Burundi news, le 27/06/2010

Peut-on sacrifier la démocratie burundaise ?

 

Par BIRIHANYUMA Grégoire

Est-ce que la démocratie en général et la démocratie burundaise en particulier fait peur ou elle rassure tout le monde ? Vous allez me dire que j'en pose des questions inutiles, alors que la réponse est évidente! Pas pour tout le monde, hélas!

 

Depuis la date fatidique du 24/05/2010, les Burundais sont divisés sur la suite à donner au processus électoral en cours: personne ne peut le nier. Et si une solution « à la burundaise » (par la médiation des vrais bashingantahe)  n'est pas trouvée, dans les plus brefs délais, le climat d'insécurité actuelle pourrait nous ramener à l'époque du monopartisme, synonyme de dictature, l'antinomie de la démocratie. Et que demain personne ne dise qu'il n'avait rien vu venir!

 

Le matraquage médiatique de la CENI et du pouvoir en place qui consiste intimider l'opposition (et l'électorat de celle-ci), à forcer les citoyens à  participer au plébiscite anticonstitutionnel du 28/06/2010, est une violation flagrante de la constitution,  un abus de pouvoir. Ils seront tenus comptables des victimes déjà enregistrées depuis le début du processus électoral, et dont le nombre  augmente chaque nuit et jour! Une telle attitude est irresponsable et antidémocratique, même si la communauté internationale, les journalistes, la société civile, les communautés religieuses  semblent avoir peur de la dénoncer clairement. En seraient-ils complices ? C'est pourtant un déni de démocratie et de justice. En lisant le code électoral, la constitution et la Déclaration Universelle des droits de l'Homme, tout le monde sait qu'on a la liberté de voter ou de ne pas voter!

 

L'article 68 de notre constitution actuelle stipule: « Chaque burundais doit veiller, dans ses relations avec la société, à la préservation et au renforcement des valeurs culturelles burundaises et contribuer à l'établissement d'une société moralement saine ».

 

Il est urgent et salutaire que le Président de la République prenne ses responsabilités de « SEBARUNDI » et use de ses prérogatives pour faire respecter l'article 3 de la « Déclaration Universel de Droits de l'Homme » qui dispose: « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ». Chaque Burundaise et chaque Burundais est interpelé. Mais la paix passe par la tolérance mutuelle.

 

L'article 73  de notre constitution actuelle stipule: « Tout individu a le devoir de contribuer à la sauvegarde de la paix, de la démocratie et de la justice sociale ». Quiconque se tait ou prétend ne pas prendre position en ces moments difficiles n'aime pas son pays!

 

Propositions de sortie de crise:

 

La majorité des Burundais sont imprégnés des nobles idéaux de la démocratie gagnés de haute lutte depuis le 01/06/2010! Ils y ont déjà goûté (y compris ceux qui les combattaient à l'époque), en sont fiers et jaloux. Ils n'entendent plus reculer! Cette majorité a envie de se voir appliquer l'article 74 de notre constitution qui stipule: « Tout Burundais a le devoir de contribuer, par le travail, à la construction et à la prospérité du pays ». Peut -on développer le pays sans la paix, la justice  et la démocratie ?

 

Pour y arriver, le chemin du dialogue est incontournable entre les 2 camps politiquement antagonistes. Les « vrais bashingantahe », à majorité féminine pourraient remplir valablement une médiation douce, neutre et indépendante, notamment en:

 

·       Encourageant  les 2 camps à recourir à un débat contradictoire radiotélévisé pour aider le peuple à trancher;

·       Exigeant que la CENI actuelle montre la source des résultats litigieux du scrutin du 24/05/2010;

·       Suspendant le processus électoral en cours tant que le peuple, source de tout pouvoir légitime n'a pas été consulté démocratiquement, et dans la transparence,  sur les modalités de sa poursuite;

·       Demandant à la police et à la justice de travailler dans l'indépendance totale pour identifier les auteurs des assassinats survenus depuis le début de la campagne électorale avant d'en poursuivre le processus;

·       Proposant un nouveau calendrier électoral approuvé par le peuple et visant à sauvegarder les acquis de la démocratie.

 

Ces quelques propositions visent à contribuer à préserver la paix et la démocratie burundaise, « considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression... » ( 4ème Préambule de la DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME proclamée le 10 décembre 1948).