LA REVANCHE DE LA RPA SUR RADJABU

 Burundi news, le 28 avril 2007

Par Gratien Rukindikiza

Le puissant deviendra petit devant les petits. Il y a des hommes qui étaient des tous puissants qui sont devenus des hommes ordinaires. L’histoire sait bien récompenser ou punir ceux qui ont été arrogants au moment où ils étaient forts. La force d’aujourd’hui prépare la faiblesse de demain.

Au Burundi, Radjabu a été un homme fort, un tout puissant, l’homme qui pouvait défaire la carrière des autres ou même le mandat d’un Président. Radjabu pouvait nommer ministre un incompétent, il pouvait faire emprisonner un ancien Président sans que les institutions protestent. Il disait à ses invités qu’il peut faire tout dans ce pays. Le Président de la République n’était que son exécutant. Votre site l’avait signalé depuis plus de dix mois.

Radjabu et Sinduhije, anciens amis devenus ennemis

Pour arriver au pouvoir, le CNDD-FDD n’a pas gagné la guerre. Je dirais même qu’il l’a perdue compte tenu de ses prestations sur le terrain. Il a gagné les élections car il a eu une très bonne médiatisation et le peuple voulait sanctionner le Frodebu et l’Uprona.

Pour la médiatisation, la RPA a joué un rôle clé, déterminant pour cette victoire. Cette radio a été même sanctionnée pour avoir favorisé le CNDD-FDD. Ce n’est un secret pour personne que Radjabu consultait le directeur de la RPA tous les jours au cours de la campagne électorale et pendant les premiers mois du pouvoir. Radjabu m’a dit un jour que toute stratégie au CNDD-FDD est arrêtée après consultation d’Alexis Sinduhije qu’il appelait son frère. Les choses ont changé quand Sinduhije s’est rendu compte que la ligne fixée par ce parti divergeait avec les intérêts du peuple. Il a été un des premiers Burundais à constater le virage dictatorial de ce pouvoir. Il l’a signifié à Radjabu qui n’a pas admiré des leçons.

Pour bien comprendre les relations entre les deux anciens amis, une petite histoire s’impose. Elle m’a été racontée par une personne présente. Quatre ministres attendent depuis une heure dans le salon chez Radjabu pour être reçus. Alexis Sinduhije arrive et il est annoncé. Radjabu sort tout de suite pour l’accueillir et l’invite à le suivre. Radjabu lui dit en swahili de venir causer avec lui. Sinduhije s’excuse en disant qu’il ne peut pas être reçu avant les quatre ministres présents. C’était pendant la période de transition. Radjabu lui dit que ces « Pumbafu », ce qui veut dire, imbéciles, vont attendre. Les discussions ont duré plus d’une heure et aucun des ministres n’a bougé de son fauteuil.

Depuis la dégradation de leur relation, Radjabu a tout fait pour faire plier Sinduhije. Ce dernier a été inflexible, maintenant son désaccord par rapport à  l’attitude de Radjabu dans la gestion du pouvoir. Des insultes entre les deux hommes n’ont pas manqué par radios interposées, jusqu’au fameux discours de « Gahanga wishwe n’iki ». La radio RPA entrait alors en guerre ouverte contre Radjabu et Radjabu déclarait la guerre à la RPA. 

Affaire du putsch

Le faux putsch a été dénoncé dès le début par la RPA comme étant un montage pur et simple de Radjabu. Votre site Burundi news a aussi apporté des éléments pour démontrer que Kadege, Ndayizeye et les autres étaient emprisonnés à tort. Démentir Radjabu était un crime de lèse majesté. La RPA a éclairé l’opinion publique et internationale sur ces emprisonnements illégaux, sans preuve.

Radjabu a alors décidé de casser la RPA. Il a fait signer une pétition contre la direction de la RPA à certains salariés moyennant une promesse d’argent et de postes. Certains sont tombés dans le piège et sont toujours au chômage sans aucune aide. Nyamitwe et un ancien journaliste de la RPA Kamwenubusa étaient les coordinateurs de ce plan de déstabilisation pour le compte de Radjabu.

Le montage de ce faux putsch devait avoir comme conséquence l’emprisonnement de tous ceux qui constituaient un frein à Radjabu. C’est ainsi qu’il a voulu aussi impliquer Alexis Sinduhije dans ce putsch. Grâce à la pression médiatique, le pouvoir a fini par céder et libérer les putschistes sans que Radjabu soit averti.

La RPA et la prise de conscience des militants du CNDD-FDD

A force d’expliquer, de prouver, de démontrer, la RPA a fini par convaincre les militants du CNDD-FDD que Radjabu constitue un danger pour son pouvoir. Toutes les failles de Radjabu ont été exploitées. La déclaration de Radjabu à Kigali a jeté un pavé dans la mare. Il prenait position pour Kagame au nom du gouvernement burundais qui ne l’avait pas mandaté. En plus, il adhérait à la version rwandaise de l’avion de l’ancien Président rwandais Havyalimana abattu par les proches de Havyalimana lui-même et surtout il expliquait que les français étaient impliqués dans le génocide rwandais. Une grave accusation qui ne pouvait pas laisser indifférent le pouvoir burundais par rapport aux bonnes relations avec la France.

La médiatisation de cet incident par la RPA a marqué une phase fatale pour Radjabu. Certains généraux ont commencé à marquer leur désaccord par rapport à l’implication de Radjabu dans les affaires de l’Etat. Votre site Burundi news n’a cessé depuis plusieurs mois de prévenir les militants du CNDD-FDD qu’ils ont à choisir entre perdre avec Radjabu ou gagner sans Radjabu. La chute de Radjabu s’est officialisée avec le congrès de Ngozi.

La RPA envoie Radjabu en prison

Serge Nibizi et Domitile Kiramvu ont été emprisonnés sur ordre de Radjabu pour sanctionner la RPA et la casser. Ils sont sortis de la prison car ils étaient emprisonnés sans motif sérieux.  Leur revanche n’a pas tardé.

Radjabu a cru qu’il pouvait tout faire impunément. Ses hommes et femmes placés dans les institutions devaient continuer à le protéger notamment Mbazumutima, directeur de cabinet du Président de la République, le premier des Radjabistes. Le pouvoir possédait depuis plusieurs semaines des preuves de préparation de rébellion par Radjabu. Il savait que des anciens rebelles se préparaient à déstabiliser le pays. Ils avaient déjà commencé à Muyinga. Ce pouvoir a préféré fermer les yeux comme si Radjabu possédait une bombe prête à exploser.

Beaucoup de Burundais pensent que sans la RPA, la démocratie au Burundi serait dans les oubliettes. Elle a fait plier beaucoup de régimes alors que les autres partis politiques ne faisaient que quémander des miettes.

En diffusant le contenu d’une cassette enregistrée par les services secrets burundais, la RPA a forcé la main du pouvoir. Radjabu avait été enregistré par un de ses combattants qui était un élément infiltré. Cette cassette se trouvait à la Documentation et personne ne savait ce qu’ils allaient en faire.

La diffusion des extraits de cette organisation de la rébellion de Radjabu a choqué l’opinion publique et le Président de la République a été traité de tous les noms. Le Président ne pouvait pas rester indifférent. Ces extraits assez consistants et accusateurs ont poussé le pouvoir à arrêter Radjabu et à l’emprisonner.

Radjabu est en prison. L’homme qui disait qu’il n’a pas peur de ce pouvoir ne s’est pas empêché de pleurer devant la porte de la prison. Il a eu droit aussi à un bizutage en prison car les autres prisonniers lui ont enlevé ses chaussures et marchaient pieds nus en prison.