Burundi news, le 07/06/2010

Proposition d’un citoyen pour une sortie de crise après les élections contestées au Burundi.

 Par Augustin Nsengiyumva

Au moment où est rédigée cette modeste contribution, les partis politiques de l’opposition viennent de contester les résultats des élections communales du 24 Mai 2010 et ont par conséquent décidé de boycotter les élections présidentielles prévues le 27 Juin. Seul le candidat Nkurunziza Pierre du parti CNDD FDD reste dans la course pour se succéder à lui-même.

Dans le même temps, des tracts circulent ici et là ; des arrestations et même des assassinats d’opposants sont rapportés dans telle ou telle région. Le parti CNDD FDD croit dur comme fer que les élections ont été régulières et transparentes

 

Par contre, les partis d’opposition sont fermement convaincus que les élections communales ont été trichées, entachées de beaucoup d’irrégularités, et les voix de la population achetées, à coups de milliards de francs, par le parti au pouvoir.

Bref, la tension monte et la méfiance est à son comble.

 

Ma contribution vient appuyer celles de bien d’autres qui ont écrit avant moi et auxquels je rends ici mes hommages appuyés pour leurs contributions constructives visant à apaiser le climat actuel de forte tension politique.

La situation actuelle au pays est en effet une situation de blocage. Il faut donc agir dans l’urgence. Dans l’urgence certes, mais également, à mon humble avis, dans la sagesse et en véritables patriotes, pour éviter de tomber dans les mêmes erreurs que celles qui sont à l’origine du climat politique malsain que nous connaissons aujourd’hui.

Disons d’emblée, qu’il serait inconcevable de poursuivre, dans cet état d’extrême tension, le marathon électoral prévu cette année.

Il faudrait selon moi, agir vite pour éteindre l’incendie, mais également se donner un peu de temps, pour réfléchir ensemble, sur un programme prioritaire fonctionnel qui ferait revivre notre cher pays.

Plus concrètement, je propose que, dans un premier temps, et sans tarder, la classe politique burundaise (parti au pouvoir et opposition) se retrouve pour un dialogue (le candidat indépendant Déo Hakizimana appelle à la tenue d’un forum politique pour vider le contentieux électoral) en vue de définir, ensemble, les priorités d’un gouvernement d’union nationale(Net presse du 03 Juin parle d’une coalition de transition) ainsi que sa durée dans le temps ( une année pourrait peut-être suffire, mais c’est à la classe politique d’en décider).

 

Je me permettrais, dans les lignes qui suivent, de proposer au lecteur ces quelques priorités qui pourraient inspirer les décideurs politiques Burundais (la liste des priorités n’est pas exhaustive):

 

• L’unité de la nation

• le développement du pays, surtout le développement agro-pastoral dans un pays essentiellement agricole, mais où une partie importante de la population est tellement paupérisée qu’elle ne parvient pas à se nourrir. Elle serait par conséquent moins tentée de vendre ses voix pour si peu.

• la bonne gouvernance

• la justice pour tous et la lutte contre l’impunité

• la formation de la population (formation scolaire et civique de la jeunesse, formation idéologique et patriotique de la population adulte, alphabétisation de la population avec des séances intensives de formation à l’écriture et à la lecture.

•la lutte sans merci contre la corruption

• le respect des droits économiques et sociaux reconnus par la charte universelle des droits de l’homme

• le dialogue permanent avec la population en vue de définir, ensemble avec elle mais non sans elle, le  projet national d’après transition.

Etc.… Etc.…

 

Bien sûr que la mise en pratique de ce programme prioritaire nécessite le concours (les compétences) de tout un chacun et  qu’il est appelé à se poursuivre, aux côtés d’autres priorités à arrêter après la période de transition.

 

Dans un deuxième temps, après avoir défini les priorités, la classe politique se désignerait un dirigeant consensuel capable de mettre en œuvre le programme arrêté en commun. Cela suppose que les membres de toute la classe politique dans leur ensemble acceptent de se faire violence pour arriver à de compromis Les uns et les autres ne seraient guidés que par le seul intérêt supérieur de la nation. Le futur dirigeant du gouvernement de transition consensuelle ment désigné devra être une personnalité de dialogue, compétente et moralement intègre.

 

Dans un troisième temps, le dirigeant de la future transition, entrerait immédiatement en concertation avec les membres de la classe politique pour désigner, dans le respect des équilibres, les membres d’un gouvernement d’hommes et de femmes, capables de réaliser le projet prioritaire retenu.

Périodiquement, il serait fait une évaluation du pas franchi, quitte à opérer des ajustements en cas de besoin.

 

Il est évident que je n’ai à donner de leçon politique à personne, encore moins à la classe politique de mon pays. La présente réflexion n’est, ni plus ni moins qu’une petite contribution (à enrichir s’il le fallait). Et il pourrait y en avoir bien d’autres. La meilleure contribution, à mon sens, serait une contribution qui aiderait à mettre fin, le plus rapidement possible, au climat actuel de tension et de méfiance extrême entre partenaires politiques de notre pays, où la population mérite mieux que de basculer de nouveau dans une violence aux conséquences incalculables.

 

Augustin Nsengimana

Citoyen Burundais