Réponse à l’anonyme et prolifique Leadership Institute: les preuves de l’amélioration continue du Burundi et du progrès démocratique.

Par Jean Charles Nkanganyi

 

Dans une livraison récente, le mystérieux Leadership Institute insiste et lance un « défi » de « prouver chiffres à l’appui » que « le CNDD FDD a fait des réalisations grandioses avec la construction des écoles, des centres de santé, la gratuité de soins de santé, l’éducation gratuite sans oublier la plantation des arbres fruitiers prétendant que sa victoire est assurée en 2010. » 

 

Voici quelques suggestions au Leadership Institute: chaque fois que vous êtes tenté de critiquer, de ridiculiser ou de minimiser les réalisations de l’administration actuelle, il serait bon de réfléchir un moment à trois séries de questions : 

 

1) Que signifie une situation «post-conflit » ? C’est une longue convalescence. Grâce à l’administration actuelle issue de la victoire du CNDD-FDD, le Burundi n’est pas retourné en situation de conflit. Les mêmes causes et comportements qui avaient enclenché et perpétué le conflit initial ne s’effacent pas magiquement en trois ou quatre ans. Pour cela, S.E. le Président Nkurunziza a reçu plusieurs prix internationaux pour la paix.

 

La crise ou le conflit Burundais dure depuis plus de 40 ans pendant lesquels la tentation autoritaire, l’usage de la force, l’insulte facile, la diffamation et l’animosité illogiques se sont incrustés dans les mœurs de la classe politique et le discours général sur la situation politique de notre pays : une analyse attentive montre que cette intolérance se manifeste assez souvent dans les écrits sur le cyber space Burundais, y compris les écrits du Leadership Institute.

 

Aujourd’hui, le Burundi vit une période de négociation constante entre les forces du progrès, de la paix et de la modération (les forces démocratiques) contre les forces et les habitudes acquises pendant le conflit, dont l’usage de la violence, la corruption, l’injustice, le mensonge, etc. et  jusqu'à ce jour, la modération, la justice et la paix ont pris le dessus sous cette administration.

 

Lentement, un pays en post-conflit doit combattre la méfiance entre les belligérants d’hier, éliminer la culture de dictature, d’oppression, d’ethnisme, d’exclusion régionale, de privation de liberté, etc.. Souvenez vous des statistiques post-conflit des Nations Unies qui prédisent qu’il y a 50 % de chances qu’un pays qui sort de la guerre y retourne moins de deux ans après les élections démocratiques. Le Burundi a pu être une exception à cette règle grâce aux efforts de tout le monde, et surtout du CNDD-FDD et du Gouvernement en place.

 

Si vous voulez vous convaincre de notre chance d’avoir le CNDD-FDD aux commandes de la nation, regardez ce qui se passe près de chez nous pour les pays en post-conflit :  au Congo, M. Bemba, le candidat à la Présidentielle qui avait obtenu plus d’un tiers du suffrage au niveau national, surtout majoritaire en territoire lingalaphone, y compris à  Kinshasa, a fuit le pays après une confrontation armée avec le pouvoir moins d’une année après les élections démocratiques. Il est maintenant en exil. Le Kenya est au bord du gouffre après les élections récentes, quelques années seulement après des décennies de dictature, le virus de la dictature risque de reprendre le dessus au Kenya, par ceux-la même qui l’avait initialement combattu.

 

Sans aller très loin pour illustrer les mauvaises habitudes acquises par tous les protagonistes pendant la période « conflit », regardons ce qui ce passe parfois sur le cyberspace Burundais : l’habitude d’utiliser l’anonymat ou le pseudonyme pour injurier, pratiquer l’injustice du bout du stylo, l’extrémisme et la calomnie la plus abjecte. De même les membres du Leadership Institute travaillent dans l’anonymat et n’osent pas signer leurs écrits, qui deviennent alors en réalité des tracts.

 

Au cours de cette administration CNDD-FDD, il s’est passé des échecs et des succès, La critique est une activité saine mais le ton des écrits du Leadership Institute ressemble plus à une harangue conflictuelle ou à une propagande fougueuse anti-CNDD-FDD qu’une analyse réelle d’un opposant crédible au pouvoir de Bujumbura.

 

Le Leadership Institute pourrait sortir de la période conflit des tracts et aider à consolider la période post-conflit en signant ses écrits ou tout au moins en publiant la liste des membres de ce groupe. Signer ses écrits pousse à plus de réalisme et de respect envers ses lecteurs.

 

2) Dans quelle mesure le Leadership Institute est capable d’accepter l’idée que le Changement est un processus progressif ?  Prenons comme exemple le problème difficile de l’Ethnisme au Burundi: Même les plus ardents détracteurs du CNDD-FDD reconnaissent que ce parti a fait un travail excellent à ressouder le tissu national.

 

Dans le passe, les Burundais ont connu tellement de souffrances à cause de « l’ethnie », et de l’usage qu’en ont fait les politiciens, a tel point que le pays s’est dote d’une constitution à quota ethniques. Beaucoup de décisions et actes politiques, ont été très longtemps bases sur le critère ethnique. Même aujourd’hui, de temps a autre, il arrive que des citoyens subissent l’arbitraire ou l’exclusion à cause de leur appartenance ethnique.

 

Par exemple, il y a quelques mois l’ex-ministre des Finances, Mme Denise Sinankwa avait été accusée d’avoir recruter exclusivement une trentaine de tutsis au service des douanes. Dans le secteur de l’emploi prive ou public, j’imagine qu’il y a plusieurs autres cas similaires de discrimination de tutsis ou de hutus mais qui demeurent anonymes.

 

Récemment dans la diaspora vivant en Belgique, sur le web, deux Burundais hautement éduqués en sont venus pratiquement aux mains dans une chamaillerie ethnique pour le contrôle d’une commission d’experts. On apprends aussi parfois dans les nouvelles qu’il y a eu des appréhensions ethniques à Kirundo, à Ruyigi, et  il y a quelques mois, une dépêche ABP a parle d’une tension ethnique au Lycée de Musinzira.

 

Le problème de l’ethnisme étant très difficile à cerner et sensible à décortiquer, et surtout embarrassant dans son apparent illogisme, il semble que même les medias et la société civile n’osent pas trop commenter dessus pour chercher une solution adéquate qui dépasse les quotas. Par exemple, aussitôt que le nouveau Conseil National des Droits de l’Homme sera en place, ce sera une avenue pour porter plainte et demander une intervention du Conseil pour protéger les droits tout citoyen qui est victime d’exclusion ethnique. En attendant cet organe, par exemple, a mon humble avis, les ONG des droits de l’homme comme la Ligue Iteka, l’APRODH, le Conseil des Bashingantahe, etc. auraient pu pensé à organiser un séminaire pour les enfants du Lycée de Musinzira pour les aider à dépasser le cap de l’ethnisme.     

 

Quand les mécanismes d’anti-exclusion ethnique seront bien compris par toute la population, les rares cas d’ethnisme, de suspicion ou d’appréhension ethnique qui se manifestent encore disparaîtront. La revendication ethnique politique telle que connue avec certaines organisations comme le Palipehutu, tutsi.org, etc. perdra aussi de sa relevance. Au départ,  la revendication identitaire ou ethnique est la réaction politique deliberée de tout groupe humain menacé d’injustice, d’exclusion, d’extinction ou de subordination. En revanche, un groupe qui se sent en sécurité et dont  les droits ne sont pas en danger n’éprouve guère le besoin de renforcer son unification et de proclamer sa différence.

 

En revenant au Leadership Institute, ou tout autre institut ou ONG qui se veut stratégique et utile pour les Burundais, il devrait plutôt s’occuper à développer la compréhension des problèmes difficiles, comme la question ethnique et mettre au point des méthodes d’intervention en cas de conflit dans un lieu de travail, dans une commune, etc. quand il y a méfiance et souffrances consécutives à un incident de nature ethnique.

 

Les problèmes Burundais de l’ethnisme, du sous-développement, de la lutte contre la corruption, contre l’impunité, sont complexes et prendront une période de convalescence qui correspond à la recherche de solutions adéquates.  La modération et la critique constructive font partie de la solution nécessaire. Malheureusement le Leadership Institute échoue sur ces deux points, il se borne uniquement à se proclamer anti-CNDD-FDD pour des fins électoralistes en utilisant des arguments minces et anecdotiques qui n’incitent pas le lecteur à le prendre au sérieux. Le Leadership Institute va jusqu'à suggérer une coalition irréaliste des partis Uprona-Frodebu-CNDD pour les élections 2010.

 

3) Est-ce que le Leadership Institute est sous informé ?   A propos de la révolution de l’éducation de base au Burundi et des soins de santé primaires, le changement est spectaculaire. Sous le coup de la sous information, le Leadership Institute fait des critiques plus ardents que les faits ne le justifieraient. La première chose à faire pour tout individu ou organisation qui voudrait avoir des nouvelles constantes et réelles sur le pays serait de souscrire à un abonnement aux depeches journalières de l’Agence Burundaise de Presse (ABP).

 

Ce phénomène de sous information, même de bonne foi, n’est pas unique : Dernièrement, un autre éditeur du web Burundais écrivait que c’était « motus et bouche cousue » à propos du déploiement des soldats Burundais en Somalie.  Pourtant, au cours des 12 derniers mois, les depeches de l’ABP étaient pleines d’information sur les préparatifs, les formations militaires diverses dispensées localement à ce contingent, y compris par des soldats Américains, les certificats de réussite octroyés en présence des autorités Burundaises et de l’Ambassade Américaine, etc.

 

La coopération est au beau fixe pour les deux peuples Burundais et Américains, que ce soit pour aider le Darfour ou aider la Somalie. La Somalie est notre pays voisin, et que Dieu protège la stabilité du Kenya, sinon les deux pays se partagent la frontière et les armes qui sont librement vendus en Somalie traverseraient la frontière et entreraient massivement au Kenya, et par conséquent, la région entière, y compris le Burundi regretteront qu’ils n’aient pas fait plus d’efforts pour stabiliser la Somalie il y a quelques années : la vente libre des armes et le chaos en Somalie sont un facteur d’instabilité pour l’Afrique de l’Est. L’instabilité est contagieuse. Les intérêts des Africains et des Américains se rejoignent parfaitement sur ce point.

 

En définitive, le débat politique devrait aider à résoudre les problèmes du pays au lieu de se limiter à la manœuvre électoraliste, très précoce, du Leadership Institute. Récemment le Leadership Institute avait l’arrogance inacceptable de déclarer avec un brin d’inquiétude que les Burundais sont une masse d’« illettrés » qui pourraient être séduits à re-élire le Parti CNDD-FDD en 2010 à cause de la plantation des arbres fruitiers, des travaux communautaires et autres réalisations dans le domaine de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.  Le minimum est de respecter que les Burundais savent ce qui est bon pour eux, quel que soit leur niveau d’éducation : l’amélioration du vécu quotidien (paix et développement) est le seul vrai critère du vote et du choix politique. 

 

Ramba,

 

Jean-Charles Nkanganyi