ET SI LE PRESIDENT NKURUNZIZA ETAIT LE COMMANDITAIRE DE L'ASSASSINAT DE MANIRUMVA

Burundi news, le 09/04/2011

Par Gratien Rukindikiza

Il y a des morts qui ne quittent pas leurs bourreaux. Ces derniers ont beau se prévaloir des révélations divines, se comporter comme des envoyés de Dieu, leurs morts restent un véritable cauchemar. Les assassinats d'Etat ont souvent des mobiles liés aux secrets politiques ou économiques. Dans le but de se protéger, les pouvoirs éliminent les détenteurs des secrets sans éliminer les secrets en soi. C'est en éliminant certains détenteurs des secrets que ces secrets se mettent à jour, amplifiés par un assassinat.

Qui a assassiné Ernest Manirumva?

Les réunions de planification de son assassinat ont été organisées chez Adolphe Nshimirimana en présence des deux bourreaux policiers de la capitale à savoir Ndakugarika, le directeur adjoint de la police et Nikiza David, le commissaire régional Ouest de la police. A chaque réunion, les trois anciens rebelles des FDD étaient présents d'après le rapport d'enquête. Les 3 ont été chez Manirumva pour l'arrêter et l'ont conduit dans son bureau. C'est au cours d'une interrogatoire musclée qu'ils l'ont tué volontairement. Adolphe Nshimirimana est sorti tard la nuit après la mort d'Ernest Manirumva. Il a envoyé un véhicule Hiace de la Documentation pour ramener le cadavre d'Ernest Manirumva chez lui devant sa maison.

Le mobile de son assassinat

Ernest Manirumva était en train d'enquêter sur des armes achetées par la police mais qui ne sont jamais arrivées dans les magasins de la police. Soit, les armes ont été commandées et livrées dans un autre pays; soit les armes n'ont jamais été achetées. L'hypothèse la plus plausible évoquée par le rapport est l'achat des armes au profit des rebelles rwandais qui échangent l'or contre les armes avec les dignitaires burundais, probablement le Président Nkurunziza et Adolphe Nshimirimana. Ce montage est fait en sorte que ça soit la police qui achète les armes dans son budget pour équiper les rebelles qui vont attaquer le pouvoir de Kagamé au Rwanda. Quelles bonnes relations avec le Rwanda!

Ernest Manirumva était sur le dossier et avait déjà récolté beaucoup d'informations. Le dossier était suivi par certains diplomates en poste à Bujumbura. Ce dossier aurait été une bombe, plus que Falcon ou les cahiers ougandais.

Les ADN

Les policiers américains ont demandé les ADN de plusieurs chefs de la police, y compris Adolphe Nshimirimana. Le pouvoir burundais refuse de les prélever. Certaines sources disent que ces policiers auraient déjà les ADN mais qu'ils cherchaient la voie officielle de l'obtention. S'ils ont demandé ces ADN, c'est qu'ils ont déjà comparé celles trouvées sur le corps de Manirumva et celles de ces policiers. Les preuves sont là, tôt ou tard, la justice pourra agir.

La ministre de la justice ne fait que se ridiculiser

Il y a des jours où le silence vaut de l'or. La ministre de la justice, interrogée sur BBC, affirmait que son ministère n'a pas pu poursuivre les investigations par manque de 300 000 frs bu, moins de 200 €. Elle se contredisait en même temps en disant que l'Etat ne manque pas cette somme mais que les procédures sont longues. Elle a oublié de dire que pour voyager à l'étranger, elle a plus de 200 € par jour de mission. En ce cas, la procédure devient ultrarapide. Il suffit de sacrifier un jour de mission pour avoir l'argent manquant nécessaire afin de finaliser  le dossier Manirumva. Le ridicule ne tue pas. Elle ne serait pas la seule.

Une manifestation qui fait peur

Imaginons une personne qui vient de perdre un proche à qui l'assassin interdit de crier sa colère. Le Burundi d'aujourd'hui interdit à ceux qui souffrent de l'exprimer. Pardon, ce n'est pas le Burundi mais les assassins au pouvoir aujourd'hui empêchent le peuple de crier.

Nikiza David qui est intervenu pour empêcher la manifestation serait un des assassins. Il ne veut pas que la justice agisse, il utilise la force publique, celle du peuple pour mâter le peuple.

Les manifestations de la société civile interdites révèlent que le pouvoir a assassiné Manirumva ou qu'il le protège. Pourquoi le Président Nkurunziza protégerait-il Adolphe Nshimirimana, Ndakugarika, Nikiza David s'il n'est pas le commanditaire de l'assassinat d'Ernest Manirumva? Sincèrement, le Président Nkurunziza a le culot de se présenter devant Dieu pour prier, à moins qu'il demande pardon. En ce cas, il s'amenderait. Or, les assassinats politiques continuent. Que fait le bon Dieu alors s'il laisse les criminels l'invoquer à tout moment. Comment se peut-il que les bourreaux peuvent prier le même Dieu que le peuple? Je pense qu'il faudra réinventer la religion. Je plaide pour la religion des justes, des pacifistes, la religion de ceux qui font du bien aux autres, la religion des hommes et femmes intègres. A quoi ça sert de se retrouver dans la même église que les assassins?

Techniquement, la police a tort dans son intervention

En intervenant contre les 30 manifestants, la police est arrivée, bien équipée. Plusieurs policiers portaient des casques anti manifestation, visières fermées. C'est une tenue prévue en cas de casse, de batailles rangées avec les manifestants. Techniquement, il est interdit de mettre cette tenue face à une manifestation pacifique. C'est le BAB de la police ou de la gendarmerie. Une telle tenue est un appel à la violence, et du côté de la police et du côté des manifestants.

Ces policiers étaient équipés de fusils lance grenades lacrymogènes. J'ose espérer que le policier qui a dirigé l'intervention n'a jamais suivi  des cours de MROP (Maintien et rétablissement de l'ordre public). Il devrait savoir que ce sont des armes qui ne sont pas brandies devant les manifestants pacifiques. Comment peut-on brandir ces armes face aux manifestants se trouvant à 2 mètres. C'est comme pendant l'interrogatoire, on menace avec un mortier. A force de vouloir faire peur, ce Nikiza David devient la risée de la police.