AGATHON RWASA ATTEND LE RENDEZ -VOUS DE LA PAIX

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 20 mars 2006

Depuis le 21 octobre 1993, date de l’assassinat du Président Ndadaye, le Burundi vit au rythme de guerre. Des Burundais ont été tués par d’autres. Les hutu, les tutsi, les twa ont perdu. La nation burundaise a perdu ses fils et filles. Elle continue de perdre ses enfants. La violence n’a jamais raison même si dans l’histoire elle a régulé des situations d’injustice. On ne connaît pas de révolution sans violence sauf celle de Gandhi.

Le FNL n’a pas encore adhéré aux nouvelles institutions. L’accord signé entre Rwasa et Ndayizeye, ancien Président du Burundi a volé en éclats en raison des parties qui l’ont torpillé. Le FNL  a accusé l’armée d’avoir relancé les attaques alors que l’armée rétorquait que le FNL voulait en profiter pour se réarmer. La violence continue sur le terrain. Les Burundais sont fatigués, les combattants le sont aussi que ce soit du côté de l’armée ou du FNL. Rwasa, chef du FNL, tend la main au pouvoir avec une volonté manifeste de négocier. Le pouvoir hésite et traîne les pieds. Manifestement, la volonté du FNL de négocier un accord se heurte à un refus voilé. Rwasa est à Dar-Es-Salam depuis quelques jours et attend. La main tendue par Rwasa est comprise par le peuple qui attend cette paix. Je suis convaincu que le pouvoir saisira la main tendue pour que la population de Bujumbura rural, Bubanza et Cibitoke vive dans un climat de paix comme le reste du pays.

Rwasa a démontré qu’il reste maître du FNL. Jean Bosco Sindayigaya n’a pas pu s’imposer malgré les facilités du pouvoir. Comme un renard rusé, Rwasa a échappé à tous les pièges. Etant maître du FNL, il est le seul capable de négocier, de conclure une paix et d’arrêter la guerre.

Est-il prêt à accepter la paix ?

Rwasa parle surtout de pacte social entre les ethnies. Il lui sera difficile de faire comprendre aux Burundais de négocier un pacte entre hutu et tutsi au jour d’aujourd’hui. Entrer au gouvernement serait une erreur politique. S’il fait l’opposition, il trouvera Nyagoma avec lequel une alliance sera impossible. L’histoire burundaise est faite de retournement, Rwasa peut redorer son blason, gagner la confiance selon son discours. Il lui faudra rassurer les tutsi. Il pourra aussi jouer la carte hutu pour démontrer qu’il est le seul défenseur des hutu. Sera-t-il suivi ? That’s the question !

Est-il de bonne foi ?

Rwasa est décidé à négocier la paix. Encore faut-il qu’il y ait l’autre partie en conflit. Sa bonne foi est de plus en plus reconnue par les pays de la Sous- région et surtout la Tanzanie. Il a fait la guerre comme le CNDD-FDD même si chacun avait sa ligne. Rwasa reste et sera toujours un fils de la nation burundaise. Il a du sang sur les mains comme l’armée, le CNDD-FDD, l’Uprona, le Frodebu, Raddes, JRR, etc… Les autres ont négocié avec le pouvoir en place et lui aussi a ce droit.  Négocier avec lui est aussi une reconnaissance de la volonté populaire.

La paix burundaise passe par les Burundais eux-mêmes. Les Rwandais n’ont qu’à régler leurs problèmes. Les membres du FNL sont des fils et filles de la nation burundaise. Comme je l’ai déjà écrit, ils ont leurs places dans la construction économique du Burundi. Tenter de confier le règlement de la guerre civile burundaise à la sous- région est une erreur grave. Le FNL est différent de la rébellion rwandaise. Le Rwanda a eu toujours son histoire. Tous ceux qui ont tenté de « mutualiser » les problèmes des deux pays ont échoué.