SAFISHA REVIENT ET LA JUSTICE EST MALADE
Burundi News, le 07 février 2012
Par Gratien Rukindikiza
L'accalmie n'était que de courte durée. Les tueries au Burundi ne se sont jamais arrêtées. Elles avaient baissé d'intensité. Les miliciens du CNDD-FDD, nommés imbonerakure, viennent de reprendre les armes pour tuer les membres des autres partis politiques, surtout du FNL. Cette nervosité reprend après l'échec de la tentative avortée de l'extradition d'Alexis Sinduhije.
Le pays est dirigé par la violence, dans la violence. Le peuple ne peut compter que sur lui-même. La reprise du plan Safisha d'extermination des militants de l'opposition est un calvaire pour le peuple burundais. Le pouvoir fait tout pour renvoyer le peuple dans la rébellion afin de mettre en prison les opposants et interdire les partis politiques de l'opposition.
Les artisans de ce plan Safisha restent les responsables des services de renseignement et de la police. Ce sont les mêmes personnes qui ont conçu et mis en place les massacres de Gatumba.
Le pouvoir de Bujumbura peut se retrouver dans une situation délicate. A vouloir trop sécuriser son pouvoir, Nkurunziza risque de le précipiter. Verser le sang de son peuple est un signe de faiblesse et aussi de fin.
La justice malade de ses manipulateurs
Le plan safisha est conçu sur un principe simple. Ceux qui tuent au nom du pouvoir ne seront jamais inquiétés. Ainsi, la justice est rendue en fonction des intérêts du pouvoir.
Le grand justicier du pays et en même temps responsable des décisions de justice pour les affaires sensibles est le Président Nkurunziza. Un magistrat confiait sous le sceau d'anonymat que la décision prononcée dans un jugement pour un dossier sensible et politique venait de la Présidence. Il a même précisé qu'elle venait du Président. Il a conseillé aux avocats de ne pas perdre leur temps, l'affaire est déjà réglée. La peine a été décidée avant que le prévenu ne comparaisse.
La justice embauche contre deux millions pour un magistrat sorti de l'université
J'avais écouté Faustin Ndikumana, responsable du PARCEM, disant à la radio RPA que les embauches au ministère de la justice se font contre l'argent. Faustin Ndikumana a été arrêté ce mardi 7 février 2012.
Pourtant, c'est une réalité. Personnellement j'ai testé ce système. J'ai demandé à deux intermédiaires qui ne se connaissent pas comment faire pour faire embaucher un enfant d'un ami qui vient de terminer la faculté de droit à l'université du Burundi. Les deux intermédiaires m'ont dit qu'il faut réunir une somme variant de 2 à 3 millions de francs bu en fonction du circuit. C'était du temps de la ministre de la justice qui vient de quitter le gouvernement.
J'avais identifié deux pistes. La première passait par une fille, de la famille de la ministre. Cette fille faisait passer les dossiers pour ne pas apparaître par le biais d'un homme habitant Buyenzi, qui touchait des commissions. Cette piste était réputée sûre car elle a déjà produit des magistrats.
Une autre piste passait par une personne proche de la ministre, proche sans être de sa famille. Je n'en dirai pas plus. Cette piste était directe et très sûre mais pour l'utiliser, il fallait être une personne de confiance. Une piste difficile mais rapide et sûre.
Au ministère de la justice, soit le dossier était envoyé par le parti, en l'occurrence le chef du CNDD-FDD, Jérémie Ngendakumana, soit le dossier venait d'un intermédiaire avec une enveloppe de plus de 2 millions de francs bu à l'arrivée.
Ceux qui viennent de mettre en prison Faustin Ndikumana veulent cacher la fumée d'une maison. Il n' y a jamais de concours pour entrer dans le ministère de la justice. Faustin a dit haut ce que tout le monde pense tout bas.