QUI VEUT LA TETE DE LA DEUXIEME VICE PRESIDENTE DU BURUNDI ?

 Burundi news, le 02 juin 2006

Par Gratien RUKINDIKIZA

On a rarement vu une révolution sans violence. Par ailleurs, toute violence politique n’a pas débouché sur une révolution. En Afrique, les révolutions se font plus au palais que chez les peuples. Le Burundi vient de passer des années avec une certaine dose de violence qui concernait plus les simples citoyens que les nantis. La violence s’installe comme mode de règlement de conflit à défaut d’un dialogue. Le débat interne au sein des partis politiques a été remplacé par des putschs internes ou des limogeages. Des complots sont nourris ici et là tout en désignant un commanditaire. 

Tout est parti de l’annulation de la visite de la deuxième vice Présidente en Belgique. De retour des Etats-Unis, Alice Nzomukunda devait rencontrer plusieurs personnalités européennes dont Louis Michel, Monsieur coopération de l’Union européenne. Cette visite a été annulée de Bujumbura avec une lettre bien datée et signée. L’annulation verbale a été refusée et une lettre a été envoyée. Le chargé d’affaires en Belgique, en l’absence d’un ambassadeur, a fait son travail. Les Burundais ont entendu à la radio le Secrétaire Général du gouvernement s’en prendre à la Belgique d’avoir annulé les rendez-vous de la deuxième vice-Présidente. Pourtant, tout le monde savait que c’étaient les officiels  burundais qui avaient annulé ce voyage en Belgique. C’était une gaffe de plus en matière de communication. 

L’annulation de ces rendez-vous a été ressentie par Alice Nzomukunda comme une véritable provocation. A son arrivée à Bujumbura, elle a eu un entretien avec le ministre de l’intérieur et le ministre de la communication. Après cet entretien, la rencontre avec les journalistes a été annulée. Certains disent même qu’elle a menacé de démissionner. La colère se dirigeait contre Radjabu, président du CNDD-FDD, pointé du doigt par les proches de la deuxième vice-Présidente d’avoir fait annulé ses rendez-vous. Certains lecteurs se souviendront que Radjabu était en Libye où il attendait d’être reçu par le Président Kadhafi. Ceci n’empêche pas cela d’autant plus que les téléphones communiquent entre la Libye et le Burundi.

Avant cet incident, le dossier des 10 milliards de francs bu que notre site avait révélé avait suscité une certaine attention de la direction du parti CNDD-FDD. Certains commençaient à se poser des questions tout bas sur les relations entre Alice Nzomukunda et le député Basabose, limogé du parti.

La guerre froide a déjà commencé entre les deux personnes. Personne ne sait comment elle prendra fin. Du côté d’Alice Nzomukunda, s’il y a complot, le coupable est déjà nommé avant même de connaître ce complot. C’est ainsi qu’on a entendu sur les radios le mari d’Alice Nzomukunda, dire que leur maison était visée. Tout semblait être vrai. Sauf bien sûr pour les connaisseurs de la balistiques. Or, Helmès, le mari de Nzomukunda, affirmait avoir fait venir des experts militaires pour constater que c’était un tir de lance roquette et non de mortier.

 En quoi est-ce différent ?

Au point de vue militaro-politique, les mortiers 60 sont utilisés par les FNL. Si ce n’est pas un obus du mortier 60, il faut chercher ailleurs, donc du côté du pouvoir ou des services de renseignement. Les lance-roquettes sont rarement utilisés par les FNL. Au point de vue purement militaire, les mortiers font un tir courbe et ont moins de précisions qu’un lance-roquette qui fait des tirs tendus. Une roquette est tirée à l’aide d’un cadran qui permet de préciser. Le tir vise un objectif comme pour un fusil.

Techniquement, si le tir visait la maison d’Alice Nzomukunda, la roquette aurait percuté son objectif à moins que le tireur soit le plus mauvais des tireurs ou ait confondu l’objectif. Cependant, il a été dit que le tireur s’est approché de l’objectif dans le quartier. Il n’aurait pas alors raté son objectif.

Notre rédaction a contacté une personne de l’entourage de la deuxième vice-Présidente. Il ressort que l’obus qui a percé le mur chez les voisins d’Alice Nzomukunda est bel et bien un obus de mortier. Des combats entre  le FNL et l’armée,  non loin de la résidence de la deuxième vice-Présidente, ont été signalés.

Les déclarations du mari de Nzomukunda viennent mettre de l’huile sur le feu dans un climat de méfiance mutuelle. Les accusations de tentatives d’assassinats ne sont pas de simples paroles et n’ont pas le mérite de calmer les esprits. C’est dans ce climat malsain que des tracts sont publiés par certains sites pour manipuler les militants du parti qui est au pouvoir. Il vise nommément Radjabu, le président du parti CNDD-FDD. La situation médiatique  de ce parti est aussi médiocre. Depuis la séquestration des journalistes chez Basabose par le pouvoir, les journalistes tirent à boulets rouges sur le parti CNDD-FDD. Les déclarations de Helmès ne font qu’alimenter la presse à la recherche des nouvelles sur les failles internes de ce parti.

Les bombes tirées chez le voisin d’Alice Nzomukunda n’ont aucun rapport avec la guerre froide entre les deux personnalités à savoir Radjabu et Nzomukunda. Le linge sale se lave en famille. Les histoires internes au sein du parti ou entre les militants du CNDD-FDD ne méritent pas d’être étalées par les concernés sur la place publique. Les Burundais ont faim. La pauvreté devait être la préoccupation principale du pouvoir. Le Burundi n’est pas le CNDD-FDD. Avant le CNDD-FDD, le Burundi existait. Il continuera à exister après.