IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RWASA

 Burundi news, le 28/11/2015

Par Gratien Rukindikiza

L'actualité burundaise est marquée dans ces jours par cette folie meurtrière d'un homme qui est devenu le Pol Pot Burundais. Nkurunziza tue des milliers de Burundais dans le grand silence. On ramasse des cadavres tous les jours. Dans son camp, la peur du lendemain guette. Personne ne peut oser dire que Nkurunziza est un vrai fou, un fou assoiffé de sang. Certains préfèrent se taire pour manger mais se posent des questions sur leur avenir.

Les calculs de certains politiciens deviennent des équations impossibles. Au niveau du CNDD-FDD, plusieurs cadres ont misé la longévité du pouvoir de Nkurunziza. Or, ce pouvoir commence à montrer des signes de fin de pouvoir et cela fait peur aux siens. Il y a un homme qui marche toujours dans le sens opposé de l'histoire. Il est toujours là où il ne faut pas être. On se demande même s'il ne le fait pas exprès. J'ai nommé Agathon Rwasa.

Trop pressé pour tout perdre

Rwasa est un homme pressé pour arriver au pouvoir. Dans l'opposition, il a essayé toutes les alliances et aucune ne lui convenait. Aujourd'hui, il est tombé dans le lit du diable. Il croyait le diable très gentil mais il réalise qu'un diable est toujours méchant.

Dans sa volonté d'arriver au pouvoir, Rwasa cumule des erreurs. Il ne sait plus où il est. Est-il au pouvoir ou dans l'opposition? Les rôles sont partagés dans ce qui lui reste du FNL réduit en miettes. Rwasa est dans le pouvoir. Quand il se déplace avec le président de l'Assemblée Nationale, il explique la position du pouvoir de Nkurunziza. Ses ministres acclament les mesures de terreurs de Nkurunziza. Pour garder un orteil dans l'opposition, il délègue son porte- parole, Aimé Magera, pour publier des communiqués critiquant Nkurunziza. Le très malin Rwasa commet l'erreur de ne pas signer les communiqués du FNL de Rwasa à tel point que les Burundais se demandent si Magera agit pour son compte ou le compte de Rwasa. On se rappelle des propos de Habimana, quand il était porte-parole du FNL. Il reconnaissait la responsabilité des massacres des Banyamulenge. Quand le dossier a été fixé devant la justice, Rwasa n'a pas assumé les propos de son porte-parole. Aujourd'hui, je suis sûr que Rwasa doit dire à Nkurunziza qu'Aimé Magera est un électron libre et qu'il ne le contrôle pas. Ah oui, il a besoin du pain du tyran Nkurunziza. Fidèle à lui-même, Nkurunziza lui donne de l'argent d'une main et tue les militants de Rwasa d'une autre main. Bon appétit Rwasa mais n'oublie pas d'enterrer les cadavres militants du FNL tués par Nkurunziza.

Le dilemme du prisonnier Rwasa

Il y a des prisons dorées. Rwasa est dans celle que Nkurunziza lui a prévu. Il mange et se tait. Ses mouvements sont contrôlés.  Il est protégé par les hommes de Nkurunziza. Le jour où il voudra l'éliminer, il pourra le faire à la seconde. Les gesticulations de Rwasa sur sa sécurité relèvent d'une pure comédie politique mal jouée.

Rwasa rêve de fuir le Burundi et de rester aussi sur son siège à l'Assemblée Nationale. Il vient de voyager en Afrique du Sud. Lors de ce voyage, Rwasa nous a offert une pièce de théâtre en trois  actes. Il a lancé d'abord une rumeur sur sa fuite vers l'Afrique du Sud. Deuxième acte, son porte-parole Aimé Magera a lancé un cri d'alarme sur la sécurité de Rwasa. Rwasa serait menacé par celui-là même qui lui donne la soupe dans ses mains. Les Burundais ont alors compris que c'était le divorce entre Nkurunziza et Rwasa. Des spéculation en spéculation, la fuite de Rwasa était sur le bout des lèvres. Troisième acte et fin de la pièce de théâtre, Rwasa rentre normalement au Burundi. En fin de compte, à part la pièce de théâtre co-jouée par Rwasa et Magera, Rwasa a accompli la mission de Nkurunziza.

La place de Rwasa lors des prochaines négociations est un vrai problème pour lui-même. Il a déjà compris qu'il ne pourra pas être avec l'opposition et il doute fort qu'il soit marginalisé par le pouvoir. Tout simplement,  Rwasa n'a plus de place dans les négociations car il sera représenté valablement par son mentor Nkurunziza. Il partira aussi avec lui.