DEUX ARTICLES VIENNENT DE FORCER MON ADMIRATION.

 

Salvator NAHIMANA (Paris).

 

 

            En découvrant deux articles différents publiés sur les sites Burundibwacu.org et Burundi news, je ne me suis pas empêché de les parcourir trois fois ! En effet, ces articles ont attiré mon attention sur deux points intéressants : la citation des noms des personnes et la demande de l’éclaircissement juridique de Mr Radjabu.

 

            Depuis que les instruits Barundi ont rejoint la civilisation de l’écriture, ils n’ont pas beaucoup profité de cette nouvelle civilisation pour laisser des traces écrites qui aurait pu servir aux générations actuelles de savoir d’où elles viennent pour mieux vivre le présent et préparer l’avenir.

Cependant, depuis la dernière décennie, nous remarquons qu’un certain pas est franchi. Des Barundi ont crée des sites internet qui donnent des informations sur le Burundi, d’autres n’ont pas manqué d’écrire des livres. Ceci est très louable, ne dit-on pas que du choc des idées jaillit la lumière !

            Par contre, ce développement de l’écriture n’a pas manqué de souffrir du mal qui a longtemps miné les instruits Barundi : la globalisation. Avec les émotions antérieures et celles exacerbées par la tragédie qui ont démarré en octobre 1993, les composantes de la nation burundaise se sont radicalisées en se culpabilisant mutuellement : pour les Hutu, les Tutsi sont responsables des malheurs du Burundi et vice versa.

Pourtant, tous ces instruits savent bien que la culpabilité, la responsabilité dans le bien ou le mal sont INDIVIDUELLES. Pourquoi donc les instruits, témoins de tous ces maux, n’osent-ils pas citer nommément ces personnalités par qui les malheurs sont arrivés ? Il ne faut pas oublier que la globalisation est source d’impunité, celle-ci étant entre autre l’origine de la récidive et/ou de la vengeance.

 

Par ailleurs, une lumière timide commence à éclairer l’horizon, en témoignent les articles « Le Burundi et les événements d’octobre 1965 », commentaire de Nils GASARARA sur Burundibwacu.org et « Les députés de Gitega IDI OMAR et Théophile MINYURANO quittent le CNDD-FDD » sur Burundi news.

A mon avis, ces deux articles ouvrent une brèche intéressante dans ce monde de globalisation à la burundaise. Des noms sont cités, des lieux et des faits concrets aussi. Ceci peut permettre de jeter la base de départ dans la recherche de la vérité. Nils GASARARA paraphrase Max Gallo en disant que « …la fuite hors du cadre national pour trouver des remèdes à des contradictions intérieures est une illusion ». Peut-être pourrait-on dire aujourd’hui que la paix totale attendue des accords d’Arusha était-elle une illusion ? Il faudrait qu’un spécialiste Murundi, je suis sûr qu’il y en a, décortique ces accords pour démontrer pourquoi le pouvoir ne se les a pas appropriés pour que les citoyens saisissent mieux les disfonctionnements actuels. Ceci aiderait les futurs négociateurs de mieux s’y prendre.

Nils GASARARA donne d’autres détails dont les enquêtes démasqueraient les responsables pour qu’ils répondent de leurs faits devant la justice. Dans le cas des comptes bancaires vidés : les retraits d’argent dans une banque suivent une procédure rigoureuse avec différents contrôles. Il serait intéressant de citer nommément les banques dans lesquelles ces faits se sont produits ainsi que leurs services qui supervisaient les décaissements. Ces services avaient évidemment des responsables qui portent des NOMS et qui pourraient répondre de leurs actes.

Quant à l’article de Gratien RUKUNDIKIZA, un passage indique  « …nous avons dénoncé la dictature de Jérémie NGENDAKUMANA… ». Ceci est bien dit. Car si l’auteur de l’article avait parlé de la dictature du CNDD-FDD, cela aurait voulu dire que même le militant de base  est impliqué dans cette dictature alors qu’il n’en est rien. Dans le même article, l’auteur, tout en disant qu’il a combattu les déboires de Radjabu, précise que « le pouvoir doit respecter ses droits et le juger en respectant la loi ». Il est vrai que nous avons tendance à oublier que tant qu’une personne n’est pas encore jugée et condamnée, elle reste présumée innocente.

           

Ceci est très important. Il faut appeler « un chat un chat », car à force de tourner autour du pot, nous nous cacherons toujours la vérité et personne n’en sortira anoblie ! L’injustice doit être dénoncée d’où qu’elle vienne !

 

            On peut dire aujourd’hui, sans risque de se tromper, que chaque Murundi a été touché par les différents événements qui ont régulièrement frappé sa nation. Par ailleurs, cette situation a forcé beaucoup de Barundi à s’installer sous d’autres cieux où ils ont acquis d’autres cultures : la civilisation de l’écriture, le culte de la vérité, la rigueur, la concurrence,… Certains ont même réussi ailleurs grâce à leur technicité alors qu’on les qualifiait d’incompétents dans leur mère-patrie ! Cette génération peut et doit se soigner de ses traumatismes antérieurs pour éclairer leurs sœurs et frères qui ne peuvent pas avoir cette chance. Elle doit savoir que la globalisation protège les criminels et favorise l’impunité. Tout en respectant le droit de la personne, il ne faut pas hésiter après investigation, à désigner nommément les personnes responsables des faits concrets punissables par la loi ; même si ces faits ne datent pas d’hier. Il ne faut pas hésiter non plus de le faire pour les hommes politiques qui veulent maintenir le Burundi dans l’obscurantisme politique.

Même si le passé, qui reste douloureux, attisé par ce manque de justice notoire et les tragédies à répétition, échappe à cette génération, celle-ci doit poser des bases solides aujourd’hui pour un meilleur Burundi de demain. Si non, les générations futures l’accuseront des mêmes maux.