QUE SE PASSE –T-IL  A  L’UPRONA ?
 

Burundi news, le 03 juillet 2007

Par Ndihokubwayo Marc

 

                                  C’est la question que d’aucuns se posent à travers les opinions aussi bien à Bujumbura qu’en provinces, et même à l’extérieur du pays. Pour les analystes et observateurs de l’évolution récente de la politique burundaise, ce parti est en panne. L’Uprona  dont une certaine opinion avait programmé la disparition aux lendemains de la Transition a surpris par ces résultats électoraux. Nombre d’acteurs et observateurs politiques pensaient que ce parti allait jouer un rôle important au niveau de l’opposition parce qu’il était crédité de nombreux atouts notamment la connaissance du terrain politique et celle des dossiers. Incontestablement ce parti  dispose de cadres qui ont une capacité d’élaborer des propositions.
                                 Le constat est qu’aujourd’hui ce parti est quasiment absent du débat politique. Dans le passé, il dérangeait par ses prises de positions rapides et ses initiatives sur les questions au tapis de l’espace politique .Nous avons essayé de comprendre ce qui se passe à l’Uprona en interrogeant et les acteurs au sein de ce parti et les observateurs de l’évolution politique du Burundi
 
                                   La Première vice- présidence, un piège mortel.
 
Les Upronistes peu habitués aux épreuves de l’opposition voyaient dans la future vice-présidence qui revenait à leur parti de part la Constitution une fonction de collaboration avec le pouvoir issu des élections. Ils croyaient à un système de gouvernement ou la concertation et le dialogue seraient privilégiés comme cela transparaît à travers l’esprit et la lettre de la Constitution. Ils ont vite déchantés. Le processus de désignation du premier vice-président n’aurait pas emprunté la voie de dialogue parce que dès le départ ,le pouvoir issu des élections montrait déjà son option de prendre pour quantité négligeable et de réduire toute influence concurrente des autres forces  politiques .

Malgré qu’ un semblant de consultation a eu lieu,une opinion affirme que Martin Nduwimana a été désigné via les connexions du commerçant Njiyobiri Sioni bien connu pour ses relations avec Ndayizeye puis avec Radjabu .La même opinion soutient que la nomination des ministres présentées comme Uprona et Parena dans le premier gouvernement,toutes des femmes tutsi de Bururi,relèverait des arrangements de la connexion Nduwimana –Sioni via une dame bien connue pour ses relations avec Sioni et qui  rapidement sera nommée « intendante »au cabinet de Nduwimana avec rang de ministre .La tutelle de Sioni sur le docteur Martin Nduwimana sera confirmée de façon éclatante avec la nomination au cabinet du Premier V- Président d’une parenté de Sioni membre du parti Cndd-fdd au poste stratégique de conseiller principal chargé des questions juridiques et administratives ,donc avec comme mission notamment de lire et analyser  les projets et textes de lois au médecin Nduwimana. Plus étonnant encore, le juriste dont les compétences et l’expérience étaient contestées provenait directement des services de la permanence du Cnn-fdd .Et pourtant il remplaçait un avocat de profession membre de la direction nationale de l’Uprona,le parti au nom duquel Nduwimana a été désigné 1er Président de la République.

                 Selon des sources concordantes émanant des milieux Cndd-fdd, l’«intendante » du docteur Martin vient de se faire élire comme membre du comité qui dirige le parti Cndd-fdd dans la mairie de Bujumbura lors de son récent congrès.          
                          
                         Crise interne, humiliations et déceptions.
 
 Incontestablement, la déception est grande chez tous ceux qui avaient cru que le poste de Premier V-Président occupé par un des leurs allait être d’une certaine utilité .Pour nombre d’upronistes et de personnes proches de ce parti,la présence de Nduwimana aux sommets de l’Exécutif risque d’être mortel pour l’Uprona. Ils citent pour soutenir leur affirmation les faits qui montrent que le pouvoir l’a instrumentalisé pour humilier et ridiculiser son parti sans oublier que pour se maintenir dans la fonction, il a utilisé son cabinet et ses ressources pour phagocyter la direction du parti qui aujourd’hui semble en panne d’initiatives et d’idées .Ils sont nombreux à s’ interroger pour savoir par ou a disparu l’Uprona ;à Bujumbura comme dans le Burundi profond.

 

                    Depuis la question très controversée de la libération des prisonniers politiques,en passant par la liquidation des militants de l’Uprona de leurs fonctions techniques au mépris de la loi qui les protégeait , les scandales sans précédents de corruption et de malversations qui choquent par leur importance et leur répétition, les violations de la Constitution ,des lois et des droits de l’homme, le docteur Martin n’entend, ni ne voit. Le comble de l’inacceptable s’est produit avec la fameuse affaire du putsch lorsque tout en sachant très bien qu’il s’agissait d’un montage il va garder un silence approbateur allant jusqu’à s’exécuter promptement lorsque le système Radjabu lui intima l’ordre de tenir une réunion des émissaires qui étaient envoyés auprès des chefs d’Etat de la Région pour convaincre que le coup d’état était une réalité.

Etonnant, Kadege est une parenté de monsieur Nduwimana et c’est Kadege qui en a imposé au parti pour que Nduwimana soit placé en tête de la liste électorale de Bururi alors que tout nouveau venu il n’avait pas encore fait ses preuves.

                     Pour nombre d’observateurs,l’Uprona est traversé par une crise qui couve depuis les moments qui ont suivi la désignation de Nduwimana  dans ces fonctions actuelles. La crise a connu son paroxysme lorsqu’au sommet de l’affaire du putsch certains membres de la direction ont proposé de retirer le parti du gouvernement. Le groupe de la direction favorable au docteur Martin ira jusqu’empêcher au président du parti de soumettre la proposition au vote des membres du comité central parce qu’ il avait peur de l’issue du vote. Très paradoxalement, au moment où le Cndd-fdd était occupé à préparer le changement pour se débarrasser du système honteux de Radjabu , Monsieur Nduwimana désorganisait son parti pour continuer à soutenir le système qui faisait honte à ses maîtres.

 

                    La crise à l’Uprona continue. Et ce n’est pas demain qu’elle va prendre fin parce que depuis qu’il a découvert les vertus de la prière évangélique grâce à la persuasion du Chef de l’Etat, les relations avec celui-ci sont au beau fixe et le parti du Président apprécie hautement le carnet des services déjà rendus.
                     Et lorsque le parti bouge et que les mécanismes de maîtrise risque d’être mis en difficultés, Monsieur Martin fera appel, comme il l’a toujours fait, au Cndd-fdd pour que la police vienne au secours. Pour nombre d’observateurs Monsieur Nduwimana devrait reconsidérer sa position en se rappelant que sa fonction, il la doit aux électeurs qui ont fait confiance à son parti .