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Burundi news, le 25/05/2010
Résultats « provisoires » des communales fiables ?
Par Bernard Nzibarega
En tant qu'observateur de la vie politique de mon pays, je m'interroge sur un événement aussi important que celui qui est en cours, à savoir le décompte des résultats des élections du 24/05/2010! Les énormes surprises qui en découlent suscitent des interrogations tout aussi énormes!
Je ne veux soupçonner personne, mais beaucoup de ratés de la journée d'hier sont incompréhensibles. Plusieurs bureaux de vote manquaient de bulletins de vote de plusieurs partis politiques. Comment justifier la répartition inégale des bulletins de vote dans les bureaux de vote? Est-ce que l'action était délibérée?
Rien qu'en partant de seul fait, la CENI aurait dû ajourner le scrutin, au lieu de l'organiser dans la précipitation. En effet, nous avons assisté à des faits, pour le moins, surprenants: suspensions, puis reprises du déroulement des opérations, suivies de nouvelles suspensions et reprises.... dans quelques bureaux.
Les explications du Président de la CENI ne sont pas convaincantes. Qui avait intérêt à ce que les électeurs / électrices se découragent...? Cela s'est produit à plusieurs endroits. Ainsi certaines électrices et certains électeurs ont été privés de leur droit de vote.
Certains bureaux ont ouvert avec plus d'une heure de retard, faute (encore une fois) d'approvisionnement en bulletins de vote, malgré le temps de préparation supplémentaire que la CENI s'était accordé à cause du double report. Est-ce compréhensible? Certains autres bureaux ont fermé très tard dans la nuit, est-ce compréhensible? On peut d'ailleurs se demander dans quelles conditions les scrutateurs travaillaient!
Pourquoi des présidents de bureau ou des présidents de la CEPI devaient courir à gauche à droite à la recherche de bulletins de vote qui auraient dû être fournis en nombres suffisants, dès le départ, en fonction du nombre d'inscrits, tout en en prévoyant un surplus de sécurité, dans tous les bureaux?
Quelle garantie peut-on avoir que les procès verbaux, souvent rédigés à la lumière des bougies ou des lampes à pétrole, correspondent aux contenus des urnes? Pourquoi ne pas avoir prévu des groupes électrogènes dans chaque bureau, en cas de panne ou de coupure de courant électrique?
Autre fait troublant: il est, pour le moins, scandaleux que certains scrutateurs aient pu ou dû rentrer chez eux avec les urnes, faute de pouvoir les acheminer au bureau du président de la CEPI. Que dire des scellés qui, semble-t-il, n'étaient pas si inviolables que ça? Ceci est quand même grave! La CENI aurait dû assurer l'acheminement des dites urnes sous bonne garde par qui de droit pour éviter tout soupçon. Qu'est-ce qui nous prouve qu'il n' y a pas eu de bourrages d'urnes? Les écarts entre le CNDD-FDD et les autres partis est tellement trop énorme pour être crédible compte tenu du contexte politique connu de toute la population! Qui a signé et contre-signé les procès verbaux attestant la véracités des chiffres annoncés actuellement sur les ondes des media, avec l'aval de la CENI?
Qui ignore le principe du « deux poids deux mesure » dont le gouvernement NKURUNZIZA use et abuse contre l'opposition? Sur ce sujet, le silence de la CENI ne l'a pas vraiment honoré. Encore moins la complicité coupable du Premier Vice-Président qui brigue, pourtant, le fauteuil présidentiel. Tout cela laisse penser que les résultats « provisoires » peut vouloir dire « frauduleux » tant que la CENI n'a pas démontré leur crédibilité, et la sienne aussi.
En attendant le décompte officiel de la CENI, je trouve que celle-ci devrait ouvrir un cahier des doléances pour recueillir toutes les remarques constructives qui la mettrait à l'abri d'autres critiques ultérieures.
L'agitation et la nervosité dont, visiblement, certains dirigeants et militants du CNDD-FDD faisaient preuve au cours de la journée d'hier ( tentatives de voter 2 fois, poursuite déguisée de la campagne électorale, intimidations, etc...) trahissaient mal leur désarroi. Que le « Dieu de NKURUNZIZA » ait transformé ce désarroi en une victoire aussi écrasante relève du miracle que quiconque connaît le contexte actuel aurait du mal à expliquer! Y compris lae Président de la CENI!
Je termine mes observations sur un point positif: la sécurité était bien assurée, malgré des actes isolés de certains responsables du CNDD-FDD qui ont tenté d'intimider et d'influencer l'électorat dans certains endroits. D'ailleurs on est en droit de se demander pourquoi ils faisaient cela s'ils étaient sûrs de la victoire de leur parti.
Et si cette victoire n'était pas la leur? Face à ce qui semble être le fruit d'une fraude électorale bien organisée, l'honneur du peuple burundais est en jeu: aux responsables de l'opposition et au peuple burundais de ne pas accepter l'inacceptable. Personne n'a le droit de revendiquer une victoire contre qui que ce soit. LA DEMOCRATIE DOIT TRIOMPHER! Nous exigeons la transparence totale sur les vrais résultats des élections du 24/05/2010.
La CENI doit maintenant démontrer qu'elle est réellement indépendante!