LA TRAGEDIE DE L'IMMEUBLE DU CNDD FDD DE GITEGA NE DOIT PAS CACHER D'AUTRES TRAGEDIES

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 14/07/2009

Un immeuble en construction s'est effondré dans la ville de Gitega. Il a emporté la vie de 14 ouvriers et plus de 50 blessés. C'était un immeuble en 4 étages. Cet incident a suscité beaucoup d'attention. L'Assemblée Nationale a suspendu ses travaux pour permettre aux députés d'aller à Gitega pour constater les faits et participer à l'enterrement. Le Président de la République, le président de l'Assemblée Nationale, le président du Sénat, plusieurs ministres et tous les hauts cadres du CNDD-FDD étaient à Gitega. Les cortèges ont impressionné la population de Gitega. Etait-elle la première tragédie que le Burundi connaissait? Dépassait-elle l'ampleur des autres tragédies ces dernières années?

L'explication de cette descente sans précédent n'est rien d'autre que le fait que l'immeuble était une permanence nationale du CNDD-FDD, parti du Président de la République. Les cortèges des grands de ce Burundi ont voulu aussi faire taire la polémique qui est née de cette tragédie à savoir les défauts de construction et surtout les détournements de fonds et matériel qui ont entouré cette construction. Certains du CNDD-FDD ont avoué que le ciment utilisé n'était pas de quantité suffisante, peu de béton, d'autres disent que cet immeuble a permis à d'autres de construire leurs maisons personnelles de bonne qualité.

Personne ne doit oublier que le responsable est le CNDD-FDD qui a accepté les plans, qui a mis en place un système de surveillance défaillant qui permettait des détournements. Ces défauts sont à l'image des failles de la gestion du pouvoir. Il est très fréquent que le Président fustige la corruption des cadres de son parti, encore oublie-t-il de signaler la sienne.

Et les autres tragédies?

La population de Makamba n'a pas vu les cortèges de ces grands quand la police a massacré les collégiens scout. Seul un ministre s'est rendu sur les lieux très timidement. Ni le Président de la République, ni celui su Sénat, ni celui du Sénat ne s'est rendu sur les lieux pour assister à une messe ou à l'enterrement. Et pourtant, ils étaient tués par la police et l'Etat aurait dû être représenté au plus haut niveau pour s'excuser.

La population de Muyinga n'a pas eu droit à cette descente de Gitega alors que les morts dépassaient en nombre ceux de Gitega. Ils étaient massacrés, ligotés et jetés dans la rivière Ruvubu. Au lieu de consoler cette population, l'auteur des massacres qui a bénéficié de la complicité du plus haut niveau, a été exfiltré et envoyé à l'étranger avec une enveloppe conséquente.

Deux poids, deux mesures. Les morts sont traités différemment. Les morts de Gitega sont des Burundais. Le Burundi a perdu mais surtout leurs familles ont perdu. Après les cortèges, les familles rentrent dans leurs problèmes quotidiens, leurs deuils. Les cortèges n'étaient que pour calmer cette colère de cette population de Gitega, une population qui compte beaucoup dans les élections. La population de Muyinga ou de Makamba participe aussi aux élections. Si le Président de la République ne peut intervenir que pour les intérêts du CNDD-FDD, il ne pourra s'attendre que des voix à la hauteur des erreurs.

Burundi News présente les condoléances aux familles qui ont perdu les leurs et souhaite un bon rétablissement aux blessés.