Burundi news, le 07/07/2009


Les tristes singularités du BURUNDI

Réflexions de Juin/Juillet 2009

Par NZIBAREGA Bernard

INTRODUCTION :

Il y a 37 ans, à la même période que maintenant, le Burundi était plongé dans un bain de sang sans précédent dont le souvenir ne sera jamais effacé de la mémoire collective, à moins que ...la vérité sur l'identité des concepteurs, sur les différents acteurs et sur toutes les victimes de cette horreur, sur les différents sites de fosses communes, etc... soit mise au jour sans complaisance.

Etant moi-même l'un des rares rescapés du pogrom de 1972, mais aussi témoin de l'évolution de l'histoire de ma chère patrie, j'ai cru bon de soumettre à la réflexion des lectrices et lecteurs de "Burundi news" ce que j'appelle " Les tristes singularités du Burundi" dont, nous Burundaises et Burundais, avons à nous affranchir, car elles n' honorent pas notre pays dans le concert des nations !

A quelques mois du rendez-vous historique avec notre destin en 2010, nous devons nous unir pour orienter notre avenir commun dans la bonne direction. L'occasion va nous être donnée pour infléchir le cours de l'histoire: d'où la nécessité de nous y préparer sérieusement.

Sur l'échiquier international, le Burundi détient un record peu enviable de singularités dont voici quelques-unes :

1. La Nation a investi énormément de moyens financiers dans la formation de ses cadres (dans plusieurs domaines) dont une bonne partie a été, par la suite, « mangée » par la même Nation de manière sélective. Qui a été derrière ce gâchis insensé et criminel ?

2. Des cerveaux présumés d'assassinats politiques ciblés de Burundais (depuis celui, à Kamenge, de syndicalistes Hutu) et d'étrangers, hôtes du Burundi, se promènent librement sans s'inquiéter! Pourquoi des citoyens d'une ethnie s'arrogent le droit de vouloir supprimer impunément la vie de citoyens d'une autre ethnie ou d'une autre nationalité ? Notre pays serait-il une jungle ou un état démocratique ?
Chaque Burundaise et chaque Burundais doivent  répondre à cette question en toute honnêteté.

3. Des putschistes récidivistes notoires, des criminels présumés continuent de narguer la majorité du peuple ( toutes ethnies confondues) qui avait osé, par les urnes, préférer la DEMOCRATIE A L'OLIGARCHIE. La détermination du peuple doit avoir raison des putschistes qui sont loin d'avoir désarmé!

4. En matière de droits de l'homme, le constat est alarmant: à croire que notre classe politique, dans sa globalité, est soit illettrée soit irresponsable, ou les deux à la fois ! Sinon, comment expliquer que de MICOMBERO à NKURUNZIZA (à l'exception de la courte accalmie sous NDADAYE), tous les régimes qui se sont succédé ont cautionné l'impunité, MAL NUMERO 1 dont souffre le Burundi depuis 1962 ? Avons-nous les gouvernants que nous méritons ?

5. A environ quatre mois d'intervalle, la Nation a perdu deux Chefs d'état qui, que je sache, ne se sont pas suicidés, mais dont ni aucun successeur ni aucun parlementaire n'a eu le courage d'exiger publiquement l'engagement d'une procédure d'enquête judiciaire auprès d'une instance internationale crédible. Les dirigeants du FRODEBU, en la matière, portent une énorme responsabilité historique. Ils ont trahi les idéaux de Melchior NDADAYE, tous les "héros de la démocratie" ainsi que leurs électrices et électeurs: ils méritent de le payer cher lors des échéances de 2010! On récolte ce que l'on sème....

6. Depuis le lâche assassinat de Louis RWAGASORE le 13/10/1961, en passant par ceux non moins lâches de Pierre NGENDANDUMWE le 15/01/1965 et du jeune Roi NTARE V le 29/04/1972, et la torture à mort, dans un camp militaire supposé le protéger, du Président Melchior NDADAYE le 21/10/1993, une nébuleuse oligarchique ne recule devant rien pour empêcher l'avènement de la démocratie. Fort heureusement, les jours de la nébuleuse , en tant que groupe d'influence, sont désormais comptés, si j'en juge par la maturité politique de notre peuple !

7. Le débat contradictoire radio-télévisé en KIRUNDI est méprisé, à tort, par les prétendus compétiteurs politiques, en réalité sans projet de société! Rappelons-nous, comment, du revers de la main, le candidat BUYOYA a refusé de débattre avec son illustre challenger en 1993 : on connaît la suite! Espérons que les protagonistes de 2010 ne suivront pas le contre-exemple de BUYOYA. Pourquoi avoir peur de confronter son programme (si on en a un) avec ceux des adversaires pour éclairer les électrices et électeurs ? Pourquoi priver les citoyens du droit de se faire une opinion sur les divers projets ? J'espère que tous les candidats à tous les postes politiques électifs accepteront, comme Monsieur SINDUHIJE Alexis qui, à juste titre en fait son cheval de bataille, de confronter leurs programmes à ceux de leurs adversaires.

8. Sans vouloir juger qui que ce soit, il serait intéressant de savoir le sentiment dominant de l'élite intellectuelle TUTSI de plus de 62 ans (c'est-à-dire celle qui était âgée de 25 ans et plus en 1972) compte tenu de l'absence de leurs feu camarades HUTU fauchés dans la fleur de l'âge, sans sépulture ni deuil pour leurs familles éplorées encore inconsolables! Cette élite est-elle prête à coopérer avec la Commission Vérité et Réconciliation pour raconter leur rôle de il y a 37 ans ? Le devoir de mémoire et de vérité s'impose à nous tous, surtout à l'intention des générations plus jeunes. Autant la vengeance est à exclure, autant la Justice doit retrouver ses lettres de noblesse pour plus de cohésion sociale et pour ne plus tomber dans des accusations simplistes d'une ethnie contre une autre. Les générations montantes ont droit de savoir toute la vérité sur leur pays, même si elle est assommante ou honteuse!

9. Les quotas dits "ethniques" ne favorisent-ils pas une certaine "médiocratie" au détriment de la "méritocratie" ? Il faut que le peuple s'approprie le débat en KIRUNDI. Les vrais détenteurs de tout pouvoir "démocratique" ont leur mot à dire sur la question, comme sur tant d'autres, et ce, de manière démocratique !


10. Est-il honnête, pour une formation politique digne de ce nom, de prétendre être dans l'opposition tout en réclamant des postes au pouvoir en place ? En 1961 l'UPRONA, vainqueur des élections législatives a gouverné sans partage jusqu'en 1993, et c'était normal. Le Burundi doit retrouver la norme pour plus de sérénité politique et sociale. Un pouvoir issu des urnes ne saurait être exercé par les vainqueurs et les vaincus: nous y veillerons en 2010!

11. A quand l'indépendance de la Justice, la séparation effective et vérifiable des pouvoirs dans notre cher Burundi ? Question posée à tous ceux qui ont exercé le pouvoir de 1962 à aujourd'hui!




CONSEILS ET RECOMMANDATIONS :

12. Le peuple burundais de 2009 est différent de celui de 1962 (année des premiers assassinats politiques restés impunis à ce jour)! Ce clin d'oeil s'adresse à toutes celles et à tous ceux qui aspirent à briguer les suffrages des électrices et électeurs l'année prochaine.

LA CLASSE POLITIQUE, DANS SON ENSEMBLE, DOIT ENFIN COMPRENDRE QU'ELLE A DES COMPTES A RENDRE REGULIEREMENT AU PEUPLE, TOUJOURS COURTISE, LE TEMPS DE LA CAMPAGNE ELECTORALE, PUIS SYSTEMATIQUEMENT ABANDONNE A SON TRISTE SORT, UNE FOIS LES ELECTIONS TERMINEES!!!

AUX FUTUR(E)S CANDIDAT(E)S AUX ELECTIONS DE 2010 :

Par respect de vous-même, par respect du mandat que vous ambitionnez d'exercer au nom du peuple, et surtout par respect de ce dernier, de grâce,présentez-vous, avec UN PROGRAMME CLAIR REDIGE EN KIRUNDI. Nous revendiquons, désormais, le droit de nous protéger des politicards véreux ou aventureux dont le seul but a toujours été de nous maintenir dans la misère, l'obscurantisme ou l'ignorance tout en s'enrichissant sur notre dos. Cette période est révolue !

L'IMPUNITE N'A QUE TROP DURE !

Messieurs Arthémon SIMBANANIYE, Gabriel MPOZAGARA, Emile MWOROHA, Pierre BUYOYA, Jean BIKOMAGU, François NGEZE, Charles NTAKIJE, Charles MUKASI, Libère BARARUNYERETSE,Jean-Baptiste BAGAZA, Alphonse-Marie KADEGE, Isaïe NIBIZI, MUSHWABURE, SIMBANDUKU, et d'autres acteurs politiques ou militaires, au passé peu reluisant, s'honoreraient en devançant la Justice pour faire amende honorable en prouvant, à la face du monde, qu'ils n'ont rien à se reprocher. Ce courage de leur part aurait l'avantage de faciliter le travail de la juridiction pénale et cimenterait durablement la réconciliation des Barundi. En effet, sans vouloir leur dénier le droit à la présomption d'innocence, un faisceau de présomptions accablent les personnalités nommées ci-dessus dont la liste est, bien entendu, très loin d'être exhaustive. Tant que TOUS LES CRIMINELS PRESUMES ne seront pas traduits en justice, chacun individuellement, par une instance judiciaire burundaise compétente et indépendante, dans le strict respect du droit, nous ne connaîtrons jamais ni paix ni développement économique!

A CHACUN SON METIER, MESDAMES ET MESSIEURS LES POLITIQUES!

Votre mandat implique, de votre part, entre autres obligations, l'engagement d éradiquer l'impunité et le serment de rendre régulièrement des comptes à vos électrices et électeurs sur l'état d'avancement de votre mise en application du programme présenté au cours de la campagne électorale.

Nous vous tiendrons à l'oeil ! Après tout, la démocratie se définit, par le contrôle du pouvoir par le peuple dont il émane. Le peuple attend des élus de 2010 qu'ils demandent à tous leurs prédécesseurs encore en vie ou aux ayant-droit de ces derniers qu'ils justifient l'origine de leurs biens, après avoir prêché eux-mêmes d'exemple. Nous voulons voir, enfin, nos droits élémentaires reconnus, à savoir: manger à notre faim, vivre décemment, nous faire soigner, nous instruire, nous développer, vivre en paix, profiter des richesses de notre pays de façon égalitaire, dans la solidarité nationale retrouvée.

Nous exigeons, d'ores et déjà, votre engagement à respecter LA SEPARATION DES POUVOIRS, seule garantie que l'impunité sera éradiquée pour toujours.

Tant d'assassinats crapuleux ou politiques à caractère ethnique ou non, tant de crimes économiques ou sociaux, tant de violations massives des droits de l'Homme ont été commis, tolérés ou encouragés sous les régimes de l'UPRONA, du FRODEBU (sauf du vivant du Président NDADAYE) et du CNDD-FDD.

Pour cette raison, ces 3 partis politiques mériteraient d'être renvoyés dans l'opposition pour y purger leur complicité coupable et se refaire une santé! Tellement ils ont montré leurs limites avec, notamment, le PARLEMENT ACTUEL GLOBALEMENT INCOMPETENT(le mot est faible), plus soucieux de s'en mettre plein les poches que de veiller au bien-être de leurs électrices et électeurs. Une honte !

Notre démocratie a besoin de sang neuf, d'une nouvelle génération de politiciens dynamiques, compétents, intègres, à l'écoute des citoyens et qui aiment leur pays autant que leur vocation, à l'instar de RWAGASORE, de NDADAYE et d'autres « Bagabo » que les historiens nous révéleront. Nous avons également besoin d'une opposition crédible car responsable, dont le rôle est essentiel à la bonne santé de toute démocratie qui se respecte.

La diaspora (longtemps mise au rancart par les différents régimes précédents, tous frileux) peut contribuer efficacement à sortir notre pays du gouffre. Elle a, bien souvent, un précieux savoir-faire acquis dans des milieux de compétition économique ou intellectuelle, des compétences diversifiées et des moyens financiers non négligeables. Elle ne rêve que de regagner la mère-patrie pour prêter main forte aux autres filles et fils de la nation qui sont décidés à remettre l'économie du pays sur les rails. La nouvelle génération politique burundaise devra compter avec la diaspora dont elle aura intérêt à prendre des mesures incitatives en faveur du retour au bercail national.

Il est grand temps de nous affranchir de ces quelques "tristes singularités" susmentionnées pour rejoindre le club des états démocratiques où les droits de l'Homme ont droit de cité, où il fait bon vivre aussi bien pour les nationaux que pour nos hôtes, les étrangers. Puisons l'énergie dans nos traditions ancestrales et adaptons-les à l'époque actuelle tout en gardant jalousement notre précieuse identité culturelle qui fait notre fierté. Redevenons une nation qui force le respect!

Rassemblons-nous pour édifier un BURUNDI NOUVEAU dont nous soyons tous fiers, dont Louis RWAGASORE, Pierre NGENDANDUMWE, Amédée KABUGUBUGU, Melchior NDADAYE, Gilles BIMAZUBUTE, Cyprien NTARYAMIRA, Stanislas MASHINI, Ernest MANIRUMVA et toute victime connue ou inconnue tombée sous la folie meurtrière de ses compatriotes...soient fiers de nous aussi, là où ils reposent en paix.

CONCLUSION :

Mesdames et Messieurs les politiques, à vous de jouer maintenant: nous vous attendons de pied ferme en 2010. D'ici là, nous vous observons de très près...et vous souhaitons de plancher intelligemment sur de bons projets de société à nous mettre sous la dent, en KIRUNDI, bien sûr !!!


Que la véritable opposition actuelle mesure les enjeux et les défis qui se profilent à l'horizon de 2010. Qu'elle s'organise au mieux, qu'elle s'attelle à la préparation
d' une alternance crédible, salutaire et bénéfique à toutes les Burundaises et à tous les Burundais sans exclusive pour, enfin, retrouver notre unité (différente de celle de façade « à la BUYOYA » , trop longtemps mise à mal depuis que le ver de l'impunité est entré dans le fruit du pouvoir burundais.


Mesdames et Messieurs les opposants actuels, vous n'avez pas droit à l'erreur. Vous pouvez compter sur la grande majorité de vos compatriotes qui aspirent à la VRAIE DEMOCRATIE. Votre victoire sera la nôtre.

Il me reste à souhaiter à toutes les électrices et à tous les électeurs du site "Burundi news" une bonne année électorale et une victoire nette du peuple sous la houlette de vrais PATRIOTES ET DEMOCRATES dont la mission, me semble-t-il, sera de corriger les "tristes singularités" dont la plupart de nos gouvernants nous ont accablés pendant des décennies, hélas! Il est temps de mettre le COURAGE POLITIQUE à l'honneur et ainsi marquer un tournant historique en affichant une vraie vision politique qui a tant manqué jusqu'aujourd'hui.


Je fais personnellement confiance aux responsables de ce site ( dont la qualité et l'impartialité des informations publiées régulièrement n'est plus à démontrer, ce qui est tout à leur honneur ) pour nous faire vivre une campagne électorale qui s'annonce exceptionnelle et très animée, compte tenu des enjeux.

Merci d'avance à quiconque m'honorera de ses observations. Toute critique constructive est toujours enrichissante.