LA DERNIERE LIGNE DROITE DES CADAVRES AVANT LES ELECTIONS

 Burundi news, le 17/09/2014

Par Gratien Rukindikiza

Est-ce que le Burundi serait frappé d'une malédiction divine pour que les représentants de Dieu soient la cible des tueurs professionnels? Parlons de noce apostolique, de Monseigneur Ruhuna, de ces trois religieuses etc... Je me rappelle qu'après l'assassinat du représentant du Pape au Burundi que les télévisions européennes disaient que le Burundi est le premier pays à tuer un ambassadeur du Pape.

Trois religieuses qui en savaient trop?

Le 7 septembre 2014, deux religieuses de Kamenge ont été retrouvées mortes assassinées. Tout le Burundi est saisi de stupeur, de colère aussi face à ces assassinats, surtout à l'endroit des étrangers venus  aider la population burundaise. Dans les mêmes bâtiments, une autre sœur a eu la vie sauve. La police entoure les lieux pour sécuriser jour et nuit. La nuit suivante, sécurisée par la police, la sœur qui avait échappé à la tuerie est retrouvée morte assassinée. Des questions fusent de tous les côtés. Le dispositif de police ne permettait pas une entrée sur les lieux sans autorisation. Seule la police avait repéré où dormait la sœur épargnée. Donc, la complicité de la police était nécessaire pour s'introduire sur les lieux et retrouver facilement la sœur.

Avant même les enquêtes, la police avait trouvé un coupable presque parfait. Tellement parfait qu'il a répété le message à dire à la presse. Cet homme reconnu par tout Kamenge comme un fou a fourni le mobile du crime. Les sœurs occuperaient sa propriété. Ses parents démentent. La propriété n'a jamais été de la famille.

Pour couronner tout, la police, sachant bel et bien qu'elle a affaire à un fou se décide de le conduire chez un psychiatre. Les policiers refusent de sortir pour que le psychiatre l'examine et ne découvre la supercherie du coupable parfait. Notre fou n'est pas examiné.

Les erreurs de la police

La police et le pouvoir burundais ont commis des erreurs fatales. En matière pénale, le suspect retrouvé le lendemain sans enquête, sans témoin accusateur, est toujours une fausse piste. Dans les pays développés, c'est une stratégie pour protéger une autre piste sérieuse. Désigner un fou d'emblée renvoie à des interrogations qui poussent à suspecter le pouvoir même.

Trop de précipitations, trop de bêtises ou volonté de sabotage. En tout cas, la gestion de ces assassinats est un signe qui ne trompe pas. Celui qui a assassiné la troisième sœur est l'assassin des deux premières ou il est complice ou fait partie de la bande.  L'assassin de la troisième sœur a bénéficié de la complicité de la police. Donc, les assassins des deux premières sœurs a eu des complicités dans la police.

Une autre erreur de la police. Pour accabler le faux  assassin arrêté et pour tromper l'opinion par l'émotion qui rendait aveugle, la police a affirmé que les sœurs ont été violées. L'horreur pour choquer. Eh bien non, le curé de la paroisse a affirmé devant la presse que personne n'a été violée d'après les examens. Pourquoi la police s'est -elle permise de mentir? Avait-elle déjà un texte à réciter avant d'enquêter? C'est ce qui semble être.

Le mobile des crimes

Commençons par la fin. Malgré la présence de la police, il a été décidé que la troisième sœur devait être assassinée. Il y a lieu de se demander si la présence de la police ne pouvait pas être une planque  pour l'assassinat de la troisième sœur. Les assassins ont tenu à tuer la troisième sœur, non pas parce qu'elle avait vu les assassins mais pour un autre motif.

Les religieuses font partie de l'église catholique qui commence à montrer son agacement par rapport au pouvoir. Fallait-il un avertissement? La communauté internationale s'apprête à envoyer des observateurs aux prochaines élections. Est-ce que les blancs peuvent-ils aller partout comme dans les quartiers périphériques ou en province? Une leçon pour signaler que le Burundi est dangereux et qu'il faut rester dans les lieux sécurisés et laisser les Burundais s'entretuer.

Les trois religieuses ont éventuellement été victimes de Mbonimpa. Elles ont vécu au Congo dans la province du Kivu où s'entraînent les miliciens Imbonerakure. Elles avaient beaucoup de contacts avec la population de la plaine. Certains murmurent qu'elles auraient des preuves de la présence des imbonerakure au Congo. Assassiner les deux sœurs sans la troisième aurait été un suicide si réellement c'est le pouvoir. La "mission" d'assassiner la troisième sœur était hautement souhaitée par ceux qui pouvaient craindre qu'elle révèle le mobile de l'assassinat des deus sœurs et balancent dans la foulée les informations en sa présence. Une véritable bombe difficile à gérer que l'assassinat de la troisième sœur.

Encore une fois, les enquêtes sont enterrées comme pour Gatumba. Burundinews a été le premier à révéler les vrais assassins. certains de la police et des renseignements avaient participé directement. Les innocents ont été arrêtés à la place de vrais coupables. Et si les assassins de ces trois sœurs étaient payés par les deniers publics?

Si l'exercice du pouvoir se compte par cadavres, le prix Nobel des cadavres serait attribué à .......