ALEXIS SINDUHIJE EST LIBRE
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 14/03/2009
Je ne saurais cacher ma joie après la libération d'Alexis Sinduhije pour plusieurs raisons. Alexis Sinduhije est avant tout le petit fils de Paul Rukindikiza, mon père. Il est normal que la mise en liberté de mon neveu soit un moment de joie pour moi. Je remercie aussi les lecteurs et les amis qui ont envoyé des messages de félicitations.
Alexis Sinduhije était un prisonnier politique, un prisonnier d'opinion. Il est dans les habitudes de Burundi News de soutenir ceux qui sont emprisonnés illégalement et surtout pour des motifs politiques. Nous avons soutenu l'ancien Président Ndayizeye. Nous avons aussi dénoncé l'acharnement juridique contre l'ancien président du CNDD-FDD Radjabu. Mettre en prison Sinduhije n' était que mettre en prison la liberté d'opinion, la démocratie.
Sa libération est le fruit d'un combat acharné, la victoire de la démocratie défendue. Les soutiens dont Sinduhije a bénéficiés sont à la hauteur de sa cause. Jamais une personnalité politique burundaise n'avait bénéficié d'un tel soutien populaire, médiatique et surtout diplomatique. Un procès suivi aux audiences par des représentants des ambassades, un représentant d'un pays européen ami du Burundi qui se rend en prison pour rencontrer le prisonnier le plus célèbre de ce moment et qui a été désigné parmi les 100 personnalités les plus influentes dans le monde en 2008 par le très sérieux magazine Times, c'est du jamais vu au Burundi.
La diplomatie a joué mais aussi les soutiens de Sinduhije ont poussé les diplomaties à agir. On peut signaler la manifestation à Bruxelles devant le Parlement européen, les différents contacts officiels et officieux dans plusieurs pays. Les rôles joués par la Belgique, la France, la Norvège, la Grande Bretagne, les Etats Unis ont été prépondérants. L'obstination du pouvoir à ne pas constater qu'il était en tort, le refus d'écouter les protestations internes et internationales ont fin i par céder au réalisme.
Le parti au pouvoir a commis une erreur d'appréciation. Cette volonté de donner une leçon, de corriger Sinduhije s'est révélée une publicité pour Sinduhije. ,Il est sorti plus populaire qu'avant. Sa sortie de prison a été une occasion de joie pour la population. Quatre mille personnes venues l'acclamer à la sortie de la prison, un jour de travail, est un signe qui ne trompe pas. Le peuple attend beaucoup des hommes nouveaux. Pourra-t-il incarner cette image de l'homme nouveau? La balle est dans son camp.
Au moment où sur le terrain la population subit les abus de pouvoir de certains burundais du CNDD-FDD, de la police, Sinduhije incarne l'homme qui a résisté, qui a démontré que la peur du pouvoir ne paie pas. C'est cette terreur que le peuple doit combattre pour choisir son chemin.
Après la libération de Sinduhije, Kavumbagu et Rududura attendent derrière les barreaux pour des motifs politiques. La lutte n'est pas terminée. Radjabu aussi attend en prison comme Pasteur Mpawenanayo et Nkurunziza. D'autres prisonniers politiques restent en prisons. Les prisonniers politiques sont aussi les simples citoyens dans des prisons de province, de commune pour leur appartenance aux partis politiques d'opposition.
Demain, on aura des prisonniers homosexuels, victimes de l'hypocrisie de nos politiciens qui se veulent plus religieux que le pape actuel, qui revendiquent une incroyable incompétence, un manque de culture, de connaissance humaine. Un Parlement qui vote à 100 % une loi pour mettre en prison les homosexuels est un Parlement irresponsable, je l'affirme fort et je l'assume. Si nos fameux députés considèrent que l'homosexualité est une mode contraire à la religion ou aux mœurs, nulle part n'est écrit dans la constitution que tous les Burundais doivent croire en Dieu ou doivent respecter des mœurs supposés car l'homosexualité n'était pas connue. Personne ne peut avancer la date des premiers homosexuels burundais. Si d'autres députés considèrent l'homosexualité comme une maladie, ils devraient savoir que si les hôpitaux emprisonnent les malades incapables de payer, ceux qui ne coûtent rien à la collectivité et qui ne demandent pas de soins ont besoin de la liberté. Combien de ces députés ont défilé tout nu chez un sorcier, combien ont pratiqué l'échangisme, sans parler des infidélités, de coucher avec des moins de 18 ans? Je suis convaincu qu'ils n'ont pas de leçons à donner pour faire condamner les homosexuels.