LE CNDD- FDD SERAIT-IL EN RECOMPOSITION OU EN DECOMPOSITION?

Par Gratien Rukindikiza

"Avant d'aller brûler la case de ton voisin, mouille d'abord la tienne", dit un proverbe ouest africain. Le principe de diviser pour régner est un couteau à double tranchants qu'il faut manipuler avec précaution. Pour diviser les autres, il faut avoir de quoi donner à celui qui est manipulé. Un pouvoir ne peut offrir que des postes et de l'argent. Or, ceux qui sont dans le parti au pouvoir ont aussi besoin de ces postes et de cet argent. Au Burundi, Machiavel n'est pas encore né.

Au Sénat, la maison tremble!

Le président du Sénat Rufyikiri régnait comme un maître incontesté. Il s'était même fait le loisir de donner des leçons de démocratie à notre cher Président pasteur Nkurunziza. Sa lettre de dénonciation de non respect de la constitution par le Président de la République avait produit d'autres effets. Rufyikiri est entré dans le collimateur du pouvoir. On lui a prêté des intentions de renverser le Président avec une alliance vraie ou fausse des ressortissants de Gitega ou de Kirimiro.

Aujourd'hui, une motion contre le président du Sénat circule et a déjà collecté plus de 60 % des signatures. L'ancien Président Ndayizeye ne décolère pas du geste posé par Rufyikiri pour retirer son immunité parlementaire quand il a été accusé de faux putsch. Rufyikiri s'est rendu compte qu'il a commis une grosse erreur. On ne retire pas l'immunité parlementaire sous la dictée du pouvoir. Si Ndayizeye a passé des mois en prison, c'est parce que le président du Sénat n'a pas voulu comprendre la situation. Ndayizeye est parmi les instigateurs de cette motion. Rien ne pourra arrêter la machine qui est en marche. La chute de Rufyikiri est une question de jours. Il est lâché aussi par le Président Nkurunziza.

Jérémie Ngendakumana est un sur un siège éjectable

Le président du CNDD-FDD est lui aussi menacé. Celui qui a récupéré un mouvement issu du congrès de Ngozi contre Radjabu n'a pas pu assumer son rôle. Le candidat des généraux qui font la pluie et  le bon temps au Burundi est devenu un très grand dictateur. Au lieu de rassembler le parti, il l' a divisé. Presque tous les militants du CNDD-FDD ne veulent plus de lui. Le calendrier du CNDD-FDD est le même. On dirait qu'il y a un sort qui s'acharne sur ses chefs. Novembre et décembre seront décisifs pour Jérémie Ngendakumana comme l'ont été pour Radjabu. Celui qui a la côte est Manassé, un homme au franc -parler. Espérons qu'avec lui, le CNDD-FDD pourra écouter les autres partis et aussi ses militants.

L'Assemblée Nationale ne sera pas épargnée

Comme un cyclone, le mouvement du changement n'épargnera pas le président de l'Assemblée Nationale. Il s'est mis sous les ordres de Jérémie Ngendakumana et l'élève partira avec son maître. Dès que la destitution de Gervais Rufyikiri sera terminée, celle du président de l'Assemblée Nationale se mettra en marche. Ces jeux ne pourront se mener sans une grande participation des partisans de Radjabu qui grignotent de plus en plus sur le camp du Président Nkurunziza.

A force de diviser les autres partis, le CNDD-FDD a fait mieux que les autres. Il est le parti le plus divisé et le plus irréconciliable. Par ailleurs, ce parti a rendu un mauvais service au pays, celui de lui avoir donné un Président de la République le plus corrompu, le plus médiocre etc.... Le peuple demandera des comptes un jour au CNDD-FDD. Si les militants ne font qu'assister au moment où on saccage le pays, on ruine le peuple.  La prochaine législature de 2010 sera le rendez-vous avec l'histoire pour remettre les gens aux places qu'ils méritent.