LE SCANDALE DE LA DEMOBILISATION AU BURUNDI 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 13/01/2008

La fin de la guerre est souvent difficile à gérer. Les anciens combattants, mobilisés pour combattre contre au aux côtés de l'armée, sont remerciés à la fin de la guerre. Comme il y a beaucoup de guerres dans les pays en voie de développement, la communauté internationale est sollicitée pour financer la démobilisation. Parmi les pays cités pour avoir bien démobilisé les anciens combattants, le Mozambique est l'exemple qui constitue la fierté des bailleurs de fonds. Cette réussite de la démobilisation a entraîné aussi une réussite de la réconciliation nationale et un redémarrage remarquable de l'économie du Mozambique. Le mauvais élève de la démobilisation est paradoxalement le Burundi qui n'a pas encore démobilisé.

La démobilisation est aujourd'hui un des scandales financiers et politiques du moment au Burundi même si les médias et les politiciens n'en parlent pas, probablement par manque d'informations. Après nos enquêtes, votre site est en mesure de vous livrer les dessous de l'échec de cette démobilisation et les scandales de corruption de l' équipe de direction.

La Banque Mondiale avait souhaité que le budget de la sécurité baisse progressivement au profit du budget de développement. Le Burundi devait réduire son armée à 20 000 militaires et 15 000 policiers. Le programme de démobilisation devait s'élaborer chaque année. En 2007, l'armée avait promis à la Banque Mondiale de démobiliser 5 000 militaires et la police avait promis une démobilisation de 4 500 policiers. Du côté de l'armée, il y a une entente avec la Banque Mondiale pour démobiliser 2 500 en 2008. Le ministre de l'intérieur, le général major Evariste Ndayishimiye, avait fait la promesse à Washington, lors de sa visite à la Banque Mondiale. Pourtant, il a semblé oublier ses promesses devant les conseillers de la Banque Mondiale en visite à Bujumbura.  

Malversations à la  DDR

Le responsable de la DDR, le général major Silas, s'est illustré dans la malversation à la DDR. Au moment où les démobilisés manquent de moyens, le général Silas a accordé un don à de 100 millions de francs Bu à l'association Ubuntu dirigée par l'épouse du Président de la République. Les véhicules utilisés par cette association appartiennent à la DDR et le carburant consommé est payé par la DDR. Le général Silas a eu une alliée de taille car il bénéficie ainsi d'une protection.

Silas a une voiture de fonction très spéciale. Elle consomme le carburant comme un avion. Selon le rapport de la Banque Mondiale, sa voiture consomme en moyenne 200 litres par jour. Si on tient compte d'un déplacement journalier professionnel de 20 km par jour, son véhicule consomme 10 litres pour 1 km. C'est vraiment  un record battu. Ce record cache un détournement de fonds à la DDR.

Une visite des cadres de la Banque Mondiale très tourmentée

Le comité de pilotage de la démobilisation est dirigé par le Président de la République. Le général Silas est en principe sous les ordres du président du comité de pilotage de la démobilisation. Or, ce comité ne se réunit presque jamais. La Banque Mondiale s'adresse en général au président du comité de pilotage. De ce fait, le rapport sur la mauvaise gestion de la DDR devait être remis au Président de la République. Les cadres de la Banque Mondiale ont demandé à être reçus par le Président Nkurunziza et ce dernier a refusé. Il a envoyé le  2è vice-Président de la République. A-t-il refusé exprès de les rencontrer parce qu'il savait qu'il y avait une mauvaise gestion à la DDR? Certains le disent.

Ce rapport épinglait les malversations au sein de la DDR. Le général Silas tenait à intimider les cadres de la Banque Mondiale. Il s'est présenté à la réunion avec ces cadres en tenue de combat et il a adopté une attitude agressive à leur égard, oubliant leur force. Cette attitude était destinée à montrer ses dents afin que ces cadres aient peur et n'osent pas sortir le rapport. En fin de compte, le rapport a été présenté et il demandait des sanctions.

Ces cadres étaient en colère et ont failli quitter la réunion sur le champ. Ils ont exigé aussi un rapport écrit et signé du conseil des ministres pour que la Banque Mondiale continue à financer la démobilisation.