Note de la rédaction : Nous publions un article paru chez nos confrères d'Abarundi.org. L'article mérite une certaine attention car il a été écrit en 2002 au moment où les criminels n'étaient pas encore connus. Aujourd'hui, le 31 janvier 2005, certaines voix commencent à désigner l'ancien Président Buyoya comme étant le commanditaire de l'assassinat.

 

RÉVÉLATIONS TROUBLANTES SUR L’ASSASSINAT

DU REPRÉSENTANT DE L’OMS AU BURUNDI.

 

L’assassinat du Dr Kassy Manhlan aurait été commandité par un haut responsable politique burundais qui projetterait d’autres  assassinats, notamment celui du Chargé d’affaires de l’Union Européenne.

 

 

Le texte qui suit nous a été envoyé avec une petite note d’accompagnement libellée comme suit :  «tu ne diras jamais à personne qu'il est venu de moi pour protéger mes sources. Les informations sont très sûres à 100% et je dispose d'autres informations pouvant mettre X en prison directement. Si tu as des questions, tu peux me contacter… ».

 

Dans sa petite note, notre informateur a révélé le nom de Monsieur X, qui se trouve effectivement être une « personnalité politique hautement placée ». Nous avons promis de ne pas révéler ni l’identité de notre informateur, ni le nom de Monsieur X. Manhlan est mort, rien ne peut le faire revivre. Nous espérons tout au moins que ce document attirera l’attention des magistrats du bureau du Procureur Général de la République pour que justice soit faite. Tout finit par se savoir, la vérité finit toujours par triompher.

 

La rédaction de ABarundi.org

Le 9 août 2002

 

QUI A TUE LE DR KASSY MANHLAN, REPRESENTANT DE L’ OMS AU BURUNDI?

 

 

Le représentant de l’OMS au Burundi, le Docteur Kassy Manhlan, a été tué dans la nuit du 20 au 21 novembre 2001. Kassy Manhlan était de nationalité ivoirienne  et  avant d’entrer à l’OMS, il était doyen de la faculté de médecine à l’Université d’Abidjan en Côte d’Ivoire.

 

Cette mort a suscité beaucoup de questions qui n’ont pas eu de réponses.

Qui a tué le représentant de l’OMS?

Qui a commandité son assassinat?

Quel est le mobile du crime?

Comment a-t-il été tué?

 

A travers cet article, nous tenterons d’apporter des réponses qui sont le résultat de nos enquêtes dans les milieux occidentaux qui ont suivi cette affaire. Nous avons aussi exploité les émissions de la RPA sur cet assassinat.

 

Le soir du 20 novembre 2001, le Dr Kassy pensait qu’il rentrait du travail comme les autres soirs. Il ignorait qu’il était filé depuis quelques jours et que ce jour était le jour J, soit le 20 novembre 2001, la fin des filatures. A 22 heures, au moment de la sortie de son bureau, il est filé par trois hommes, tous des anciens militaires. Chez lui, neuf hommes l’attendaient. Il a été maîtrisé et conduit à son travail pour détruire un fichier très important et très… intéressant. C’est ce fichier qui est le mobile de son assassinat.

 

Après avoir détruit son fichier qui l’avait pris beaucoup de jours à confectionner et documenter, le commando l’a alors conduit chez lui pour y être tué à minuit. Son cadavre a été acheminé à bord d’une camionnette sur les bords du lac Tanganyika, près du cercle nautique, pour être dévoré par les crocodiles. Cependant, le cadavre a été épargné par les crocodiles du lac.

 

Pour que cet assassinat se réalise, on peut noter plusieurs complices. On peut citer notamment les gardiens de son domicile à Rohero I et la société de sécurité PSG du colonel Sinzinkayo. Les autres complices  sont les enquêteurs qui ont orienté expressément  les recherches vers de fausses pistes comme celle de Gertrude Nyamoya, considérée à tort par les enquêteurs comme le cerveau du crime. Elle croupit encore dans la prison centrale de Mpimba alors qu’aucune preuve tangible ne l’implique directement dans cet ignoble assassinat. Notons que cette dame était la secrétaire du Docteur Kassy. Certains se demandent même si elle n’est pas emprisonnée parce qu’elle connaissait le dossier explosif du fameux rapport.

 

Paradoxalement, les assassins du Docteur Kassy se promènent tranquillement à Bujumbura. Ces criminels sont protégés et ne seront jamais inquiétés car ils étaient en mission commandée ou plutôt sous-traitée. Certains enquêteurs zélés ont été ramenés à l’ordre pour ne pas s’intéresser à la bonne piste. Même le Procureur  Général de la république, Monsieur Gérard Ngendabanka, a mordu à l’hameçon et ne semble vouloir pas s’intéresser à la bonne piste.

 

L’assassinat de Kassy a été décidé dès la connaissance par certains « milieux politiques burundais » du rapport en préparation sur les fonds destinés à combattre l’épidémie de la malaria. D’après certaines sources qui ont été mises au courant du rapport en question, le rapport contenait les détails sur le détournement des fonds destinés au projet de lutte contre la malaria.

 

En effet, ces fonds ont été détournés par un très haut responsable politique burundais, Monsieur X,  et sa femme pour l’achat des immeubles et des voyages à l’étranger. Ainsi, la malaria a décimé plus de gens que la guerre pendant la même période car les médicaments ont manqué faute d’argent alors que les fonds étaient débloqués par les organismes internationaux. Les fonds ont été virés à partir du  Burundi à Paris sur un compte d’une « société d’étude et de conseil » (que nous ne pouvons révéler pour le moment). Ce qui est sûr par ailleurs, c’est que le dirigeant de cette société d’étude et conseil est un ami personnel de X. L’argent a été ensuite transféré sans problème sur le compte privé de X.

 

Il va de soi que le rapport du docteur Kassy était très compromettant pour Monsieur X, c’est pourquoi ce dernier a commandé, non seulement la destruction du rapport, mais aussi de celui qui l’avait préparé. Je ne citerai pas le nom de X, cette « personnalité politique hautement placé » pour des raisons de confidentialité.

 

La lâcheté et le cynisme de Monsieur X et sa femme vont au-delà de l’imaginable lorsqu’ils laissent croupir en prison une innocente pour couvrir leur crime crapuleux. Mais X est tellement puissant que personne ne peut résister à son rouleau compresseur. La preuve est que la famille Nyamoya, personnalité très importante à Bujumbura, assiste impuissante à l’emprisonnement sans preuve de sa fille Gertrude.

 

Les tueurs ont fait un travail rémunéré. Le chef de cette opération d’assassinat est un officier de l’armée burundaise qui a été porté pour l’occasion à la tête d’un commando 10 hommes, tous des anciens militaires. Ce chef du commando continue à vaquer habituellement à ses activités et bénéficie d’une couverture totale.

 

Pour la  première fois au Burundi, un représentant diplomatique, et de surcroît  d’un organisme de l’ONU, a été assassiné sur décision politique. On note aussi l’organisation pour la première fois d’un commando mixte militaro civil destiné à éliminer les personnalités gênantes. La question qui se pose est de savoir si l’Etat burundais continuera à couvrir ce crime malgré les informations détenues par les chancelleries occidentales sur le mobile et les assassins du représentant de l’OMS.

 

Il y’a quelques jours au début du mois d’août 2002, une dépêche de l’AFP et une autre de MISNA signalaient que la vie du chargé d’affaires de l’Union européenne (UE), Jessrey RUDD, est menacée par un homme de main recruté pour l’attaquer, citant la délégation de la commission européenne dans une note au gouvernement burundais.

 

Selon les mêmes sources, il est prévu une attaque contre cette personne dans les jours à venir. Nous ne pouvons pas mettre en parallèle ces craintes de la communauté européenne et l’assassinat du Dr Kassy, mais tout laisse à penser qu’il s’agit du même commando qui a tué Kassy, sans doute avec le même « commanditaire ». Il y a en tout cas une similitude frappante quant aux mobiles : il s’agit encore une fois d’une affaire de détournement des aides de la communauté internationale.

 

Mr RUDD est très occupé actuellement à rédiger un rapport d’audit sur l’aide de l’Union Européenne qui a été détournée. D’après certaines informations, ce dossier pourrait compromettre sérieusement le déblocage des fonds destinés au redressement de l’économie burundaise pour accompagner le fragile processus de paix. Encore une fois, c’est le peuple burundais, toutes ethnies confondues, qui devra payer les pots cassés.

 

Pierre Horumpende