Burundi news, le 12/03/2008

Il faut restructurer le Service Public burundais...

 

Par The Leadership Institute

Une bonne partie du budget national burundais sert à payer les salaires et indemnités des fonctionnaires burundais, mais aussi les frais de fonctionnement de l’Etat. On pourrait croire par ce fait que les fonctionnaires burundais sont choyés par l’Etat et la Nation et donc qu’ils sont à envier. Malheureusement, il n’en est rien.

Ce papier se veut une plaidoirie et un hommage pour les agents du service public burundais qui, stoïquement, font marcher l’Etat burundais depuis des lustres pour un salaire de misère.

Nous invitons chacun de ceux qui nous lisent de se renseigner sur les salaires des fonctionnaires burundais, toutes catégories. C’est un vrai scandale qui demande que des actions sérieuses et réfléchies soient entreprises pour y remédier.

La dégradation des termes de change et le renchérissement du cout de la vie au Burundi observés depuis quelques années contribuent à renforcer cet état de précarité. Par exemple, la plupart de nos fonctionnaires, mis à part ceux qui ont intégré le service public durant le régime BAGAZA, n’ont jamais eu de crédit logement ou de location vente. L’Etat n’a pas investi depuis des années dans la construction de maisons pour loger ses fonctionnaires. Les services publics comme l’ONL (Office National du Logement) qui avaient construit les habitations de Mutanga Sud, du quartier VI à NGAGARA n’existent plus. Conclusion : nos fonctionnaires sont locataires avec très peu de chances d’accéder un jour au logement.

Les fonctionnaires burundais vivent inévitablement au dessus de leurs moyens, c’est aussi simple que cela. D’aucuns diront qu’ils se servent là où ils travaillent pour joindre les bouts du mois. Tout le monde le sait et semble l’accepter. C’est facile de condamner nos fonctionnaires quand ils demandent des pots-de-vin pour n’importe quel service auquel le citoyen a droit, mais les responsables politiques se sont-ils jamais demandé à quoi consistait la vie d’un fonctionnaire burundais moyen qui doit nourrir, loger, éduquer ses enfants, les soigner et leur préparer un quelconque avenir ? Comment il subvient aux besoins primaires de sa famille ressort d’une gymnastique extraordinaire.  Au Rwanda voisin et dans d’autres pays de la sous-région, les fonctionnaires sont en mesure de contracter des crédits véhicules, un crédit logement et sont en mesure de vivre décemment comme des citoyens moyens qu’ils sont. Ils n’ont rien à envier aux employés du secteur privé et par ailleurs, les fonctionnaires ont des responsabilités nationales qui dépassent ceux du secteur privé. Les fonctionnaires burundais méritent d’avoir des émoluments qui les honorent et se voir rétribués à leur juste valeur pour les services rendus à la Nation. Ce n’est malheureusement pas le cas et les approches du gouvernement ne semblent pas assez SERIEUSES pour voir les choses changer rapidement. Le gouvernement actuel n’a pas d’excuses par rapport à cette question qui doit constituer une priorité pour un bon départ de notre Etat Démocratique. Les gouvernements des régimes passés ont lamentablement échoué à s’attaquer à ce dossier. Mais reconnaissons quand même l’initiative d’introduction de la Mutuelle de la Fonction Publique pour les soins médicaux des fonctionnaires burundais.

Si cette question du service public n’est pas traitée comme il faut, nous doutons d’une efficacité quelconque des programmes actuels de lutte contre la corruption au Burundi. Il faut être REALISTE et enclencher un programme sérieux de restructuration du service public burundais si l’on veut augmenter son efficacité et sa productivité, et endiguer la CORRUPTION.

Des études sérieuses pour en évaluer l’état des lieux et pour élaborer des propositions de restructuration sont nécessaires. L’objectif de ces études serait de :

-         Evaluer la situation actuelle du service public burundais en termes de besoins réels (par rapport aux effectifs actuels), de missions, de salaires et indemnités (par rapport au coût de la vie), en termes d’évolution des carrières etc.)

-         Evaluer l’état des lieux des outils de travail, du niveau de formation et des autres conditions de perfectionnement en cours d’emploi offertes.

-         Evaluer les coûts inhérents au fonctionnement du service public pour en dégager des mesures visant à plus de rationalité et de bonne gestion des ressources publiques (charroi, matériel de bureau, missions à l’étranger etc.) tout en visant l’efficacité et la productivité.

-         Faire des propositions concrètes pour une restructuration des salaires des fonctionnaires, pour une diminution des effectifs du service public (pour plus de rationalité), pour une amélioration des conditions de travail et la création de conditions optimales pour plus d’efficacité et de productivité.

Nous ne prétendons pas avoir passé en revue tous les aspects pour une vraie restructuration du service public burundais, mais voudrions insister sur le fait qu’il ne suffit pas de savoir que rien ne va dans le fonctionnement de notre service public gangréné par la misère des fonctionnaires, la corruption, l’inefficacité et le peu de productivité : IL FAUT AGIR. Nous pensons que la première étape serait de collecter toutes les données chiffrées et qualitatives sur le service public burundais. C’est ce que nous avons appelé ETAT DES LIEUX. Ce n’est qu’après que l’on pourra se pencher sur les voies de solutions dans un esprit inclusif avec les syndicats, les bailleurs de fonds, les experts et le gouvernement. Une commission nationale en charge de la restructuration du service public burundais devrait être mise en place à cet effet.

Nous pensons qu’un Etat moderne se doit de prendre en compte de rémunérer convenablement ses fonctionnaires, de viser une plus grande efficacité et une plus grande productivité de son service public dont dépend tout le fonctionnement de l’Etat et du service aux citoyens.

C’est dans ce sens que nous pensons que la restructuration du service public constitue une PRIORITE pour le gouvernement et que nous nous permettons de revenir sur cette question et de faire cette plaidoirie.

Nous invitons tous les experts de la question de bien vouloir enrichir ces propositions en nous envoyant leurs analyses à l’adresse email suivante : theleadershipinstitute@yahoo.com. Nous nous ferons un plaisir de les répercuter à tous nos lecteurs pour une large diffusion.

C’est honteux de voir un employé de l’Etat en haillons, travaillant trois heures par jour, habitant dans un taudis, incapable de nourrir convenablement sa famille et condamné à demander des pots-de-vin. IL FAUT FAIRE QUELQUE CHOSE POUR ENDIGUER CETTE SITUATION. Nous le répétons : l’augmentation de salaires de 34% ne SUFFIT PAS.