TREIZE APRES LA MORT DU PRESIDENT NDADAYE, RIEN N’A CHANGE

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 22 octobre 2006

Treize ans après la mort du Président Ndadaye, le pays s’interroge toujours sur les commanditaires de son assassinat. La dernière enquête de la Radio RPA a donné des éléments suffisants pour relancer l’affaire.

Un Président est mort, assassiné et les pouvoirs successifs n’ont rien fait pour punir les commanditaires et les assassins. Ndadaye mort, ses successeurs se bousculaient plus pour avoir des postes et de l’argent que pour faire connaître la vérité sur son assassinat.

Après treize ans, les cadres du Frodebu qui n’ont rien retenu de l’héritage de Ndadaye se réveillent en constatant que les preuves ne sont pas encore réunies pour faire juger les assassins de Ndadaye. Le pouvoir du CNDD-FDD a préféré ranger le dossier dans les oubliettes pour se consacrer à de nouveaux dossiers de putschs montés de toutes pièces. Au moment où les vrais putschistes se promènent impunément, les faux putschistes croupissent en prison, en violation de la loi.

Les assassins de Ndadaye sont connus. Certains l’ont même déclaré sur les ondes de la radio RPA. Les commanditaires ont été dénoncés. Pourtant, ils ne sont pas inquiétés.

Treize ans après la mort de Ndadaye, les politiciens n’ont pas tiré des leçons et ils n’ont rien gardé de son héritage. La gouvernance du Burundi est une calamité depuis sa mort. Les intérêts personnels priment sur l’intérêt général. La réconciliation prônée par Ndadaye est un vain mot aujourd’hui. Elle est remplacée par la confrontation. Le dialogue et le consensus sont remplacés par l’arrogance et le monologue.

Ndadaye est mort comme Rwagasore. Les deux ont laissé des  partis solides  mais ils sont devenus fragiles suite aux problèmes de succession et au manque de maturité politique des faux héritiers. Il est rare d’entendre les dirigeants du Frodebu se réclamer de Ndadaye. Après sa mort, Ndadaye a été très rapidement oublié. Sa tombe ne ressemble pas à celle d’un ancien Président Burundais élu et mort héroïquement. Quelle mémoire courte !

Treize ans de deuil car le peuple n’a pas encore les explications sur sa mort. La levée de deuil définitive a attendu douze ans comme s’il était oublié par son peuple et par sa famille. Sa mémoire a été trahie par les siens au sein du parti et certains membres de sa famille qui ont voulu seulement tirer profit de sa mort au lieu de l’honorer.

Le Burundi est à la dérive. La démocratie est un échec aujourd’hui. Des centaines de milliers de morts n’ont pas donné des leçons aux dirigeants. 

Les Burundais attendent toujours les vrais héritiers de Rwagasore et Ndadaye à la direction du pays.