RUKARA VICTIME DE L'OMBUDSMAN

Burundi news, le 13/05/2012

Par Gratien Rukindikiza

Il est fréquent que les Burundais connaissent des problèmes en raison de leurs responsabilités. La lutte contre la corruption a déjà fait des victimes au Burundi. Manirumva en est le héros. Ses assassins contrôlent toujours le pouvoir à Bujumbura. Pourtant, ce pouvoir inquiète, y compris dans son camp.

Rukara n'est pas n'importe qui

Rukara n'est pas n'importe qui. Il est une des personnalités du pouvoir bien placées. En dehors de son poste de l'ombudsman, il est le grand "militant" du CNDD-FDD, numéro deux du tout puissant conseil des sages considéré comme le conseil des Ayatollahs. Rukara est l'oreille et la poche, pardon, le confident du Président Nkurunziza. Il est parmi ceux qui entrent au Palais sans autre formalité. Il est l'homme des missions secrètes dans le monde arabe où les valises de dollars sont convoyées par des arabophones. Bref, Rukara est un tout puissant. Quand un tout puissant tremble, le peuple n'a d'autre choix que de se terrer ou d'organiser la résistance. Le tremblement de ce tout puissant a été un véritable tsunami au Burundi. On en parle à Bujumbura. La diaspora burundaise vient de trouver une histoire à la une. Les téléphones sonnent à Bujumbura pour décortiquer. Un mystère! Quel mystère?

Rukara menacé de mort par les corrompus qu'il venait de rencontrer

L'ombudsman vient de rentrer au Burundi après une tournée de plus d'une semaine en Europe. Coup de tonnerre, le 09 mai 2012, son porte -parole Ndiho lance sur les ondes un SOS. l'ombudsman serait menacé par des corrompus. Pire, sa déclaration nous présentait un Rukara presque mort dont l'ADN était à prélever avant l'enterrement. Avait-il rédigé un testament?

Stupeur à Bujumbura, le numéro deux du parti au pouvoir menacé de mort, qui n'a d'autre sauveur que la radio!

Qui l'a menacé? Qu'est ce qui s'est passé au juste?

Rentré de mission effectuée en Europe, l'ombudsman surfait sur ses "succès" après les rencontres avec les Burundais de la diaspora et aussi avec  des représentants de la Communauté Européenne. Il ne devait pas en rester au stade de l'immobilisme. Il est directement parti rencontrer le Président Nkurunziza. Le sujet à l'ordre du jour était la fin de la corruption qui ternit l'image du Burundi. Le Président Nkurunziza s'est senti concerné et a demandé à Rukara de réunir les généraux pour leur en parler.

Rendez-vous pris, voilà notre ombudsman, n'ayant aucune étoile sur ses épaules, qui se met à donner des leçons de bonne gouvernance aux généraux en matière de lutte contre la corruption. Or, il avait devant lui les grands corrompus pour certains, d'autres des parrains des corrompus. Ces généraux ont été meurtris dans leur âme de corrompus. Ils ont décidé d'enfermer Rukara en qualité de l'ombudsman qui "dérape". Des menaces de mort ont été proférées. A sa sortie, il a demandé à son porte -parole de porter haut et loin le SOS tel un marin pris dans une tempête au milieu de l'océan. 

Rukara a peur aujourd'hui pour sa sécurité. S'il a promis à ceux qu'il a rencontrés en Europe de lutter contre la corruption, il faudra qu'il soit blindé. Il aura à répondre aux généraux à cette question : "Combien de bataillons peux-tu aligner?". La réponse déterminera tout. Son ami Président ne lui sera pas d'une grande utilité s'il n'est pas déjà complice des corrompus. Si Rukara savait que Nkurunziza n'était pas complice des généraux, il l'aurait appelé au lieu de demander à son porte-parole de lancer le SOS à la radio.

Rukara a été convoqué par le Président Nkurunziza

Après le coup d'éclat du SOS, le Président Nkurunziza a tenté d'éteindre le feu. Il a convoqué Rukara et lui aurait demandé de nier la paternité des propos de son porte-parole Ndiho. L'information a déjà filtré et Manassé l'a déjà dénoncée. Des stratagèmes sont en cours de préparation pour sauver les meubles.

Drôle d'ambiance au CNDD-FDD

Chaque fois que le président du CNDD-FDD est changé, le bateau CNDD-FDD tangue. Les intrigues s'accumulent depuis le départ de Jérémie Ngendakumana. La nouvelle équipe peine à assumer son rôle. Elle est critiquée par son rôle de garçons de course du Président Nkurunziza. Elle est occupée à la récupération des postes juteux occupés par des proches de Jérémie Ngendakumana. Le 2 è vice-Président est le premier dans le collimateur. Après les montages grossiers des histoires inventées lors de sa mission en Belgique, le cabinet chargé de ces montages ne désarment pas. Ce cabinet a décidé de garder la même ligne de sous la ceinture. Incroyable mais vrai, ce cabinet travaille à la Présidence de la République. Il n'est pas étonnant que le Burundi soit pauvre. Ceux qui sont chargés de le développer sont occupés par des montages des histoires de sexe.

La peur de Rukara est difficile à expliquer. Seules les menaces n'auraient pas pu déclencher la tempête si Rukara n'avait pas compris qu'il avait touché aussi les intérêts de Nkurunziza. Rukara sait parfaitement comment le pouvoir travaille. Croyait -il que Manirumva s'est suicidé?

Par ailleurs, Rukara ne vient pas de découvrir la corruption. Si tous les dossiers de corruption remontaient à la surface, il n'est pas sûr qu'il ne serait pas lui-même  épargné. Toutefois, si Rukara en qualité de l'ombudsman veut lutter contre la corruption, il n'est jamais tard.

Qui entre Rukara et l'ombudsman sortira gagnant de cette affaire? L'ombudsman Rukara devra être courageux. Rukara, en tant qu'ombudsman devrait démissionner du conseil des sages du CNDD-FDD. Il devra choisir quelle casquette il veut porter, l'ombudsman ou le numéro deux du conseil des sages du CNDD-FDD? La deuxième casquette ne pourra lui attirer que des ennuis car il "trahit" les corrompus. La première casquette lui permettra de parler au nom des Burundais pour lesquels il est le médiateur. A lui de choisir avant de lancer son SOS. Sans définir son cap et son camp, son SOS ne restera un amusement dans les discussions des salons de Bujumbura.