LES TRAVAUX COMMUNAUTAIRES DU SAMEDI OU L'ART DE BLOQUER L'ECONOMIE

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 11/02/2012

Depuis l'arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, les matinées des samedi dans les grandes villes sont des journées en couvre feu. Personne ne peut sortir de chez lui. Les voitures ne circulent pas et les villes donnent l'impression des villes assiégées. Seuls les agents des forces de l'ordre circulent. Pourquoi les Burundais en sont arrivés à un couvre feu de la matinée des samedi? Qui a intérêt à bloquer les villes?

Les travaux communautaires des quelques militants zélés du CNDD-FDD 

Ces samedi sont consacrés aux travaux communautaires. Le Président l'a institué en tant que tel. Mais ces travaux ne sont pas obligatoires. Ni obligatoires, ni payés, ils sont boycottés par la population citadine. Seuls quelques militants zélés du CNDD-FDD et surtout les membres du gouvernement, certains hauts cadres nommés par décret sont obligés d'être à ces travaux. Les absences répétées sont considérées comme un désintéressement et un manque de militantisme. Les risques de perdre son travail sont élevés.

Se montrer pour mériter

Le Président participe régulièrement à ces travaux. Il se déplace souvent en province ou reste à Bujumbura. Ce sont des occasions pour ceux qui espèrent ou qui convoitent des postes très "juteux" pour se faire voir par le Président au moment où ils sont au travail. Certains vont en province sur les lieux des travaux communautaires du Président pour guetter une occasion rare dans le but de  parler au Président. Certains attendent avec beaucoup de patience ce jour "béni" pour eux.

Dans tous les cas, il y a deux voies majeures pour que le Président rencontre un militant hors les rendez-vous introuvables par voie officielle. Il faut prier dans sa chorale, encore faut-il avoir une autorisation ou participer souvent aux travaux communautaires à côté du Président.

Une économie bloquée et un budget gaspillé

Pendant ces matinées, aucun magasin n'est ouvert, aucun service ne fonctionne. Le pays est à l'arrêt et l'économie aussi. Le Burundi perd des centaines de millions de francs en une matinée d'autant plus que les samedi ne sont pas travaillés pour les fonctionnaires et certaines entreprises privées et le dimanche est un jour de repos pour les chrétiens que sont plus de 90 % des Burundais. En contre partie, ces travaux sont insignifiants dans l'apport au développement du pays.

Par ailleurs, les dignitaires qui vont aux lieux des travaux communautaires se déplacent avec les moyens de l'Etat, le carburant payé par l'Etat. Les routes sont bloquées par des policiers payés par l'Etat et utilisant les moyens de l'Etat. Les millions dépensés et payés par l'Etat sont de loin supérieurs au coût qui reviendrait à une entreprise qui s'occuperait de ces tâches.

Le Burundi est au rythme du Président qui veut chaque fois faire son show. Le Président agriculteur, président éboueur, président footballeur, président chanteur, futur pasteur, bref tout sauf un vrai métier de Président.