L’UPRONA DIVORCE AVEC LE VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

 Burundi news le 17 juillet 2007

Par Gratien Rukindikiza

La politique burundaise est plus compliquée que les hautes mathématiques. Je défie quiconque me dira qu’il sait ce qui va se passer les mois à venir. Jamais la politique burundaise n’a été incertaine, hésitante et maladroite. Le pouvoir est devenu le champion de l’incertitude, de l’absence et de l’ignorance de la réalité de l’attente du peuple. Les intérêts égoïstes des dirigeants ont pris le dessus. Les phrases de bonnes intentions manquent déjà de substances. Les partis sont trahis au profit des intérêts matériels et financiers.

L’Uprona vient de se rendre compte que le 1 er Vice-Président de la République n’est plus le leur. J’avais déjà signalé qu’il était presque parti au CNDD-FDD. Il a fait la cour à Radjabu quand il était encore l’homme fort du pays. Il a changé de camp depuis pour se rapprocher du Président de la République. Pour ce faire, il a commencé à prier. Ces prières rappellent une certaine époque où le dirigeant priait beaucoup face au carnage qu’il venait de faire subir au pays.

Martin Nduwimana aime le pouvoir. Il aime le pouvoir à tel point qu’on se demande s’il existe pour ce poste ou ce poste existe pour lui. En pleine réunion de conseil de sécurité ayant comme thème la fameuse fausse tentative de putsch, le Vice-Président a demandé la parole. Les autres croyaient qu’il voulait contester la thèse de putsch pour défendre Kadege avec lequel il a des liens de parenté.  A la grande surprise, je le cite : « Excellence Monsieur le Président, j’apprécie beaucoup mon poste, mon travail. Je souhaite continuer à occuper ce poste car le travail me plaît ». Une question ou une courbette ? Les quelques dirigeants participant à cette réunion ont failli s’évanouir.  

A l’heure du changement de gouvernement, le Vice-Président a eu une conversation avec le Président de la République. Il a soumis ses inquiétudes de se faire désavouer par le parti Uprona. Le Président l’a rassuré en lui disant que si l’Uprona le suspendait du parti, il resterait le Vice-Président. Au fond, Martin Nduwimana voulait savoir s’il était désavoué par l’Uprona, que son poste était menacé.

Avec ces assurances, il s’est alors permis de proposer au Président des candidats ministres du parti Uprona sans s’en référer aux instances dirigeantes de l’Uprona. Le Dr Yves Sahinguva a été nommé ministre de la santé sans qu’il soit consulté. En conséquence, il a refusé d’occuper le poste.

Le Vice-Président est désavoué par les siens. Il ne lui reste que le Président et Dieu pour se maintenir à son poste. L’Uprona rentre dans l’opposition. Le Vice-Président ne pourra plus se prétendre uproniste et occuper un poste de l’Uprona. A force d’être obnubilé par son poste, Martin Nduwimana risque de le perdre et de se décrédibiliser politiquement.  

L’Uprona, le Frodebu, le CNDD de Nyangoma et le groupe Radjabu dans l’opposition, le pouvoir devient très fragile. En refusant de négocier, le CNDD-FDD ou ce qui reste du CNDD-FDD, risque de s’enfermer dans une logique de force sans lendemain. L’histoire retiendra que le responsable de ce blocage est un certain Jérémie Ngendakumana, un Radjabu bis.