LE GRAND COMMERCANT SIYONI PLUS FORT QUE LA LOI

 

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 15 août 2005

Tout Bujumbura connaît ce grand commerçant surnommé Siyoni. Il fait valoir ses bonnes relations avec le Président de la République et ne s’en cache pas. Il paraît qu’il est aussi un militant du CNDD-FDD et qu’il a beaucoup cotisé. Les bonnes relations et les cotisations peuvent-elles lui exempter de respecter la loi burundaise ? Les burundais s’interrogent et les discussions sont animées dans les salons de Bujumbura pour savoir si le Burundi sort réellement de l’impunité.

Il y a deux semaines, un fait était à la une de quelques journaux. Le commerçant Siyoni avait acheté une maison à un autre commerçant nommé Jérôme Ndayizeye. Les clauses de vente n’ont pas été respectées par Siyoni et Ndayizeye avait révoqué l’acte de vente. Siyoni n’a pas apprécié ce comportement et a saisi par la force la maison de Ndayizeye. Ce dernier a fait recours à la justice. Siyoni n’a pas apprécié le recours à la justice alors qu’il en dispose une. Il a organisé une opération punitive, voire mortelle. Un commando a été formé et le procureur général de la République a été informé de l’action et a donné son aval d’après Siyoni lui-même intervenant sur une radio.

Un jour, Jérôme Ndayizeye se rend comme d’habitude à la banque. Il se rend compte qu’il est suivi par un commando armé. Au lieu de sortir de la banque par la porte principale et de prendre sa voiture, il a demandé à son chauffeur de venir prendre sa voiture. Le commando surgit alors avec les armes sur le parking d’une banque et ont braqué leurs armes sur le chauffeur le prenant pour Jérôme Ndayizeye. Les policiers sont intervenus et ont arrêté le commando qui affirmait travailler pour Siyoni. L’affaire a  suivi son cours jusqu’au moment où le procureur général de la République s’en mêle. Cette affaire ne concernait pas du tout le procureur général car elle dépendait avant tout du procureur de la mairie de Bujumbura. Et voilà que Foti s’en mêle car lui aussi il était complice. Il a demandé le dossier à la police le plus tôt possible. Au lieu d’arrêter Siyoni, il a libéré les criminels au grand étonnement de la police. L’affaire a été classée  sans suite alors qu’il y a eu tentative d’assassinat avec préméditation.

Moralité, il y a au Burundi deux justices, celle qui concerne ceux qui ne sont pas les amis du Président Ndayizeye et qui n’ont pas d’argent pour cotiser pour deux partis qui risquaient de gagner les élections. Il y a aussi celle de tous ceux qui ont toutes ces connaissances et qui se targuent d’être amis des nouveaux généraux.

Si cette affaire est classée sans suite, pourquoi maintenir en prison les criminels, les voleurs.

Est-ce que le journaliste Ndikuriyo était plus coupable et plus criminel  que Siyoni ? Le procureur général a agi sur ordre du Président ; je me demande si le Président sortant a la même notion de justice que les autres citoyens.

Le cas Siyoni –Ndayizeye devra être revu si le nouveau pouvoir veut qu’il soit respecté. La justice concerne les petits et les grands. Ceux qui ont le plus voté pour le CNDD-FDD sont les petits. Ils attendent une justice au vrai sens du terme.