE BURUNDI AU CHEVET DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
L’Afrique traverse une période difficile avec des conflits armés. Après le Mali, la Somalie, le Soudan, la RDC, il y a le conflit en République centrafricaine. La chute du Président Bozize chassé du pouvoir par les milices Seleka a créé un vide politique et un conflit inter religieux est né.
Seleka est un mouvement composé des groupes venant du Tchad, du Soudan et d’autres pays. Certains groupes sont de véritables bandits qui n’avaient d’autres missions que de piller ce pays. Le Président Bozize a été chassé du pouvoir par ces bandes sous l’œil complaisant des Présidents de l’Afrique centrale. En effet, Bozize a mis en colère ces Présidents à tel point que son départ était souhaité.
Le Dr Major Pierre Buyoya au chevet du malade centrafricain avec succès
Les Centrafricains savent que le Burundi a des ressources humaines de qualité. L’ancien Président Buyoya a été à la hauteur de sa mission. Il a mis sur la même table les protagonistes centrafricains, du temps de Bozize. Il les a réconciliés et le pays était lancé. Il a été comme un médecin qui soigne un malade alcoolique et qui lui demande pour se maintenir en bonne santé d’arrêter de boire et qui s’est mis à l’alcool après son départ.
Le Dr Major Buyoya est au chevet du Mali et du Sahel. Il ne peut pas être partout. La République centrafricaine a besoin encore du Dr Buyoya. Sa spécialité de pompier en monde francophone n’est pas celle des autres médecins. Le Dr Buyoya qui ne soigne pas chez lui au Burundi, est efficace à l’étranger. On a beau aimé ou haïr la personne, Buyoya est devenu la fierté du Burundi à l’étranger. Certains pensent même que c’est lui le Président du Burundi. C'est ce que me disait quelqu'un qui se dit grand connaisseur de l'Afrique et qui avait assisté à une réunion des chefs d'Etat de l'Afrique à Paris. En effet, le Président burundais Nkurunziza était sur la liste des conférenciers. Ce jour, il était absent mais sur la liste. Or, l'ancien Président Buyoya était le modérateur. Il était présenté comme le demande les usages "Monsieur le Président". Ne voyant qu'une seule personne burundaise appelée Monsieur le Président, certains participants ont cru que le Président burundais était là. Est-ce que l'ombre d'un Pierre plane sur un autre Pierre? Peu probable, notre Dr Major Pierre est plus apprécié à l'étranger qu'au Burundi et il est plus à l'aise hors du Burundi, de la politique politicienne actuelle.
Les militaires burundais en République centrafricaine honorent leur patrie
Le Burundi a envoyé en décembre un bataillon de 500 militaires en République centrafricaine. Ils sont allés renforcer les 1 600 militaires français et quelques centaines de militaires congolais de Braza, sans oublier le contingent tchadien.
Le contingent burundais a apporté un souffle nouveau. Les militaires africains avaient des problèmes à s’imposer sur le terrain. Entre les Tchadiens avec leurs gâchettes faciles et les Congolais invisibles sur le terrain, les militaires burundais ont été un salut pour le contingent français accusé par les musulmans d’être avec les chrétiens.
Les militaires burundais sont réputés disciplinés, raisonnables, pouvant discuter avec les musulmans et les chrétiens. Ces militaires ont déjà l’expérience de la Somalie. Les Tchadiens ont cru que les Burundais silencieux étaient de simples militaires qui se font agresser sans réagir. Les militaires tchadiens qui leur ont lancé une grenade parce que les Burundais désarmaient les milices Seleka ont laissé sur place cinq blessés. Désormais, les autres militaires présents à Bangui savent que les Burundais sont de vrais professionnels et très fermes.
L’Etat major français a compris que cette armée sort du lot des autres militaires présents. Ce sont des patrouilles mixtes franco burundaises qui se voient dans les rues. Les musulmans et les chrétiens font confiance en une seule armée, celle du Burundi.
Le commandant adjoint de la Misca, le général Kararuza doit être fier des Burundais. Sa mission est sans doute compliquée par les intérêts des Tchadiens en Centrafrique. Ils ont soutenu l’arrivée au pouvoir de Djotodia et roulent en quelque sorte pour Seleka. La question se pose sur le maintien du contingent tchadien.
Les succès de l’armée burundaise à l’étranger ne devraient pas signifier que le Burundi a une réserve pour d’autres envois. Le pays se retrouve avec plus de 7 000 militaires en dehors du Burundi. Est-ce que le Burundi dispose des bataillons suffisants pour défendre les frontières ? Sans révéler les effectifs de l’armée burundaise et ceux en situation de se battre, nous pouvons affirmer que la limite est déjà atteinte.
Le Burundi est au chevet de la République centrafricaine. Le malade a besoin de tout. Il faut une véritable réconciliation de type Arusha. Il faut aussi des institutions, des infrastructures, bref construire un Etat. Ce n'est pas le devoir des Burundais. Les Centrafricains devraient s'engager à construire leur pays rempli de pétrole convoité par plusieurs pays. Et si les richesses des Centrafricains étaient leur malheur!