LES TROUPES AFRICAINES BIENTOT AU BURUNDI

 Burundi news, le 20/12/2015

Par Gratien Rukindikiza

La crise burundaise ne laisse pas indifférents les africains. Au lieu de laisser les européens et américains s'occuper des questions africaines, ils ont pris au sérieux les menaces qui pèsent sur le peuple burundais. Sauver le peuple burundais du tyran Nkurunziza et de sa milice Imbonerakure et police est une priorité absolue. Les Burundais se demandaient si la communauté internationale allait les laisser à leur sort. Une décision a été prise. Il y aura des troupes étrangères au Burundi.

Une décision rapide d'envoi de 5 000 militaires et policiers

La décision est tombée le 17 décembre 2015. Le conseil de paix et sécurité de l'Union africaine a a adopté une résolution d'envoi de 5 000 personnes au Burundi en l'absence du ministre des affaires étrangères burundais. En effet, il devait présider la séance mais les autres membres lui ont demandé de sortir pour statuer.

Les 5 000 militaires sont des Ethiopiens, Kenyans et Ougandais. Les forces sont déjà pré positionnées. Il reste la logistique et aussi l'expiration des 96 heures données au Burundi. Les forces envoyées par l'Union africaine diffèrent de celles envoyées par l'ONU. Elles auront une mission de combat en cas de besoin comme en Somalie. C'est une force de protection de la population et de désarmement des milices, surtout la milice imbonerakure.

La décision d'envoi de ces troupes ne requiert pas une autre décision pour qu'elle soit effective. Le conseil de sécurité des Nations unies a été sollicité pour donner son accord facultatif. Il a donné son aval. Cela signifie que la Russie et la Chine ont lâché Nkurunziza car ils ont accepté ce qu'ils refusaient depuis, l'envoi des troupes au Burundi. Quant à la France, elle est sur une position très tranchée par rapport à Nkurunziza. Elle était sur l'option de l'envoi de cette force à condition qu'il n'y ait ni Tanzaniens ni Rwandais.

La Tanzanie se marginalise et avale son chapeau

Nkurunziza comptait sur son voisin tanzanien pour refuser l'envoi de ces troupes. Le Président Kikwete parti, les Burundais ont cru que le nouveau Président Magufuli, excellent en mesures de lutte contre la corruption, allait changer de position et rompre les liens avec Nkurunziza. Plusieurs émissaires de Nkurunziza ont été le voir. Le Chama ca mapinduzi est tout sauf la signification de son nom. C'est plutôt un parti des conservateurs. Le changement, les Burundais l'attendent au moins sur les liens avec Nkurunziza.

Le ministre tanzanien  des affaires étrangères  a affirmé que son pays s'oppose à l'envoi des troupes au Burundi. Le pauvre, il n'a pas compris que la Tanzanie de Nyerere est dans le passé. Voilà un pays qui peut refuser ce que les cinq puissances mondiales ont accepté. La Tanzanie a reçu une salve de tir téléphonique pour changer de position. Pan, le gouvernement tanzanien publie un communiqué pour dire que la Tanzanie n'a jamais dit qu'elle s'oppose à l'envoi des troupes au Burundi. A cette heure, la Tanzanie approuve l'envoi des troupes au Burundi.

Tout d'abord, la Tanzanie avait piqué une crise de jalousie car dans l'East Africa, c'est le seul pays, à part le Rwanda accusé de soutenir les opposants, qui n'envoie pas de troupes. En plus, le grand pays l'Ethiopie qui lui dispute le leadership de l'Afrique de l'Est sera le grand pourvoyeur des troupes. Les troupes éthiopiennes à la frontière tanzanienne ne sont pas bien acceptées. Mais la Tanzanie a encore besoin des fonds des Européens et américains pour son budget. Silence dans les rangs!

Un refus oui de Nkurunziza

A l'image de la Tanzanie, le Burundi reniera sa parole deux fois. Le porte -parole de Nkurunziza s'oppose à l'envoi des troupes au Burundi. Cependant, il tient à préciser qu'il le dit à titre personnel. C'est la première fois qu'on entend un porte-parole s'exprimer officiellement à titre personnel. Il s'agit d'un message de test pour voir si certains pays peuvent manifester leur soutien. A peine, il aura le soutien du Président soudanais recherché par la CPI. Une visite de Bechir s'impose pour apprendre comment plier les draps dans les chambres de la CPI.

Si Nkurunziza refuse officiellement demain lundi le 21 décembre 2015 l'envoi de cette force MAPROBU, il faudra reconnaître qu'il est malade. En cas de refus, l'Union africaine sollicitera un soutien de la force onusienne Monusco pour entrer au Burundi en force. En ce cas, Nkurunziza aura désigné l'Union africaine son ennemi. Il s'exposerait à ce qu'il soit chassé du pouvoir et des négociations. Il signera la fin de l'aventure du CNDD-FDD. Ainsi la fin du MRND, le parti de Habyalimana. C'est un scénario catastrophique pour le parti CNDD-FDD mais probablement aussi dangereux pour le peuple burundais dans un premier temps.

En cas de refus, peu de militaires oseraient le défendre. Même ses proches le lâcheraient pour éviter une fin tragique.

Burundinews table sur un oui de Nkurunziza. Le refus de l'envoi des troupes est inenvisageable pour un homme sensé.

Quand les troupes africaines seront envoyées au Burundi, ça ne sera pas la fin du combat. Le peuple burundais devra changer de tactique. Ceux qui ont pris les armes devront les mettre de côté, y compris celui qui tente tout pour prendre le pouvoir sans avoir ni les moyens,  ni la bonne tactique, avant les négociations.

Vers la fin de l'AMISOM pour les militaires burundais

Nkurunziza a commencé par faire un chantage qu'il a vite retiré. Si l'Union Africaine persiste à vouloir envoyer des militaires Burundi, le Burundi retirera ses troupes de l'AMISOM. Un chantage bien entendu. L'Union africaine avec le soutien de l'Union européenne préparerait un remplacement des militaires burundais. L'Ethiopie est prête à augmenter ses troupes. Il y a lieu de remarquer que les pays qui vont envoyer des troupes au Burundi sont les mêmes qui ont des troupes en Somalie en mission AMISOM.

Si les Burundais rentrent de l'AMISOM, Nkurunziza n'aura pas la vie facile. Il paye les Imbonerakure avec l'argent de l'AMISOM. Il utilise l'argent des militaires dans la répression de son peuple. En plus, l'armée burundaise ne dispose plus de logement de tous ses militaires. Le déficit est celui des militaires en mission AMISOM; soit 5 400. Nkurunziza aura du mal à payer les arriérées qu'il a déjà détournées car il paye les retards avec l'argent des militaires en Somalie. Verra-t-on alors des manifestants militaires à la place des civils?

Les négociations au 28 décembre 2015

Sous la pression de la communauté internationale, le médiateur ougandais Museveni va s'y mettre. Les négociations commenceront à Kampala et après à Arusha en Tanzanie. La pression est grande. Nkurunziza ne pourra pas y échapper. De l'avis des experts, les accords d'Arusha ne sont pas négociables et devront être respectés. A comprendre que Nkurunziza devra quitter le pouvoir. C'est l'unanimité au niveau de la communauté internationale et des Burundais.

Aux négociateurs aussi de savoir que Nkurunziza ne pourra pas obtenir une immunité après tant de cadavres. Le politicien de l'opposition qui l'acceptera signera sa fin politique. Il y a des choses non négociables. Il faudra aussi discuter des questions de sécurité. Un parti politique ne doit garder des liens avec la police et l'armée. Il faudra refondre la police et aussi l'armée pour que ceux qui ont manifesté les sympathies avec le CNDD-FDD soient remerciés afin de remettre à plat les corps de sécurité. Le Burundi a besoin des professionnels et non des militants des partis politiques.

Le CNDD-FDD devra indemniser tous ceux qui ont été torturés dans ses permanences et aussi indemniser les familles pour leurs membres assassinés dans ses permanences.

A demain, l'arrivée des troupes étrangères que nous saluons et la fin de la tyrannie de Nkurunziza.