AU BURUNDI, EN POLITIQUE, RIEN NE SE PERD, RIEN NE SE CREE, TOUT SE DIVISE

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 05/03/2008

La loi de division au Burundi est ce qu'est la loi des changements dans la nature. La politique burundaise est faite de divisions, de luttes intestines, de trahisons et de sauvagerie.

L'exemple des divisions au parlement est palpant. Après le limogeage d'Alice Nzomukunda, 1 ère vice-présidente du parlement, du CNDD-FDD et la tentative de la limoger du bureau, le parlement est bloqué. Cette situation montre la faiblesse des partis politiques burundais.

Le CNDD-FDD se fissure lentement

Le CNDD-FDD a perdu les députés proches de Radjabu et compte moins de 40 députés. Des luttes ont commencé pour le contrôle effectif de ce parti politique. Le Président Nkurunziza a compris que le parti lui a échappé et garde son projet d'un parti politique. S'il crée un parti politique, le CNDD-FDD sera une coquille vide car il lui manquera les sources de son arrogance.

Outre les députés proches de Radjabu, le CNDD-FDD enregistre des départs en raison des critiques de la mauvaise gouvernance  du parti par son président.

Le Frodebu se divise sous l'appât de l'argent

Les divisions du Frodebu s'expliquent par l'histoire d'un hôtel de luxe de Minani, ancien président du parlement et des détournements de l'argent à l'Assemblée Nationale au moment où il en était le président. En effet, le CNDD-FDD a compris qu'il détient le maillot faible du Frodebu. L'hôtel luxueux de Minani est hors des prix du commun des mortels des touristes ou des simples  diplomates en mission. Ceux qui sont capables d'en payer le prix n'y pensent pas nécessairement. Cet hôtel servirait alors à loger les invités de marque du pouvoir et les hauts responsables fortunés en visite au Burundi. Le pouvoir joue le rôle de commercial pour que Minani puisse remplir son hôtel. Si Minani refuse les conditions posées par le pouvoir, il se retrouve avec un hôtel vide avec des crédits à rembourser.

D'autre part, Minani a un dossier de détournement à l'Assemblée Nationale que le pouvoir agite en cas de besoin. Ainsi, les députés proches de Minani ont refusé les ordres du parti Frodebu pour suivre Minani, engagé avec le CNDD-FDD en contrepartie du silence du pouvoir et du remplissage de son hôtel. Le quorum a été atteint à l'Assemblée Nationale en raison de ce genre de marchandage pour nommer une remplaçante d'Alice Nzomukunda.

L'Uprona se déchire pour des miettes

Plus opportunistes que les députés upronistes, on en meurt. Au cours d'une journée, certains députés de l'uprona changent de position deux ou trois fois en fonction des miettes que le pouvoir leur promet. Une place ou un poste à tel endroit, une somme d'argent, etc..., le basculement devient facile. Le président de l'Uprona Rubuka vient de se rendre compte que ses députés sont commandés au CNDD-FDD qu'à son Umugumya. Pour un poste au parlement de l' East Africa, les députés de l'Uprona ont accepté de participer au limogeage d'Alice Nzomukunda du bureau. Certains observateurs se demandent même si ces députés n'ont pas pris la carte du CNDD-FDD tant qu'ils ont de quoi distribuer. Au nom de la migration politico-financière, ils migreront à la prochaine transhumance vers celui qui aura plus de pâturage.