LE JOURNALISTE HASSAN RUVAKUKI SERA LIBERE DANS DEUX JOURS

 Burundi news, le 05/03/2013

Par Gratien Rukindikiza

L'arrestation du journaliste Hassan Ruvakuki par le gouvernement était critiquée par la société civile, les Burundais en général et la communauté internationale. Le pouvoir burundais semblait ignorer que quand ils étaient dans la rébellion, des journalistes étaient venus les rencontrer et n'ont pas été emprisonnés par le pouvoir. Un journaliste a le droit d'aller chercher les informations chez les ennemis du pouvoir. Celui qui se bat avec les armes doit avoir une motivation. Cette motivation ne peut pas être connue par le public sans le travail louable et héroïque des journalistes. C'est dans ce cadre que Ruvakuki a été faire un reportage en Tanzanie où un groupe de rebelles se préparait à attaquer le Burundi. En tant que journaliste, il avait le droit. Il avait aussi le droit de boire, de manger, de danser avec les rebelles.

La pression des journalistes

Les journalistes burundais viennent de donner une leçon aux politiciens surtout ceux de l'ADC Ikibiri. Ils ont tenu tête à la police, aux intimidations. Ils ont marché plusieurs fois autour du palais de la justice pour montrer à l'opinion nationale et internationale que le Burundi n'était pas un pays de justice. Sans être nombreux, ils ont gardé la détermination. Les gaz lacrymogènes, l'exhibition des armes de guerre par la police ne les ont pas empêchés de manifester un autre jour malgré l'interdiction du maire.

Le directeur de la Radio télévision Renaissance, Innocent Muhozi, a conduit avec beaucoup de tact ce mouvement. Il devait se rappeler les années 79 et 80. Muhozi a été la cible du site des services de renseignement qui affirmait qu'il est rwandais. Ces services de renseignement ont décidément la mémoire courte. Ntunguka est le précurseur de Rwagasore. Ntunguka le père de Muhozi, est le Burundais qui avait réclamé l'indépendance avant Rwagasore. Il était chef dans la plaine de l'Imbo. Il a accepté de tout perdre y compris ses vaches, ses terres plutôt que d'arrêter le combat pour l'indépendance. Il y a au moins un respect que nous devons à ces héros de l'indépendance. Muhozi est bel et bien Burundais, plus burundais que certains qui nous dirigent.

Le combat des journalistes vient de donner ses résultats. Ruvakuki sera libéré dans deux jours. C'est pour cette raison que la manifestation de lundi a été annulée par les journalistes.

Une visite en France dont la condition était la libération de Ruvakuki

Le Président Nkurunziza sera en France ce dimanche 16 mars 2013. Il était attendu par la société civile française notamment les journalistes et les militants des droits de l'homme. Les politiciens français n'aiment pas se mettre à dos la presse. Le Président Hollande ne pouvait pas accepter de recevoir un homme que les journalistes allaient taxer de dictateur, violant les droits de l'homme. Cette libération pourra atténuer le caractère dictatorial du pouvoir de Nkurunziza dans la vision des journalistes français. La condition était posée pour ne pas gâcher la visite. Ruvakuki devra être libéré avant l'arrivée en France de Nkurunziza.