LE TRIO NKURUNZIZA, ADOLPHE NSHIMIRIMANA ET ARTEMON SIMBANANIYE 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 26/02/2008

 

 

Les deux photos sont très significatives de l'orientation politico-religieuse du pouvoir de Nkurunziza. Sur les deux  photos, on voit à droite Artémon Simbananiye, ancien ministre des affaires étrangères de Micombero, au milieu le Président Nkurunziza et à gauche en tenue blanche Adolphe Nshimirimana.

Il s'agit d'une séance de prière et le pasteur qui dirige la prière est Simbananiye lui-même. Du jamais vu, que Simbananiye soit le pasteur du Président Nkurunziza pour plusieurs raisons.

Quel est le  lien entre les trois personnes?

Chacun se fera son idée. Il convient de rappeler certains points saillants des actes de ces 3 personnes.

Arthémon Simbananiye a été ministre omnipotent du Président Micombero. On sait qu'en 1971, Simbananiye avait fait tout pour que les prisonniers politiques et militaires, accusés de putschistes, soient pendus alors que Micombero avait prévu de les gracier. Heureusement qu'ils ont été graciés.

Certains  intellectuels Hutu commençaient à parler d’un « plan Simbananiye » pour tuer les Hutu depuis 1968. Ce plan a été évoqué officiellement pour la première fois dans la lettre célèbre du Commandant Ndayahoze Martin (Hutu), ministre de l’information et Secrétaire Général de la Maison du parti Uprona. Elle portait le numéro 093/100/CAB/68 et avait pour objet le rapport politique  du moment adressé au Président de la République. Ce Commandant est aussi connu par ses éditoriaux à la radio nationale.

 Que disait cette lettre ?

« On parle même d’un « apartheid » Tutsi en préparation.

Qu’en est il ? : Une organisation raciste Tutsi possède un programme d’action dont Arthémon SIMBANANIYE serait l’auteur. Le programme vise l’instauration d’un certain « apartheid » au Burundi. Sa réalisation s’opérerait en trois étapes :

1 Semer la haine entre les ethnies en noircissant fortement quelques intellectuels Hutu.

2 Vous faire disparaître physiquement pour plonger le pays dans la confusion et la colère.

3 Tablant sur les faux bruits déjà en circulation, crier haro sur les Hutu pour récidiver les évènements de  1965.

Alors il ne restera plus qu’à lancer une répression sanglante sur des cibles choisies d’avance et à se montrer très actifs dans l’épuration criminelle pour réclamer le pouvoir comme rançon de son zèle. Après ce coup de balai, l’apartheid règnera au Burundi et le « péril Hutu » sera anéanti à jamais ».

« En conclusion, comme l’a constaté le conseil du cabinet du 12 Avril 68 dernier, nous nous trouvons en face d’un faux problème mais qui risque de devenir un vrai, car ceux qui dénoncent le « péril Hutu » cherchent par ce truchement de haine à servir leurs ambitions personnelles ou à se maintenir à des places acquises indûment,  comme ceux qui parlent des droits à recouvrer, veulent se hisser à tout prix à des postes convoités(ou à la solde des étrangers). Ce que veut le peuple, c’est le pain, la paix et la justice ; le reste faisant l’objet d’une concurrence loyale. Cependant, si le problème n’est pas traité adéquatement et impartialement pour que la sauvegarde de l’unité soit une conviction appliquée, il deviendra un vrai problème qui compromettra notre révolution ».

Ntare V (exilé en Suisse), en mission d’affaires en Ouganda, s’est retrouvé dans un piège tendu par Simbananiye, ministre des affaires étrangères de Micombero. Il est parvenu à convaincre Idi Amin, Président Ougandais, ami de Micombero de lui livrer Ntare  V. Il a été tué à Gitega par l'armée burundaise. Micombero a dissout son gouvernement et a gardé à ses côtés  un seul ministre nommé Simbananiye. N'étant pas lucide, Micombero a laissé la direction des massacres à Simbananiye. Et voilà Simbananiye qui prêche la "bonne parole" de Dieu au Président Nkurunziza et à Adolphe Nshimirimana.

Et Nkurunziza et Adolphe Nshimirimana ont-ils bien retenu la leçon de Simbananiye?

Aller prier chez Simbananiye avec son passé alors qu'il n'a même pas demandé pardon au peuple burundais est très étonnant de la part du Président burundais. Les massacres de Muyinga, de Bujumbura rural, des tueries ciblées des militants du FNL Palipehutu et du Frodebu sont des signes de la violence du pouvoir actuel.

Est-ce que Simbananiye prêche actuellement des paroles qui incitent à la violence d'Etat comme il l'a expérimenté?  Dans tous les cas, ceux qui écoutent le pasteur Simbananiye, dirigent un pays miné par la violence de l'Etat. Il est inimaginable de la part de ceux qui ont été endeuillés en 1972 de constater que l'ancien ministre qui a joué un rôle clé dans les massacres de 1972 soit le pasteur qui prêche la"bonne parole" au Président du Burundi.  

Simbananiye, serait-il devenu un homme influent du régime du Président Nkurunziza?