Vu sur Burundi transparence
La consolation faite à Jean–Marie
Rurimirije par le président de la République.
(Source: Net Press) Le 19
avril 08
Après le niet du sénat au
président de la République d’entériner la nomination de Jean-Marie Rurimirije
à la tête de la mairie de la capitale, cet éminent serviteur du Cndd–Fdd vient
d’être nommé au cabinet du chef de l’Etat en qualité de chargé des missions. Le
pouvoir du Cndd – Fdd tenait tellement à ce qu’il devienne premier magistrat de
la ville qu’il a présenté sa candidature à deux reprises, rejetée également à
deux reprises par la chambre haute, car elle estimait méprisante l’attitude de
la présidence de la République qui s’imaginait à tort que les sénateurs allaient
se déjuger.
Comme le Cndd–Fdd n’oublie jamais les siens, Mr. Rurimirije qui, au
passage, a des allées et venues faciles dans le bureau du patron des services
des renseignements, vient d’être nommé chargé des missions auprès de Pierre
Nkurunziza. Cette façon de consoler les cadres du parti rejetés par les
instances habilitées n’est pas nouvelle de la part du Cndd–Fdd. A la fin de
l’année 2006, l’ancien procureur général de la République, Jean–Bosco
Ndikumana avait condamné à de très lourdes peines de prison les putschistes
imaginaires dont l’ancien président Ndayizeye et l’ancien vice-président
Kadege avant que la cour suprême ne les blanchisse totalement. Ce qui
n’avait pas empêché le président de le nommer ministre de la justice lors du
remaniement de novembre 2007, comme pour approuver implicitement le réquisitoire
sévère qu’il avait prononcé.
Au cours du même remaniement, l’ancienne ministre de la justice, Clotilde
Niragira a été larguée à la tête du ministère de la fonction publique, après
avoir refusé net tout dialogue avec les fonctionnaires et les travailleurs de
son ministère non-magistrats qui étaient en grève. Etait-ce un avertissement en
direction des fonctionnaires de l’Etat sur la nature du « dialogue » auquel ils
devaient s’attendre au cas où le diable les tenterait de revendiquer le
versement des 34 % d’augmentation salariale ainsi que leur rétroactivité ?
Nombreux sont ceux qui, parmi ces damnés de la terre et du trésor public,
penchent pour cette interprétation.
On n’épiloguera pas non plus sur les cas du général Evariste Ndayishimiye
qui, après avoir subi le veto d’Yves Sahinguvu pour garder son
portefeuille de l’intérieur, a été nommé dès le lendemain au cabinet militaire
de Pierre Nkurunziza.
Mais c’est le cas de Melchior Wagara qui a abasourdi plus d’un
observateur. Après avoir coulé littéralement une des entreprises les plus
florissantes dans le passé, le Cotebu en l’occurrence, il a été récompensé au
poste de chef de cabinet civil du même Nkurunziza pour services «
très bien rendus ». Son fait d’armes le plus récent est l’ultimatum
adressé au ministre de la défense, il y a quelques semaines, d’avoir démobilisé
les militaires conformément aux instructions du président. Mais cette version
officielle n’a trompé personne, parce que Nkurunziza était trop occupé à
planter des avocatiers à l’intérieur du pays pour se pencher sur ce dossier «
secondaire ». En définitive, le « wamazi iki mw’ishamba ? » qui
équivaut « en quoi tu t’es rendu utile du temps du maquis ? » semble primer sur
tout autre critère objectif, lorsqu’il s’agit de récompenser ceux qui ont
contribué à la victoire du Cndd–Fdd.
Pour revenir sur le cas de Mr. Rurimirije, une certaine opinion estime
que son entrée en politique cache certaines réalités. Mais le moins que l’on
puisse écrire est qu’il ne fait pas l’unanimité au sein de l’opinion burundaise
tant de l’intérieur que de la diaspora, surtout belge. Dans notre rédaction,
nous n’irons pas jusqu’à juger une personne qui n’est même pas encore entrée
officiellement en fonctions. Nous le jugerons sur ses actes, pour reprendre les
propos du prince Louis Rwagasore. Ce qui est par contre incontestable,
c’est qu’un reporter de Net Press avait déjà rencontré Mr. Rurimirije au
sujet de l’opinion qui est divisée autour de sa personne. En guise de réponse,
il s’était contenté de dire que les gens disent n’importe quoi car ils sont
jaloux de la prospérité de ses affaires. Nous venons d’apprendre
qu’officiellement, Mr. Rurimirije louait un parking qu’il gérait en
Belgique et que pour le moment, des affiches informent que l’immeuble qui
abritait son parking est en vente.
D’où cette question pertinente de l’opinion : le virement brusque de
Rurimirije des affaires vers la politique, n’est-ce pas une façon
d’abandonner les affaires qui ne sont plus prospères ? Quand on se souvient
qu’il y a des gens – que la rédaction ne citera pas - qui ont dû s’agenouiller
presque devant Pierre Buyoya pour qu’il les retire du seuil de
l’inacceptable où il les avait plongés - tout le monde a tenté les affaires mais
en vain, on ne peut que s’interroger sur le changement soudain de Jean-Marie
Rurimirije. D’une part, va-t-il abandonner ses affaires prospères, selon ses
propres termes, puisqu’il aura très peu de temps de s’en occuper en tant que
conseiller principal chargé des missions ? Au cas où il ne les abandonnerait
pas, qui prendra la relève de l’Ong mutualité des grands lacs qu’il gérait
presqu’en solitaire et dont le siège se trouve en Belgique ? Autant de questions
que l’on peut se poser et qui peuvent trouver une réponse dans un avenir très
proche.
Affaire à suivre !