FAUT - IL DIMINUER LE TRAIN DE VIE DES DIRIGEANTS BURUNDAIS ?

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 11 décembre 2005

Le Burundi se situe parmi les 5 derniers pays pauvres au monde. La pauvreté des burundais ne signifie pas qu’il n’ y a pas de burundais très riches. Dans un pays pauvre, une certaine minorité, qu’elle soit politique, affairiste, clanique, religieux etc… s’arrange pour s’affranchir de la pauvreté. Cette minorité a tendance à se réduire sur des critères variés pour que les bénéficiaires du petit gâteau ne dépasse pas une centaine, voire moins. Plus le gâteau est petit, plus le nombre de bénéficiaires se réduit.

Au Burundi, les premiers bénéficiaires sont les hommes d’affaires qui ont tissé des connaissances bien solides avec certains membres du gouvernement et des services publics  pour décrocher les marchés publics tout en étant les plus chers. Les marchés publics deviennent des marchés de gré à gré conclus dans des bistrots de Bujumbura.  Ce gâteau est composé de deux éléments : La corruption qui est toujours au détriment des intérêts du peuple et les avantages légaux au profit des dignitaires du pouvoir. Dans cet article, il sera question des avantages légaux.

Les dignitaires du  pouvoir burundais jouissent des avantages matériels et financiers en dehors de leurs salaires qui ne sont pas en concordance avec l’état de pauvreté du peuple burundais. Personne ne veut que les dirigeants soient pauvres. Il serait aberrant aussi d’avoir des dirigeants avec des moyens matériels trop importants au regard de la situation des autres serviteurs de l’Etat. Il s’agit d’analyser deux avantages à savoir les voitures et les logements de l’Etat et de proposer des solutions.

Au Rwanda, le Président Kagamé a décidé que toutes les voitures de l’Etat seront vendus et que tous les dignitaires n’auront plus de voitures de fonction sauf le Président de la République, le Président du Parlement, celui du Sénat, le Premier Ministre et le Président de la cour suprême. En dehors de ces 5 personnalités et des services de sécurité et de secours, toutes les voitures ont été retirées pour être vendues. La décision a été suivie à la lettre d’autant plus que Kagamé avait menacé d’aller lui-même arrêter les contrevenants. Les anciens bénéficiaires de ces voitures pouvaient acheter des voitures personnelles avec une aide de l’Etat sous forme de subvention d’un certain montant.

Au Burundi, le charroi de l’Etat coûte cher en achat, en entretien, en essence et en détournement. L’économie qui serait réalisée pourrait servir à aider par exemple des jeunes qui veulent se lancer dans les affaires ou à soutenir des projets de développement local. L’Etat peut proposer aux ministres, directeurs généraux et autres bénéficiaires actuels d’acheter à un bon prix leurs véhicules en leur attribuant 50% du prix du véhicule à hauteur de 25% par année tout en fixant un montant maximum. Si une personne est limogée avant la fin de la 2 ème année, elle n’aura que 25%. Concernant les indemnités kilométriques, une somme forfaitaire leur serait allouée sous forme de salaire pour les déplacements officiels. Comme l’Etat s’est montré incapable de bien gérer le charroi, le désengagement permettrait de faire des économies. En cas de mission à l’intérieur, l’Etat pourrait louer les véhicules comme tout privé. Le Gouvernement pourrait organiser les anciens chauffeurs de l’Etat dans des sociétés privées de location de voitures. Ces chauffeurs pourraient acquérir en priorité ces véhicules à un bon prix. Ainsi, cette réforme ne générerait pas de chômage.

En dehors du charroi de l’Etat, les logements de fonction sont des gouffres du budget de l’Etat. Il est difficile d’entretenir des logements appartenant aux dignitaires qui peuvent exiger de changer tel ou tel équipement d’autant plus que c’est l’Etat qui doit s’en occuper. De même, il convient de vendre les logements de fonction et demander aux bénéficiaires de construire ou acheter avec l’aide de l’Etat. L’Etat pourrait leur proposer des crédits à 0% et continuer à payer des indemnités de logements pour ceux qui se logent chez eux ou qui louent comme ça se pratique aujourd’hui.

L’Etat manque de moyens, il doit chercher  comment réduire ses charges. Il serait même préférable que le gouvernement burundais achète un audit des dépenses de l’Etat et un rapport sur la réduction des dépenses de l’Etat. Un tel travail est difficilement fait par des fonctionnaires de l’Etat qui subissent les pressions de leurs supérieurs ou qui risquent de perdre leurs avantages. Le plus important est de bien répartir la petite  richesse du pays. Il est lamentable de voir des véhicules tout terrain dernier cri appartenant à l’Etat circuler à Bujumbura alors que des pauvres croupissent dans des hôpitaux, faute d’argent pour payer leurs sorties d’hôpitaux. Les malchanceux n’ont même pas accès à l’hôpital alors que les serviteurs du peuple, donc les dirigeants, roulent dans des véhicules qui n’ont rien à envier de ceux des ministres français.

Les dirigeants actuels devraient se demander s’ils peuvent maintenir le train de vie de l’Etat actuel face à une telle pauvreté et à une mauvaise gestion étatique.