Burundi news, le 21/02/2013. Article publié conjointement avec Iwacu Burundi
LE REVERS D’UNE MEDAILLE
Charles Baranyanka recevant une seconde médaille de la couronne de Belgique des mains de l’actuel ambassadeur du royaume au Burundi, Marc Gedopt. Rabiro (Kayanza) ce Vendredi 15 Février 2013.
La fête à Rabiro, demeure laissée par le chef Pierre Baranyanka que son digne fils Charles et son épouse s’évertuent à restaurer, fut des plus belles en dignité, simplicité et profonde cordialité ce vendredi 15 février 2013.
Le grand chef Pierre Baranyanka (1890 – 1973)
Après moult démonstrations sincères d’une osmose entre la population de la région et la famille Baranyanka, il y eût des discours de circonstance. Tous, que ce soit l’ambassadeur Marc Gedopt, Charles Baranyanka lui-même, Libère Ndabakwaje son ami des bons et des mauvais jours ou le gouverneur de la province, se sont félicité de l’amitié existant entre la couronne de Belgique et cette illustre famille burundaise. L’intérieur de la maison était décoré de documents historiques qui attestent de la personnalité extraordinaire de Pierre Baranyanka et de son dynamisme intellectuel et humain hors pair. Un portrait du Pater Familias dominait l’ensemble.
La demeure de Rabiro lors du jubilé de Pierre Baranyanka comme chef en 1960 .
Ce tableau idyllique eut été parfait si l’envers du décor ne portait pas toujours les stigmates de l’ « Affaire Rwagasore » qui polluent depuis un demi siècle les relations entre la famille Baranyanka et la Belgique. Le contentieux est simple : la famille Baranyanka se demande pourquoi le Royaume de Belgique n’a pas inclus dans le procès de l’assassinat de Rwagasore les Belges qui étaient objectivement suspectés d’implication dans le complot autant sinon plus que les leurs qui en ont payé le prix de leur vie[i]. Le Royaume de Belgique en sortira grandi et aura contribué, non seulement à donner tout le lustre que mérite la cérémonie de Rabiro mais aussi il posera ainsi un jalon crucial dans le long et périlleux chemin de la réconciliation du peuple burundais. Encore une fois, « il n’est pas trop tard, mais il est temps ! »[ii]
Après lecture de l’article de Michel Bouffioux dans Paris-Match sur la question[iii], le journaliste bien connu Athanase Karayenga a partagé avec des amis en réseau un vœu qui lui est cher et que je partage. Il ne m’en voudra pas de le diffuser car c’est tout à son honneur:
« Il faut que la Belgique aide le Burundi a (sic !) reconstruire son histoire. Le processus de la justice transitionnelle au Burundi n'aboutira jamais si la vérité sur l'assassinat de Louis Rwagasore n'est pas entièrement explorée et l'implication de la Tutelle belge dans ce crime éclairée. »
Fait à Bujumbura, le 19 Février 2013
Jean-Marie Ngendahayo
[i] Le documentaire « Rwagasore » réalisé par Justine Bitagoye et Pascal Capitolin, l’ouvrage de Guy Poppe, Rwagasore : le Lumumba burundais et surtout les dernières révélations de Ludo De Witte dans la presse belge insistent sur une filière belge dans l’assassinat qui n’a jamais connu l’ombre d’un début d’enquête ni lors du procès belge, ni lors du procès diligenté par le gouvernement burundais !
[ii] Célèbre formule de l’illustre politicien belge P.H. Spaak.
[iii] Bouffioux, M., La Belgique a-t-elle commandité un assassinat politique ?, Paris-Match du 7 au 13 Février 2013. Lire aussi avec intérêt l’interview de Ludo De Witte accordée à Olivier Rogeau dans le Vif/L’Express du 11 janvier 2013, www.levif.be