UN FAUX PUTSCH AU BURUNDI ET LE CONFERENCIER COMMANDANT RUDADI

 Burundi news, le 16 août 2006

Par Gratien Rukindikiza

Dans l’histoire de l’armée burundaise, aucun officier n’avait osé tenir une conférence de presse au sein d’un camp militaire. La grande muette, donc l’armée, est réputée discrète. Tenir une conférence de presse au sein de l’armée pour dire qu’on a participé à la préparation d’un coup d’Etat relève d’un tour de magie. J’aurais parié pour un million de francs. Tout pouvait être possible sauf cette conférence. Au Burundi, rien n’est impossible, surtout aujourd’hui.

Le commandant Rudadi a fait un exploit en annonçant tambour battant au sein de la prestigieuse institution de l’ISCAM qu’il a préparé un putsch avec Mugabarabona. L’autre exploit est d’avoir animé une conférence tout en causant en même temps au téléphone avec l’Administrateur général de la Documentation Adolphe Nshimirimana. Incompréhensible, il innocente Kadege et les autres alors que la Documentation les charge. Quel jeu de la Documentation ?

Comment le Commandant Rudadi a-t-il pu tenir cette conférence ?

En l’absence du ministre de la Défense qui était en conseil des ministres, le commandant de l’ISCAM et le porte parole de l'armée, le major Manirakiza ont donné l’autorisation sans aucun doute avec l’aval de la Documentation. Les journalistes n’en revenaient pas quand ils ont été autorisés à entrer à l’ISCAM pour cette conférence. L'autorisation de cette conférence relève d'une erreur car connaissant le ministre de la Défense, le Commandant Rudadi aurait eu autre chose qu'une autorisation de tenir une conférence.

Depuis les arrestations, le Commandant Rudadi se présentait tous les jours à la Documentation pour une fausse interrogatoire et il était relâché le soir en faisant croire qu’il dormait à la Documentation. C’est le jour de la conférence que les autorités de l’armée ont compris qu’il n’était pas emprisonné. De son statut de collaborateur avec la Documentation pour accuser les Kadege, Colonel Ndarisigaranye et autres, il est devenu  prisonnier d’autant plus que l’armée menaçait de l’emprisonner si la justice ne s’en occupait pas. Enfin de compte, c’est Rudadi lui-même qui s’est présenté pour être emprisonné. Le Commandant Rudadi était en complicité avec la Documentation. Selon certaines informations, il aurait déjà eu quelques millions de francs de Mugabarabona pour exécuter leur « mission ».

Le Commandant Rudadi et Mugabarabona sont tombés dans le piège. Ils ont été utilisés par la Documentation et ils sont devenus plus coupables que ceux qu’ils étaient censés accuser. Kadege et les autres devront être libérés par manque de preuves. Les aveux sous la torture ne devront pas servir devant la justice. Mugabarabona, Rudadi, Ndayishimye et la Documentation devront expliquer les raisons de ce montage de putsch et dire le commanditaire de cette instabilité.

A qui profite le crime ?